Dernier jour du festival et déjà une certaine nostalgie à la vue du programme nettement plus allégé que les jours précédents. Certains de mes amis m'ont demandé à quoi je carburais cette semaine, quelle était la drogue que je prenais? Tout simplement la passion. L'amour démesuré pour le cinéma et une curiosité sans limites. J'ai appris beaucoup de choses cette semaine et j'ai le sentiment d'arriver à la fin de ce FIFF un peu moins bête que je ne l'ai commencé.
Des coups de coeur énormes, des moments de franche rigolade et une liste de DVD à me procurer absolument indécente!
Cette semaine a été tellement intense, que j'en ai même presque oublié de manger, résultat, 3,5 kg en moins... cela vous donne une idée de la semaine que j'ai passé...
Dernier Maquis - Rabah Ameur-Zaïmeche
Ce film de Rabah Ameur-Zaïmeche peut aisément se confondre avec un documentaire. La majorité des protagonistes ne sont pas des comédiens, mais des ouvriers, pour la plupart immigrés. Ils transportent, empilent, sprayent des centaines et des centaines de palettes rouges. Mao, le chef, musulman et un brin paternaliste, fait construire une mosquée au sein de son entreprise et nomme lui-même un imam. Les employés ne sont pas tout à fait d'accord de ne pas avoir été consultés pour le choix de l'imam. Des tensions naissent. Ce à quoi s'ajoutent des problèmes économiques qui obligent le patron à fermer son département "transports" et à sous-traiter le transport des palettes. Plusieurs employés se retrouveront donc au chômage.
Présenté dans la section Décryptage, cette fiction (il faut rappeler que c'est une fiction) de Rabah Ameur-Zaïmeche (Wesh Wesh , Bled number one), montre le plein pouvoir des patrons. L'ouverture de la mosquée au sein de l'entreprise, sous couverture de favoriser l'expression culturelle et religieuse de ses employés, cache en vérité une volonté du patron de manipuler ses employés et de pouvoir, en gros, en faire ce qu'il veut. Il essaie aussi de convertir les derniers non-musulmans de l'entreprise. L'exemple de Titi, fraîchement converti, qui tente d'apprendre comment être un bon musulman est assez touchant et pas dépourvu d'humour.
Rabah Ameur-Zaïmeche nous montre également les dérives d'un prosélytisime à outrance, pour de fausses bonnes raisons (ici en l'occurence, le profit). L'éternelle lutte des classes, les déviances d'un fanatisme a priori anodin et bienveillant dans un décor tout de rouge qui n'est pas sans rappeler le sang versé au nom d'une religion, quelle qu'elle soit. Un chef d'oeuvre.
Séance de clôture - Miss Bala - Gerardo Naranjo
Disons le clairement, Miss Bala, c'est une grande claque! Un film dont on ne ressort pas indemne. En tous cas, j'ai mis longtemps, presque 2 heures, pour ressortir de ce film. Je me suis isolée parce que j'étais encore sous le choc et je n'avais envie de parler à personne.
Laura, une jeune mexicaine de 23 ans, s'inscrit avec une de ses copines à un concours de beauté : Miss Bala. Un soir, elles sont témoins d'un règlement de comptes dans une discothèque. L'amie de Laura disparaît. Laura se rend à la police le lendemain pour signaler la disparition de son amie. Elle est livrée par des policiers corrompus à la bande de narcotrafiquants responsable de la fusillade de la veille. Elle tente tant bien que mal de sauver sa vie.
Un thriller mexicain avec une tension incroyable. Par moment, la tension est telle que l'on arrive à peine à respirer. On éprouve beaucoup de colère face à la corruption et à la facilité avec laquelle le crime organisé règne en maître dans ce pays qu'est le Mexique. Ce film, c'est un choc. L'actrice qui tient le rôle de Laura, Stephanie Sigman, est impressionnante et bouleversante.