mardi 28 avril 2015

LOIN DU BAL - Adrienne Bovet - 2015




30 ans, l’âge de la désillusion ? Alors que les copines d’enfance se marient les unes après les autres, que les faire-part pour annoncer la naissance de Julie, Sophie ou Antoine sont les seules enveloppes colorées qui remplissent nos boîtes aux lettres, où en sommes-nous ? Nous. Célibataires, fraîchement séparées, sans enfants. Mais au moins, on a un job qui nous plaît. C’est déjà ça. Que répondre aux sempiternelles questions de l’entourage : «Et les amours ? » «  Tu as des enfants ? » Doit-on y répondre sincèrement ou s’enfermer un peu plus dans les schémas que la société nous impose ? Adrienne Bovet, en se mettant en scène avec 3 autres amies, tente une ébauche de réponses. Alors que la trentenaire suisse lambda pense avoir toutes les cartes en mains, elle se rend finalement compte que d’autres les abattent à sa place. En Suisse, où le statut de femme est somme toute privilégié, est-il légitime d’exprimer son malaise et son mécontentement ?





A travers quatre regards féminins modernes, Loin du Bal, propose une réflexion sensible et intime sur les envies réelles. Celles qui s’affranchissent de l’héritage parental, des contraintes sociales. Entre rêves d’enfants et réalités d’adultes, les joies, les peines, mais aussi les regrets s’expriment en toute sincérité et en toute transparence. 

Lydia vient de se séparer de son compagnon, après une histoire de dix ans. Cela fait quelques semaines qu’elle découvre qu’elle est capable d’entreprendre des choses par elle-même. Ses envies s’affirment. Alors qu’elle pensait être contre le mariage – tel était l’opinion de son partenaire – elle constate que finalement, maintenant que la peur de le perdre n’est plus présente, elle n'est pas si contre que cela… sourire aux lèvres et regard brillant. 



Aline, sa grande sœur, est quant à elle maman de deux jeunes enfants. Son souhait ? Chausser ses nouvelles baskets qui dorment encore dans leur carton  et filer courir pour se reconnecter avec elle-même. Enfermée dans un schéma très traditionnel de mère au foyer, elle constate qu’elle a tendance à s’oublier et à perdre sa féminité. Mais par manque de temps, elle n’arrive plus à concilier sa vie de mère et sa vie de femme. 





Adrienne, la réalisatrice,  est le miroir de tout ce qui fait peur à ses amies. Elle est célibataire, vit sa vie sans concessions. Mais pour cela, elle a dû quitter le cocon et s’exiler à Berlin, là où personne ne la connaît, mais où elle rencontre la solitude et la précarité.

Stéphanie, elle s’est mariée à 18 ans et est partie s’installer au Québec. Le mariage, c’était prouver à tous que oui, elle aussi, elle est aimée. Mais c’était aussi une façon pour elle de rester unie à celui qu’elle aimait et pour qui elle a quitté la Suisse. 

Successions de confessions intimes et de plans sophistiqués impressionnistes, Loin du Bal, en plus d’être au plus près de la réalité des femmes trentenaires, ouvre des portes sur l’imaginaire et l’introspection. Une voix-off, des plus envoûtantes, se veut rassurante. 

Oui, une femme a le droit de ne pas être épanouie pendant sa grossesse, rétention d’eau et vomissements obligent. Oui, une femme a le droit de quitter son mec si la vision du mariage n’est pas commune. Oui, une femme a le droit de tendre à être plutôt qu’à devenir. Même s’il y a urgence face à l’éternité, prendre le temps de vivre. Un jour après l’autre, au plus près de ses envies. 





ST/28.04.2015

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