Toutes les personnes qui ont fréquenté la dernière édition du
Festival international de films de Fribourg (FIFF) se souviennent
de ce sublime film québécois. J’en ai croisé certaines ces dernières
semaines et c’est un des films qui les a profondément marquées.
Comme déjà
évoqué à l’époque du FIFF, je suis tombée en amour. C’est comme cela que l’on
dit lorsque l’on tombe amoureux dans la Belle Province. Et c’est pour un cinéma
que j’ai eu un coup de foudre, un coup de soleil, un coup d’amour, un coup de
« je t’aime »… Ce cinéma, c’est celui de Sébastien Pilote ce
talentueux cinéaste québécois né à Chicoutimi.
Le cinéma de Sébastien Pilote est un des plus
tendres qu’il m’ait été donné de voir. Tendre, mais dur et réaliste aussi. Il
dose savamment traits d’humour et moments de grâce. Pilote dresse, avec délicatesse, des portraits de monsieur-tout-le-monde. C’est le cas dans Le Vendeur, son
précédent long métrage, et c’est également le cas dans le film qui nous occupe aujourd’hui :
Le Démantèlement.
Sébastien Pilote se penche sur le destin d’un
éleveur de moutons qui tient à flots, à bout de bras et sans compter ses heures
de travail, le domaine agricole familial légué par son père. Les difficultés économiques poussent bon nombre de ses collègues à vendre leurs biens. Gaby, magistral et
émouvant Gabriel Arcand, résiste. Mais il devra un jour lui aussi se poser la question du démantèlement de sa ferme. Bien que jusqu'ici il était d'avis qu'un tel bien se
transmettait et non se vendait. La vie le met face à cette décision douloureuse.
Le cinéaste québécois met en avant les relations
familiales fortes entre un père et ses filles, avec une tendresse qu’il m’est difficile de décrire ici avec des mots. Décrites avec tellement de tendresse, ces relations sont belles et complexes.Vous êtes
régulièrement émus, qui plus est à des moments où vous ne vous y attendez pas.
Parce que oui, le cinéma de Sébastien Pilote est honnête et sincère. Il ne joue
pas avec nos sentiments. Il ne cherche pas, consciemment du moins, à nous tirer
les larmes des yeux. Mais le fait est que les situations évoquées nous parlent. Nous avons toutes et tous, un élément de notre biographie qui
nous saute à la gorge et au cœur à un moment ou un autre.
Les paysages quant à eux sont magnifiquement
filmés. On sent un cinéaste proche de sa terre et respectueux de la nature. Ces
grands espaces dépeuplés soulignent un peu plus la solitude et l’isolement que
vit Gaby. Ses filles, qui vivent à 6 heures de route, ne prennent que rarement
le temps de venir le voir. Il ne l’exprime pas clairement, mais cela lui pèse.
Gaby ferait n’importe quoi pour les voir plus souvent. Pour pouvoir participer de
manière plus active à leurs vies, en les soutenant dans leurs projets et en les
encourageant. Son travail l’en empêche. Et c’est tout en retenue qu’il exprime
son grand amour pour ses princesses.
Le cinéma québécois rayonne depuis une bonne
vingtaine d’années avec notamment Denys Arcand – qui a oublié Le déclin de l’Empire américain, Jésus de Montréal ou
Les Invasions barbares ?
- ou plus récemment Xavier Dolan, avec les sensibles (mais néanmoins
durs) Les Amours imaginaires ,
Laurence Anyways ou encore l’inquiétant Tom à la Ferme.
Il faut désormais ajouter à cette liste Sébastien Pilote dont le cinéma
tout en subtilité et finesse n’a certainement pas fini de nous bouleverser.
A voir au REX à Fribourg. Courez, volez, téléportez-vous, mais faites en sorte d’y
aller !
Et si vous n'arrivez vraiment pas à aller le voir en salle, sachez que Blaq Out vient de l’éditer en DVD.
ST/29 mai 2014