Ce film, profondément bouleversant, va m'obliger à vous faire découvrir un côté de ma personnalité que je n'aime pas trop mettre en avant, tant il est inscrit dans mon quotidien... mais soit, quand il le faut, il le faut. Je suis d'une génération, les 30-45 ans on va dire, qui est née et qui a grandi avec la découverte du trou dans la couche d'ozone. Dès l'enfance, on nous a inculqué plusieurs principes: faire attention au dégagement de CFC (bannir les bombes aérosols), privilégier les transports en commun, manger selon les saisons et des produits locaux, à trier méticuleusement nos déchets. Bref, une génération qui a grandi en pensant à la Nature et ce qu'elle sera susceptible de laisser à ses enfants. J'ai grandi en campagne et le village de mon enfance, aujourd'hui, est méconnaissable. On compte sur les doigts d'une main les agriculteurs qui ont survécu et on peut "admirer" des locatifs sur des espaces qui, lorsque j'étais enfant, étaient des champs, nos terrains de jeux favoris. J'étais tellement fière de ramener des bouquets de fleurs des champs à ma maman en rentrant de l'école. Ce temps est révolu. Une grande zone industrielle a vu le jour et n'arrête pas de s'étendre... Vous pensez la digression mal à propos? Que nenni!
L'industrialisation galopante, qui par la construction d'un barrage met en danger toute une communauté qui jusque là vivait, certes très modestement, mais heureuse, est un des leitmotive du film de Benh Zeitlin. Cette communauté, c'est celle de Hushpuppy, une gamine de 6 ans qui vit dans le Bashtub, un des bayous du sud de la Louisiane. Orpheline de mère, la petite vit avec son père et passe le plus clair de son temps à écouter le coeur des animaux qui l'entourent et à tenter de décrypter ce qu'ils peuvent bien lui délivrer comme messages. Elle répète : " Lorsque je ferme les yeux, je vois tout ce qui m'a fait voler autour de moi, en toutes petites pièces. Je me rends compte que je ne suis qu'une toute petite part de ce très grand Univers".
Son père est brutal, ses excès d'alcool en sont la cause, mais il est néanmoins plein de tendresse. Une tendresse qu'il exprime bien maladroitement mais que l'on découvre peu à peu durant le film.
La petite communauté va être mise à rude épreuve avec le passage d'une tempête. Les autorités souhaitent évacuer le bayou, mais les membres de cette famille particulière refusent. Le bayou est frappé de plein fouet. Une embarcation de fortune les maintient au-dessus de l'eau.
Hushpuppy va se distinguer par son courage et sa détermination. Elle va grandir trop vite, parce que les circonstances l'exigent. Une petite fille qui ne va pas considérer les embûches comme des obstacles, mais comme un postulat de départ qui va la forcer à vivre, quoiqu'il arrive.
Un film hautement métaphorique, utilisant des passages oniriques comme passerelles vers la réalité, mais aussi comme aide à la décision et à l'affirmation de soi.
Zeitlin, ne boude pas son plaisir et nous fait (re)découvrir les mystères des bayous, des rites vaudous (je pense au médicament fabriqué par la maîtresse d'école pour le père d'Hushpuppy), mais également ses fortes personnalités: des gens fougueux, courageux et généreux.
Et de fougue, le premier long métrage de Benh Zeitlin n'en manque pas. Il est partout, au plus près des gens, des animaux, des choses. Il nous montre sans ménagements les dégâts que l'industrialisation à outrance provoque sur la Nature, mais également les forces et les fragilités de l'humain lorsqu'il a conscience de la place qu'il occupe. Il est un animal comme un autre qui doit se nourrir: le père d'Hushpuppy pêche à la main, lui explique comment broyer les crabes pour les manger et tue les volailles qui courent autour de sa maison. Alors oui, le film est cruel, violent. Mais il nous montre aussi, au travers de la détermination de la petite que l'on a le choix: on participe en tant qu'entité constituant l'Univers, en le respectant, ou on finit sur le grand buffet de l'Univers, comme petit déjeuner. Et c'est là le message écolo. L'homme, dans sa folie, n'a pas ménagé la Nature. La banquise et les glaciers fondent, les tempêtes et les ouragans se multiplient, les écosystèmes sont chamboulés. L'homme, cet "animal comme les autres" a déréglé la machine... et reçoit la facture, plutôt salée.
Bien sûr, en se mettant si proche de cette communauté de défavorisés, Zeitlin, qui a utilisé des débris laissés par l'ouragan Katrina pour construire ses décors, ne manque pas de dénoncer aussi un gouvernement qui a, n'ayons pas peur des mots, merdé! Combien de personnes sont décédées lors du passage de l'ouragan Katrina par manque de coordination? Zeitlin dit qu'il ne souhaitait pas accabler les politiques ni même éveiller les consciences, il souhaitait que les gens répondent à cette question: "Comment trouvez-vous la force de regarder mourir ce lieu qui vous a rendu unique, sans perdre l'espoir, la joie et cet esprit de fête incroyable qui le caractérisent?". Il a trouvé des réponses auprès des habitants de la région. Et c'est comme ça qu'est née Hushpuppy, cette fillette de 6 ans qui doit "...trouver à l'intérieur d'elle-même toute la puissance du sud de la Louisiane" selon Benh Zeitlin.
Bref, "Beasts of the southern Wild" est un film fort. Pour ne rien vous cacher, j'ai été très émue. J'ai lâché le contrôle de mon cerveau "conscient" pour n'en laisser s'exprimer que la partie reptilienne dès les premières images. J'ai été happée par Hushpuppy qui m'a tenue la main pendant toute la durée du film. J'ai dû attendre le 28 décembre pour voir, probablement, le plus beau film de l'année.
Votre Cinécution
L'industrialisation galopante, qui par la construction d'un barrage met en danger toute une communauté qui jusque là vivait, certes très modestement, mais heureuse, est un des leitmotive du film de Benh Zeitlin. Cette communauté, c'est celle de Hushpuppy, une gamine de 6 ans qui vit dans le Bashtub, un des bayous du sud de la Louisiane. Orpheline de mère, la petite vit avec son père et passe le plus clair de son temps à écouter le coeur des animaux qui l'entourent et à tenter de décrypter ce qu'ils peuvent bien lui délivrer comme messages. Elle répète : " Lorsque je ferme les yeux, je vois tout ce qui m'a fait voler autour de moi, en toutes petites pièces. Je me rends compte que je ne suis qu'une toute petite part de ce très grand Univers".
Son père est brutal, ses excès d'alcool en sont la cause, mais il est néanmoins plein de tendresse. Une tendresse qu'il exprime bien maladroitement mais que l'on découvre peu à peu durant le film.
La petite communauté va être mise à rude épreuve avec le passage d'une tempête. Les autorités souhaitent évacuer le bayou, mais les membres de cette famille particulière refusent. Le bayou est frappé de plein fouet. Une embarcation de fortune les maintient au-dessus de l'eau.
Hushpuppy va se distinguer par son courage et sa détermination. Elle va grandir trop vite, parce que les circonstances l'exigent. Une petite fille qui ne va pas considérer les embûches comme des obstacles, mais comme un postulat de départ qui va la forcer à vivre, quoiqu'il arrive.
Un film hautement métaphorique, utilisant des passages oniriques comme passerelles vers la réalité, mais aussi comme aide à la décision et à l'affirmation de soi.
Zeitlin, ne boude pas son plaisir et nous fait (re)découvrir les mystères des bayous, des rites vaudous (je pense au médicament fabriqué par la maîtresse d'école pour le père d'Hushpuppy), mais également ses fortes personnalités: des gens fougueux, courageux et généreux.
Et de fougue, le premier long métrage de Benh Zeitlin n'en manque pas. Il est partout, au plus près des gens, des animaux, des choses. Il nous montre sans ménagements les dégâts que l'industrialisation à outrance provoque sur la Nature, mais également les forces et les fragilités de l'humain lorsqu'il a conscience de la place qu'il occupe. Il est un animal comme un autre qui doit se nourrir: le père d'Hushpuppy pêche à la main, lui explique comment broyer les crabes pour les manger et tue les volailles qui courent autour de sa maison. Alors oui, le film est cruel, violent. Mais il nous montre aussi, au travers de la détermination de la petite que l'on a le choix: on participe en tant qu'entité constituant l'Univers, en le respectant, ou on finit sur le grand buffet de l'Univers, comme petit déjeuner. Et c'est là le message écolo. L'homme, dans sa folie, n'a pas ménagé la Nature. La banquise et les glaciers fondent, les tempêtes et les ouragans se multiplient, les écosystèmes sont chamboulés. L'homme, cet "animal comme les autres" a déréglé la machine... et reçoit la facture, plutôt salée.
Bien sûr, en se mettant si proche de cette communauté de défavorisés, Zeitlin, qui a utilisé des débris laissés par l'ouragan Katrina pour construire ses décors, ne manque pas de dénoncer aussi un gouvernement qui a, n'ayons pas peur des mots, merdé! Combien de personnes sont décédées lors du passage de l'ouragan Katrina par manque de coordination? Zeitlin dit qu'il ne souhaitait pas accabler les politiques ni même éveiller les consciences, il souhaitait que les gens répondent à cette question: "Comment trouvez-vous la force de regarder mourir ce lieu qui vous a rendu unique, sans perdre l'espoir, la joie et cet esprit de fête incroyable qui le caractérisent?". Il a trouvé des réponses auprès des habitants de la région. Et c'est comme ça qu'est née Hushpuppy, cette fillette de 6 ans qui doit "...trouver à l'intérieur d'elle-même toute la puissance du sud de la Louisiane" selon Benh Zeitlin.
Bref, "Beasts of the southern Wild" est un film fort. Pour ne rien vous cacher, j'ai été très émue. J'ai lâché le contrôle de mon cerveau "conscient" pour n'en laisser s'exprimer que la partie reptilienne dès les premières images. J'ai été happée par Hushpuppy qui m'a tenue la main pendant toute la durée du film. J'ai dû attendre le 28 décembre pour voir, probablement, le plus beau film de l'année.
Votre Cinécution