Tomber en amour. C’est comme cela
que l’on dit lorsque l’on tombe amoureux dans la Belle Province. Et c’est pour
un cinéma que j’ai eu un coup de foudre, un coup de soleil, un coup d’amour, un
coup de « je t’aime »… Ce cinéma, c’est celui de Sébastien Pilote. Je
peux, à ce jour, dire que j’ai vu tous les longs métrages de ce talentueux
cinéaste québécois né à Chicoutimi. J’avais envie de placer Chicoutimi, ne m’en
voulez pas, mais ce nom m’a toujours été sympathique et j’aime sa sonorité.
Parenthèse fermée.
Le cinéma de Sébastien Pilote est
un des plus tendres qu’il m’ait été donné de voir. Tendre, mais dur et réaliste
aussi. Il dose savamment traits d’humour verbaux et moments de grâce. Pilote
dresse, avec génie et délicatesse, des portraits de monsieur-tout-le-monde.
Dans Le Vendeur, c’est
un pan de l’histoire de Marcel Lévesque, interprété avec justesse et sensibilité
par Gilbert Sicotte qui est dépeint. Marcel est depuis toujours le meilleur
vendeur de voitures de l’entreprise qui l’emploie. Il devrait être à la
retraite depuis longtemps, mais le décès de sa femme, et la solitude qui en
découle, le poussent encore et toujours à rester en activité. Sa fille
souhaiterait qu’il prenne du temps pour lui. Mais Marcel n’est pas de cet avis.
Sa vie, c’est son métier, sa fille et son petit-fils.
Le Vendeur |
Dans Le Démantèlement,
Sébastien Pilote se penche sur le destin d’un éleveur de moutons qui tient à
flots, à bout de bras et sans compter ses heures de travail, le domaine agricole
familial qui lui est revenu, suite au décès de son père et à l’absence d’implication
de ses frères. Gaby, magistral et émouvant Gabriel Arcand, devra un jour se
poser la question du démantèlement ou non de son domaine. Bien que jusqu'ici il était d'avis qu'un tel domaine se transmettait et non se vendait. La vie le met face à ce choix douloureux.
Dans ses deux films, le cinéaste
québécois met en avant les relations familiales fortes entre un père et sa ou
ses filles, avec une tendresse et un réalisme qu’il m’est difficile de décrire
ici avec des mots. Ce que je peux vous dire, c’est qu’une fois plongé dans l’un
de ces deux films, vous n’avez qu’une seule envie, celle de découvrir encore
plus l’univers de Sébastien Pilote. Pour le moment, nous n’avons que deux films
à nous mettre sous les mirettes, mais quels films !
Le Démantèlement |
Les paysages sont sublimement
filmés, rappelant les grands espaces filmés par Robert Redford dans Et au milieu coule une
rivière ou L’homme qui murmurait à l’oreille
des chevaux. Un cinéaste proche de sa terre, de ses racines. Urbaines ou plus rurales. Pas étonnant que Le Vendeur ait été sélectionné en compétition à Sundance,
festival présidé par Redford. Les relations humaines quant à elles, sont décrites
avec tellement de sincérité, malgré leur complexité, que vous êtes
régulièrement saisis à des moments où vous ne vous y attendez pas. Parce que
oui, le cinéma de Sébastien Pilote est honnête et sincère. Il ne joue pas avec
nos sentiments, ne cherche pas, consciemment du moins, à nous tirer les larmes.
Mais le fait est que nous sommes régulièrement émus, parce que les situations
nous parlent au plus profond de nous et que nous avons chacun, un élément de
notre biographie qui nous saute à la gorge et au cœur à un moment ou un autre. Le
cinéma québécois rayonne depuis une bonne vingtaine d’années avec notamment
Denys Arcand – qui a oublié Le déclin de l’Empire américain, Jésus de Montréal ou Les Invasions barbares ?
- ou plus récemment Xavier Dolan, avec les sensibles (mais néanmoins durs) Les Amours imaginaires ou Laurence Anyways. Il faut désormais ajouter à cette
liste Sébastien Pilote.
Un de mes grands bonheurs, c’est
que mon grand coup de cœur de cette année, hormis les deux films de Pilote présentés
hors compétition, Han Gong-Ju,
dont je vous ai dit beaucoup de bien, vous incitant même à aller le voir, a
remporté le Regard d’Or cette année. Et c’est largement mérité, tant la
réalisation est exceptionnelle. Un film que vous pourrez revoir demain dimanche
au REX à Fribourg. Je vous invite vraiment à vous déplacer si vous n’avez pas
encore vu ce film. Vous ne le regretterez pas.
Han Gong-Ju |
Le reste du palmarès est à
consulter ici.
Et les horaires de projection pour le Regard d’Or et le Prix du Public, ici. 37'000 personnes ont fréquenté le FIFF cette année, explosant une nouvelle fois le record. Gageons que l'an prochain nous serons 40'000!
Après cette déclaration d’amour,
et 41 films plus tard, c’est avec nostalgie que cette 28ème édition
du Festival International de Films de Fribourg se termine pour moi. Que de
joies, que de petits en grands bonheurs. Que d’émotions. Que de révoltes. Que de
rencontres. Les exprimer toutes ici serait indécent. Permettez-moi donc d’en
garder quelques-unes, plus intimes, pour moi.
Je vous donne rendez-vous pour le
FIFF 2015 du 21 au 28 mars 2015, mais d’ici-là, continuez à me lire ! Le
cinéma, sur Cinécution, c’est toute l’année ! Avec passion et sincérité.
ST / 5 avril 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire