J'ai réfléchi longtemps sur la façon de débuter ce billet. J'avoue ne pas avoir trouvé l'accroche idéale. Probablement parce que ce film ne se résume pas en une phrase. Le sujet est sensible, les personnages complexes, l'histoire bouleversante.
Amine Jaafari est un chirurgien israélien d'origine arabe. Il travaille dans un hôpital de Tel-Aviv et son travail vient d'être récompensé: il est le premier arabe a recevoir un tel prix d'une académie israélienne. Les événements à venir vont complètement bouleverser ses repères.
Une bombe éclate dans un restaurant. Il s'agit d'un attentat kamikaze. Amine va, tout au long de la journée, soigner, opérer, sauver des hommes, des femmes et des enfants. Le soir, de retour chez lui, le téléphone sonne. Il doit retourner à l'hôpital : il s'agit d'une urgence. Il doit identifier le corps de sa femme, soupçonnée d'être à l'origine de l'attentat.
Totalement bouleversé et révolté, Amine ne peut croire pareille accusation. Lorsque peu à peu, les éléments parlent en défaveur de son épouse, il part en Palestine pour essayer de comprendre l'insoutenable. C'est un chemin au cœur du conflit israélo-palestinien qui s'annonce. C'est également une route qui va le mener à lui-même.
Le réalisateur libanais Ziad Doueiri signe un film très émouvant qui s'attache plus à l'humain qu'à la politique, même si cette dernière est omniprésente, mais sert de "prétexte", si j'ose dire, pour aborder certains thèmes. Connaît-on aussi bien qu'on le croit la personne qui partage notre vie? Quid des non-dits? Et la famille dans tout ça? Quel est son rôle? Diverses questions qui ne trouveront pas toutes une réponse, mais qui sont néanmoins soulevées. Adaptation très réussie du roman éponyme de Yasmina Kahdra, "L'Attentat" de Doueiri se permet tout de même certaines libertés par rapport au texte original, notamment la fin qui diffère.
Et quel film intelligent! Une parfaite équité de traitement, pas de parti pris: ni dans le casting, ni dans la réalisation, nulle part. Pour moi, une véritable volonté d'apaisement. Pour ce qui est du choix des comédiens, le libanais fait fort: Ali Suliman dans le rôle principal crève une nouvelle fois l'écran. Ce génial acteur arabe israélien, qui personnellement m'avait bouleversée dans "The Last Friday" de Yahya al Abdallah - le film en lui-même m'avait laissé un petit je-ne-sais-quoi d'inachevé - est remarquable. Il possède un regard magnifiquement expressif et son jeu est tout le temps juste. Bref, il me trouble complètement... Et son épouse Sihem est sublimement incarnée par Reymonde Amsellem, comédienne juive israélienne.
Doueiri, tel un funambule aguerri, reste en équilibre tout le long de son film: quelle maîtrise! C'est en larmes et haletante que je suis arrivée à la fin du film. Un incontournable qui actuellement est interdit au Liban et dans tous les autres pays de la Ligue arabe. Il sortira en Israël cet été.
Votre Cinécution
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