30 ans, l’âge de la désillusion ?
Alors que les copines d’enfance se marient les unes après les autres, que les faire-part
pour annoncer la naissance de Julie, Sophie ou Antoine sont les seules
enveloppes colorées qui remplissent nos boîtes aux lettres, où en sommes-nous ?
Nous. Célibataires, fraîchement séparées, sans enfants. Mais au moins, on a un
job qui nous plaît. C’est déjà ça. Que répondre aux sempiternelles questions de
l’entourage : «Et les amours ? » « Tu as des enfants ? »
Doit-on y répondre sincèrement ou s’enfermer un peu plus dans les schémas
que la société nous impose ? Adrienne Bovet, en se mettant en scène avec 3
autres amies, tente une ébauche de réponses. Alors que la trentenaire suisse
lambda pense avoir toutes les cartes en mains, elle se rend finalement compte
que d’autres les abattent à sa place. En Suisse, où le statut de femme est
somme toute privilégié, est-il légitime d’exprimer son malaise et son
mécontentement ?
A travers quatre regards féminins
modernes, Loin du Bal, propose une réflexion sensible et intime sur les
envies réelles. Celles qui s’affranchissent de l’héritage parental, des
contraintes sociales. Entre rêves d’enfants et réalités d’adultes, les joies,
les peines, mais aussi les regrets s’expriment en toute sincérité et en toute
transparence.
Lydia vient de se séparer de son
compagnon, après une histoire de dix ans. Cela fait quelques semaines qu’elle
découvre qu’elle est capable d’entreprendre des choses par elle-même. Ses
envies s’affirment. Alors qu’elle pensait être contre le mariage – tel était l’opinion
de son partenaire – elle constate que finalement, maintenant que la peur de le
perdre n’est plus présente, elle n'est pas si contre que cela… sourire aux
lèvres et regard brillant.
Aline, sa grande sœur, est quant
à elle maman de deux jeunes enfants. Son souhait ? Chausser ses nouvelles
baskets qui dorment encore dans leur carton et filer courir pour se reconnecter avec
elle-même. Enfermée dans un schéma très traditionnel de mère au foyer, elle
constate qu’elle a tendance à s’oublier et à perdre sa féminité. Mais par
manque de temps, elle n’arrive plus à concilier sa vie de mère et sa vie de
femme.
Adrienne, la réalisatrice, est le miroir de tout ce qui fait peur à ses
amies. Elle est célibataire, vit sa vie sans concessions. Mais pour cela, elle
a dû quitter le cocon et s’exiler à Berlin, là où personne ne la connaît, mais
où elle rencontre la solitude et la précarité.
Stéphanie, elle s’est mariée à 18
ans et est partie s’installer au Québec. Le mariage, c’était prouver à tous que
oui, elle aussi, elle est aimée. Mais c’était aussi une façon pour elle de
rester unie à celui qu’elle aimait et pour qui elle a quitté la Suisse.
Successions de confessions
intimes et de plans sophistiqués impressionnistes, Loin
du Bal, en plus d’être au plus près de la réalité des femmes
trentenaires, ouvre des portes sur l’imaginaire et l’introspection. Une
voix-off, des plus envoûtantes, se veut rassurante.
Oui, une femme a le droit de ne
pas être épanouie pendant sa grossesse, rétention d’eau et vomissements
obligent. Oui, une femme a le droit de quitter son mec si la vision du mariage
n’est pas commune. Oui, une femme a le droit de tendre à être plutôt qu’à
devenir. Même s’il y a urgence face à l’éternité, prendre le temps de vivre. Un
jour après l’autre, au plus près de ses envies.
ST/28.04.2015
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