Jep Gambardella est un sexagénaire au charme certain. Il fut un temps écrivain et remporta même un prix littéraire. Aujourd'hui, journaliste spécialisé dans l'art contemporain et dans les folles qui se projettent contre des murs, nues, il fête ses 65 ans, entourés de tous ses "amis". De l'ex-star de la TV au lifting raté et aux seins vulgairement mis en avant, en passant par l'auteure boostée par le Parti, sans oublier sa rédactrice en cheffe naine, tous sont là pour le fêter, lui, le roi des soirées mondaines romaines. Les gens s'aiment et se détestent cordialement, parfois les deux en même temps. Le champagne coule à flots, les substances illicites circulent comme des petits fours, les langues sont venimeuses. En gros, la représentation du néant et de la superficialité. Alors que le matin même, nous quittions un japonais, tombé raide mort après avoir réalisé un de ses rêves: voir Rome sous le soleil!
Jep, juste après avoir honoré sa conquête du soir, prend soudainement conscience de la vacuité de sa vie. C'est alors avec cynisme et lucidité, qu'il va tenter de retrouver sa "grande beauté". Mais qui ou quoi est-elle? Est-ce Rome? Est-ce son amour de jeunesse qu'il a lamentablement quitté et dont il vient d'apprendre le décès? C'est un retour en arrière pour Jep. Le présent ne l'intéresse plus, l'avenir l'ennuie par avance et le passé n'existe que dans la mélancolie et la nostalgie qui s'emparent de lui.
Il tentera, en vain, de retourner à ses racines, mais se rendra vite compte qu'elles sont toutes pourries, et qu'il en est le seul responsable.
Voir Rome et mourir... C'est cet adage qui m'est venu à l'esprit à la sortie du cinéma. Oui, ce film m'a donné envie de filer tout droit réserver un billet d'avion et un long week-end, direction la Ville Éternelle! Mais c'est là la seule émotion positive qu'il m'a procuré.
D'un ennui mortel, que même de magnifiques plans séquences ne sauvent pas, ce film est surtout la démonstration mégalomane de son réalisateur: Paolo Sorrentino.
Sorrentino, c'est l'homme qui, dès son 2ème film "Les Conséquences de l'Amour" en 2004, voit tous ses films sélectionnés en compétition à Cannes: "L'Ami de la Famille" en 2006, "Il Divo" en 2008, "This must be the Place" en 2011 et cette année, "La Grande Bellezza". Avec le grandiose "Il Divo", il décroche même le Prix du Jury.
Alors qu' "Il Divo" faisait preuve d'audace, "La Grande Bellezza" pue la naphtaline et la vieille tapisserie. Les dialogues pourraient démontrer un certain cynisme, s'ils n'avaient pas déjà été entendus cent fois. La réalisation m'a donné le mal de mer... travellings en avant, en arrière, grues... fallait avoir l'estomac bien accroché. Même certains plans qui se pensaient audacieux sont convenus (je pense à celui où Jep est filmé à l'envers). Bref, c'est faute de goût sur faute de goût, à la limite du vulgaire par moments.
Je n'ai vraiment pas aimé ce film, vous l'aurez compris. Cependant, Toni Servillo campe un Jep convaincant, et les promenades dans Rome, la nuit, avec en bonus les visites privées des châteaux de la ville invitent au voyage. Par contre, les flamants roses, la Sainte, la girafe, le cardinal accroc à Masterchef, autant de "trucs" qui tapent sur le système.
Les goûts et les couleurs comme se plaît à lancer Jep au détour d'une conversation qui tourne au vinaigre... Et je ne me lancerai même pas dans l'amalgame que font certains avec "La Dolce Vita" de Fellini, qui n'a en commun avec le Sorrentino que l'errance et Rome. Là s'arrête la comparaison. A vous de voir.
Votre Cinécution
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