dimanche 25 mars 2012

FIFF 2012 - Dimanche 25 mars

Après la journée que je viens de vivre, je peux officiellement décréter le 25 mars comme étant la journée internationale de la gachette! Tout, tout, tout, je vous dirai tout sur la gachette! La petite, la grande, la rouge, la verte, la jaune, la thaï, la méricaine (pardon, je n'ai pas résisté...). Ca a tiré dans tous les sens, dans toutes les langues, et en technicolor, s'il-vous-plaît!

 

Lemonade Joe - Oldrich Lipsky

Probablement une des séances pour laquelle je me réjouissais le plus. Un film tchèque de 1964 parodiant les westerns à l'américaine et les westerns muets des années 1910-20. Selon le curateur de la section film de genre, un film "tellement rare, que certains pensaient que ce film était tout droit sorti de l'imaginaire de quelques cinéphiles en délire". Non, ce film existe réellement, et pour notre plus grand plaisir!
Stetson City, Arizona. Le Tiggerman Saloon est un repaire de buveurs de "shakers" hautement alcoolisés et à base de whisky, tenu par Dough Badman (!). Un pasteur, le pasteur Goodman (!) et sa fille Winnifred. Et Joe. Joe la limonade, cow-boy tout de blanc vêtu, blond et propre sur lui, imberbe. Il ne boit que du Kolaloka (!) et s'évanouit à la simple odeur d'alcool. Pour lui le Kolaloka, c'est la loi! Il tente de faire disparaître le whisky de Stetson City et d'y imposer le Kolaloka comme unique boisson autorisée (on saura plus tard que c'est tout bénéfice pour ses propres affaires). Il tombe amoureux de Winnifred. La guerre est déclarée entre le whisky et la limonade. S'en suivent des duels, des cascades abracadabrantesques, des courses-poursuites dans la ville en version accélérée, un croque-mort à l'affût de la moindre victime, un bandit-magicien-transformiste recherché (Hogofogo)... et surtout des chansons et des répliques pas piquées des vers! Des insultes du genre "sale araignée" ou "opossum puant" (des répliques de gros durs!) qui font dire à un des personnages :"Arrêtons-là avec la zoologie!".
Et des clins d'oeil hilarants: comme celui à la chanson "Souvenirs Souvenirs" de Johnny... ou encore Joe, tout attaché à son arbre, qui pardonne tout à Tornado Lou tel le Christ en croix!
Ce film est un régal. Les chansons sont entêtantes et vous ne manquerez pas de les siffloter (ce que je fais depuis que j'ai découvert ce film sur YouTube un dimanche de recherche intense). La salle a ri pendant toute la durée du film et c'était un joli cadeau du FIFF que de commander spécialement pour le festival, les sous-titres en français et d'avoir su dénicher la seule copie qu'il existe de ce film! Bravo et merci c'te équipe!


 

Soldier Blue - Ralph Nelson


C'est à ce moment-là de la journée que j'ai risqué l'hydrocution ou un quelconque néologisme du genre "cinécution" que l'on pourrait utiliser lorsque l'on passe de Lemonade Joe à Soldier Blue!
Ce film est pervers et prend le spectateur en otage. Il le balade par le bout du nez.

Les vingt premières minutes du film relatent une attaque d'un convoi de fonds de l'armée par les Cheyennes. Un pur moment de western traditionnel. Les indiens déciment le contingent et seuls survivent un soldat, Honus et une jeune femme, Cresta. Ensuite, et c'est là la perversité de ce film, pendant plus d'une heure, on assiste à une succesion d'événements tragi-comiques. Honus est un militaire maladroit, trouillard et Cresta est une femme de caractère, qui porte la culotte (ou plutôt pas!) et jure comme un charretier. On rit, pas à gorge déployée, parce qu'il y a quand même beaucoup de cynisme, mais on rit. S'ajoute à cela une jolie romance, des promesses d'amour éternel... bref, le réalisateur nous anesthésie... pour mieux pouvoir nous achever! Le dernier quart d'heure, est insoutenable d'horreur. Il relate le massacre de tout un village de Cheyennes, principalement de femmes et d'enfants. Viols, mutilations, actes de barbarie... Ce ne sont pas tant les images que le réalisateur nous montre qui sont insoutenables, ce sont toutes celles que notre imagination développe par elle-même.
Ce film est un grand film du cinéma de genre. Il est sorti en 1970, en pleine guerre du Vietnam. On peut sans autre faire le rapprochement entre le massacre de Sand Creek commis par les Tuniques Bleues en 1864 et le massacre de Mai Lai commis au Vietnam par les troupes américaines. Bref, un film qui te plombe l'ambiance. La salle était sous le choc.

Pierre et Djemila - Gérard Blain

Après un café et un grand bol d'air frais, mais pas encore remise de Soldier Blue, c'est Pierre et Djemila de Gérard Blain que je suis allée voir. Ce film est proposé dans la section Décryptage: l'image de l'Islam en Occident.
Pierre et Djemila, c'est un peu Roméo et Juliette dans une banlieue mixte, avec la même fin tragique. Mais cela va beaucoup plus loin qu'une adaptation à l'histoire contemporaine du drame de Shakespeare. Blain nous montre l'absurdité des conflits interreligieux. Les drames que les fanatismes de tous bords peuvent engendrer. Des thèmes aussi actuels que la présence d'une mosquée au milieu d'un quartier populaire. Les préjugés qui font souvent foi lorsque l'on manque de connaissances de l'autre. Blain a été taxé de raciste à la sortie de ce film en 1987, ce qui pour moi est complétement incompréhensible.
Un film qui touche par sa simplicité, ses dialogues courts et l'interprétation vivante des personnages (les acteurs sont tous des amateurs).

The Tears of the black Tiger - Wisit Sasanatieng

Je ne connaissais pas du tout ce film et dès que j'ai vu la bande-annonce, je ne pouvais pas ne pas le voir!
Ce film thaïlandais part un peu dans tous les sens... une histoire d'amour un peu cucul la praline qui prend naissance durant l'enfance entre deux enfants issus de mileux sociaux opposés. La vie les sépare. Lui, Dum, devient le redouté Tigre Noir et elle, Rumpoey est contrainte d'épouser un haut gradé. Le haut gradé est fait prisonnier par Dum. Le capitaine lui montre la photo de sa fiancée (Rumpoey), Dum encore amoureux de Rumpoey, lui laisse la vie sauve et le laisse d'évader. Cela va engendrer la colère du terrible Fai qui "emploie" Dum. A partir de là, ça tire dans tous les sens et avec toute sorte d'armes... oui, le cow-boy moderne tâte du bazooka! Oui c'est violent, mais c'est drôle! Un peu comme Pulp Fiction de Tarantino. Et la musique est mythique! Un mélange de musique d'ambiance de restaurant thaïlandais et de la touche "démo" que l'on peut trouver sur les synthétiseurs Bontempi!
Des décors acidulés, des plans que l'on croirait tout droit sortis d'une BD ou d'un dessin-animé des années 40. Avec un petit côté roman-photo et mélodrame des golden years de Hollywood, ce film a tout pour devenir culte! Les dialogues sont drôles, à la limite du ridicule, mais totalement assumés, ce qui les rend délicieux! On se demande même si le réalisateur n'a pas filmé sous l'influence du LSD! Vous voyez la pochette de l'album "Sergeant Pepper lonely Hearts Club Band" des Beatles? Ben, The Tears of the Balck Tiger c'est ça, mais au Royaume de Siam! Je me suis éclatée!

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