dimanche 3 mars 2013

KILLER JOE - William Friedkin - 2012


Chris, petit dealer avec gros ennuis, est l'aîné d'une famille gangrenée, que plus rien de tient ensemble. Il doit une forte somme d'argent à la mafia locale. La solution à ses problèmes a un nom : Joe Cooper, flic le jour, tueur à gages la nuit. Son mandat: liquider la mère de Chris, afin que ce dernier puisse toucher l'assurance-vie et se refaire. Faute d'argent liquide, Joe réclame une caution: ce sera Dottie, la petite soeur de Chris. Mais Joe tarde à exécuter son contrat... et s'immisce un peu trop dans les histoires de cette famille.
 
William Friedkin porte un regard au vitriol sur une tranche de la population américaine qui ne fait pas vraiment envie. C'est le portrait d'une famille misérable, tant financièrement que moralement: un père totalement à l'ouest,  une belle-mère qui a le feu aux fesses, la petite dernière, qui sous des apparences d'ingénue est une allumeuse, et le fils aîné, un dealer de 3ème zone. Cette famille, totalement dynamitée, sera proprement exécutée par Joe: un être manipulateur, imposant, charismatique, séducteur.
 
Matthew McConaughey, d'ordinaire plus lisse et prompt à tomber dans les bras de Jennifer Lopez  dans des comédies romantiques de seconde zone ou à jouer les jeunes premiers péroxydés, tient là, peut-être, le rôle de sa vie. Il est effrayant en Joe. Réellement séduisant dans ses tenues de cuir noir, avec son stetson noir, ses gants noirs... mais ses yeux font mal. Très mal! Il incarne un personnage proprement ignoble avec une aisance affolante. Pour tout vous dire, il ne donne pas envie d'être croisé au coin d'une rue et vous dégoûtera à jamais des pilons de poulet...




Friedkin, au cas où on l'aurait oublié, est un réalisateur de génie. Après une traversée du désert qui dura près de 20 ans, le réalisateur de "L'Exorciste" et de "French Connection" est revenu à la vie en 2006 avec "Bug", révélant au passage le talent puissant de Michael Shannon ("Take Shelter"). Adapté d'une pièce de théâtre de Tracy Letts, c'est dans l'ultime séquence, que "Killer Joe" se révèle être une espèce de farce post-moderne: l'identité de chacun des personnages est fragmentée. Flic le jour et tueur la nuit, serveuse le jour et cougar nymphomane le soir, ingénue le jour et allumeuse la nuit, etc...



Si "Killer Joe" est un peu excessif, overdose de sexe et de violence, il n'en reste pas moins que c'est un film magistralement réalisé. Une bonne dose d'humour noir fait passer avec un peu plus de douceur, si j'ose dire, le propos dérangeant et ostensiblement indécent du film. Une grosse claque, qui vous fera bourdonner les oreilles quelques jours...





 
 

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