mardi 29 mai 2012

L'INVITEE : Ariane Ferrier

Sculptée dans une magnifique robe estivale bleu marine, les cheveux relevés, Ariane Ferrier était sublime cet après-midi. Des yeux malicieux, un sourire franc et sincère. Une femme de caractère, indépendante et sauvage, comme elle se qualifie elle-même, mais d'une féminité renversante. Celle qui compare d'emblée l'instant où la salle de cinéma devient noire, à celui où les hommes montent l'escalier d'un bordel (le meilleur moment selon elle). Elle est surprenante de spontanéité.  Confidences entre femmes autour du sujet qui nous a réunies : le cinéma.

Ariane Ferrier, cinéphile ou cinéphage?

Définitivement cinéphage. Les cinéphiles font des comparaisons, moi pas. Je ne lis jamais les critiques avant d'aller voir un film, mais uniquement après. L'idéal, c'est lorsque je ne connais pas du tout le réalisateur par exemple. Et je n'ai jamais été critique de cinéma, je me présentais comme chroniqueuse. Chroniqueuse, c'est clair: j'ai aimé, je n'ai pas aimé. Critique? Si un jour j'arrive à écrire 3 pages de scénario ou de dialogues convenables, éventuellement je me le permettrais, mais ça m'étonnerait. Le cinéma c'est tellement une histoire de chair et d'émotions, que critiquer? Non, je n'oserais pas.

J'ai lu que vous aviez jeté votre dévolu sur les sièges du Capitole d'Yverdon? L'envie d'une salle de projection privée?

Oui, vous avez lu ça où? Je n'ai jamais lu l'article. Alors, oui, j'en ai pris sept. La dernière fois, il y a 20 ans, un cinéma de Genève liquidait et j'ai raté l'occasion. Je vais faire une petite salle avec 3-4 sièges et les autres je vais les offrir. Actuellement, dans mon salon, j'ai un coin "vautrage" où je regarde des films et des séries avec mes filles. Alors nous ne sommes pas amoureuses des mêmes docteurs de Grey's Anatomy, mais on prend du bon temps ensemble. Cela dit, tous les films ne se regardent pas en DVD. Du coup, j'en rate certains,  parce que je refuse de les voir en DVD. Lorsqu'une de mes filles dit: "Non, je ne veux pas aller au cinéma, j'attends la sortie du DVD", je lui réponds qu'elle a dû être échangée à la maternité. Mais on se ressemble tellement, que c'est impossible (sourire).

Et la programmation idéale?

Des films que j'ai vu récemment. J'ai obligé toute ma famille, sans succès, à aller voir mon coup de coeur 2011 : "Et maintenant, on va où?".  J'avais beaucoup aimé le premier film de cette femme (ndlr: Nadine Labakhi).
Je suis tellement bon public, j'aime les histoires d'amour, les polars, les films psychologiques. J'aime aussi les coups de poing du type "Festen" ou des films très durs. Cela dit, je ne suis pas sélective. J'irais voir des acteurs que j'adore même dans des merdouilles. Alors la programmation idéale, c'est dur de la définir.



Mais les grands classiques, vous les possédez en DVD?

Non. Par exemple "Douze Hommes en Colère" est toujours sous cellophane. De temps en temps mes filles acceptent de m'accompagner au cinéma, mais c'est rare. Le cinéma, c'est un plaisir solitaire pour moi. Mais il y a quelques personnes avec qui j'adore y aller: mon frère aîné. Il  s'endort généralement les dix premières minutes (soupir) du coup, il a toujours besoin d'un petit debriefing. Alors ça j'adore: le debrief d'après séance. Et puis il est comme moi, il va régulièrement voir les films deux fois.

Vous allez voir les films deux fois?

Oui, c'est comme avec un bouquin. Quand j'arrive à la fin, je ralentis la lecture pour ne pas quitter les personnages. Pour les films, c'est la même chose. Je retourne voir un film qui m'a plu juste pour le plaisir de retrouver les personnages. Quelques fois, j'ai besoin de repasser un petit moment avec eux.


Les films qui vous ont fait aimer le cinéma?

Les deux films qui m'ont marquée et qui ont fait que je serai une cinéphage à vie, ce sont "Cabaret" de Bob Fosse et "Lacombe Lucien" de Louis Malle. Ils ont été fondateurs. Je les ai vus à un âge où on est très influençable. J'ai compris la complexité des sentiments et des relations entre les gens. Surtout "Lacombe Lucien". J'ai compris très jeune que la frontière entre héros et salaud, tient du millimètre. Ce jeune homme qui devient milicien parce qu'il a un trop plein d'énergie et qu'il vit dans une période ambiguë. Évidemment, les belles femmes, le pouvoir, l'argent. Et c'est énorme pour un gamin de 17 ans qui vient d'un petit bled de campagne. Il aurait sans doute été un résistant extraordinaire, mais il devient un véritable salaud.
Pour "Cabaret", les histoires parallèles, la montée du nazisme, le triangle amoureux et la grâce de Liza Minnelli. Elle était belle à tomber, mais sans une once de mignonnerie. Mais elle était belle : une beauté dénuée de joliesse.
Ces deux films m'ont expliqué des choses sur la vie. Par la suite, je les ai vécues dans ma chair ou les ai constatées autour de moi.
Les livres c'est pareil. J'ai envie de paraphraser Nicolas Bouvier: "Ce n'est pas moi qui lis les livres, mais ce sont les livres qui me lisent.". Bien sûr que c'est bon lorsque cela passe par la tête, mais c'est meilleur quand c'est un coup de poing dans le ventre ou dans le coeur sans passer par la case intello.
"Si une connaissance n'est pas précédée d'une sensation, elle ne m'est d'aucune utilité" disait André Gide. Et bien, c'est la même chose pour les films! Je n'ai pas le goût de la culture que l'on étale dans les dîners en ville, auxquels je ne vais pas d'ailleurs.
Il faut que mon ADN reconnaisse quelque chose qui me touche. Mais il n'est pas nécessaire que cela aille jusqu'aux tripes. Un film comme "Séraphine" est tellement poétique, qu'il nous effleure, nous caresse. C'est bon aussi.
Plus j'avance en âge, plus les films et les livres me préservent  de la vie et me protègent aussi. On peut sortir bouleversée ou même en miettes d'un film mais on peut laisser cette émotion et y retourner si on en a l'envie. Les souffrances de la vie, elles nous suivent, elles sont à l'intérieur de nous ou on les constate.
Finalement les films ou les livres, c'est une façon un peu lâche d'aborder l'existence. J'ai vécu mon lot de drames et de souffrances, comme tout le monde. Parfois, la littérature et le cinéma m'ont sauvée. Le cinéma c'est aussi le médicament des grands sensibles.




Quel est le moment où vous préférez aller au cinéma?

En matinée ou en début d'après-midi. Et toujours dans les premiers rangs, parce que je dois en prendre plein la gueule! Mon plus grand plaisir, c'est d'aller, l'été,  dans un multiplexe près de chez moi où il y a aussi un Virgin Megastore. Aller me faire une toile et traîner dans les rayons: un plaisir absolu.
A ce propos, il m'est arrivé une jolie histoire. J'étais dans cette librairie et je sens un homme qui me regarde empiler des livres. Il m'a sans doute prise pour une vendeuse. Il me dit qu'il est chauffeur routier et qu'il n'a plus lu de livres depuis l'école, Qu'il a envie de s'y remettre. Je me suis sentie tellement privilégiée... alors nous avons fait le tour des rayons.  Je lui ai demandé ce qu'il aimait et il m'a répondu: "Claude François". Il reparti avec un manga, une bio de Claude François et un troisième livre dont je ne me rappelle plus le nom. Alors quelques fois, je pense à lui et je me dis qu'il est peut-être en Norvège ou en Espagne sur une aire d'autoroute et qu'il lit. C'était une rencontre magique et j'avais l'impression d'avoir les clefs d'une pâtisserie et d'avoir un compagnon de jeu.
A ce propos, je ne supporte pas les a priori et qu'on me dise :"Mais il FAUT lire ça ou ça!" Mais quoi, lire quoi, qui a dit ça? Si tu aimes lire Barbara Cartland, alors lis Barbara Cartland!
Honnêtement, je crois que j'ai une culture générale pathétique, parce que je ne me rappelle pas des noms, mais je me souviens des émotions et des jubilations  lors de mes insomnies. 
J'adore la philosophie et l'histoire, mais il faut qu'elles soient incarnées: j'ai besoin d'êtres de chair et de sang, des gens que je puisse comprendre. La culture pour moi, ça n'est que de la connaissance et du plaisir. De plaisir avant la connaissance.

Ariane Ferrier, une femme libre?

Totalement, je m'assieds sur les convenances. Libre, je ne sais pas: on vient quand même de quelque part. J'ai eu la chance de voir beaucoup de films et de lire beaucoup de livres. Cela m'a appris à ne pas juger ou à juger autrement. Cependant, il m'est difficile de soutenir une conversation avec une personne qui me pollue mentalement : je n'ai pas envie de discuter avec un homophobe ou un raciste. Il m'arrive de quitter des repas par agacement. Peut-être qu'en vieillissant, on a un sentiment d'urgence, simplement parce que l'on perd des gens. Si c'était ma dernière soirée, est-ce que j'aurais envie de la passer avec ces gens-là? Non. Je serai toujours mieux avec mes chats, mes livres et un film.
Une femme libre, finalement, je ne sais pas ce que cela veut dire. Très indépendante oui. J'adore rencontrer des gens très différents de moi, et j'aime les comprendre: ça, c'est le cinéma qui me l'a apporté. Parce que de la beauté, il y en a partout. Cela dit,  je suis très sauvage, et je rejoins Brassens qui dit: "Au-dessus de quatre on est une bande de cons.".

Si vous deviez choisir un bel acteur?

Kevin Spacey. Je n'aime pas les jolis garçons, ça me lasse. Sean Penn me bouleverse. J'aime les hommes qui ont de la densité. Alors bien entendu je suis amoureuse du Docteur Mamour, comme tout le monde. On a longtemps fait des soirées canapé avec mes filles devant Grey's Anatomy. Un jour est arrivé un rouquin, qui n'était pas très beau, mais il s'est recousu tout seul dans la salle des urgences et je suis tombée raide dingue de lui. 
Chez les femmes par exemple, j'adore Tilda Swinton. Elle est à la fois glaciale et intense. Bon, je suis un peu amoureuse de Johnny Depp. Il m'attendrit. Un autre qui m'ébrêche l'âme, c'est Richard Bohringer. Ce n'est pas un bel homme, mais il a une gueule que tu ne peux pas laisser passer. Il m'arrache le coeur.
"On the Road" est à moitié raté, parce que celui qui joue Dean est trop joli garçon. Il a le charisme d'une chaussette mouillée. Mais j'ai adoré Kristen Stewart qui va embellir avec les années. C'est un très bon choix. Elle ressemble à un petit chat sauvage. Et Marylin bien sûr. Marylin toujours. Elle était ronde.  Aujourd'hui, on dirait qu'elle est en "surpoids". Ces standards de beauté m'exaspèrent. Il y a des filles ravissantes qui ne dégagent rien et des Josiane Balasko qui ravagent tout sur leur passage. 
Être trop jolie pour une actrice peut être un handicap. Elles sont toujours cantonnées dans le même type de rôles. Le contre-exemple, c'est Marion Cotillard. Une très jolie fille mais qui arrive à transcender sa beauté.
J'adore la beauté des femmes. Il m'est arrivé d'en suivre dans la rue pour les admirer. Je suis aussi sensible aux parfums. Et un jour, j'ai suivi une vieille dame très distinguée parce que j'adorais son parfum. Et finalement on a pris un café ensemble. Bon, j'évite de suivre les hommes, cela pourrait prêter à confusion (éclats de rire).

Vous aimez quels genres de films?

Tous. Sauf les films bourrés d'effets spéciaux et la science-fiction. Je suis très cliente des comédies sentimentales et les américains sont forts pour ça. Nuits blanches à Seattle par exemple, je pleure. Et comme j'oublie toujours les mouchoirs, je me mouche avec ce qui me reste: mon pull, mon t-shirt. Du coup, mes proches se mettent quelques fois deux rangées derrière moi, parce que je pleure bruyamment.
J'adore aussi les séries, et là mon frère me lapiderait s'il m'entendait. C'est ce qu'il y a de plus inventif et d'iconoclaste dans le cinéma américain actuellement, du moins dans tout ce qui nous parvient.
Un truc qui m'énerve: impossible de montrer un sein sans que cela ne soit interdit au moins de 18 ans. Du coup, aucune femme ne fait l'amour sans son soutien-gorge. J'espère que les jeunes filles élevées à Desperate Housewives ne font pas l'amour en soutien-gorge!
C'est beau le sexe au cinéma. Même si c'est vulgaire, ce n'est pas grave, du moment que cela nous touche. Parce que la vie c'est salissant! Une scène de sexe ne me choque pas, mais je suis horrifiée devant le Téléjournal.



Vous parlez beaucoup des femmes...

Oui, je les admire et les respecte. La sororité des femmes m'épate. Dans notre éducation, de façon intuitive, on nous "oblige" à considérer les autres femmes comme des rivales. Mais c'est en lisant et en allant au cinéma que j'ai découvert que c'était faux.
 Et j'ai toujours aimé travailler avec des femmes. On ne va pas au conflit comme les hommes. On ne fait pas de concours de celui qui pisse le plus loin. Tu n'as pas ça avec les femmes. Si tu as des femmes autour de toi, tu es forte. La vie me l'a appris, mais je l'avais déjà lu dans les livres et vu au cinéma.
Les femmes m'épatent. Avec une femme, je trouverai toujours un petit quelque chose en commun, un sujet de discussion. Avec les hommes, c'est plus compliqué. Ils ne sont pas des gens comme nous. C'est une espèce à part. J'adore les films de femmes. Ils ont souvent été un révélateur de force, mais aussi de lâcheté. Pourquoi cette femme a osé et pas moi? C'est troublant.
Je remercie la vie de m'avoir donné deux filles, je ne saurais pas quoi faire d'un grand dadet de 19 ans (éclats de rire). Cela dit, cela doit être difficile d'être un homme aujourd'hui, je parle dans la Suisse privilégiée dans laquelle nous vivons. Ils doivent être tellement de "choses". Sensibles, virils, bons pères, travailleurs. Nous, nous devons juste être nous, le mieux que nous pouvons.
Depuis mes 18 ans, quand j'ai vu des hommes se raser et se donner des claques à coup d'eau de Cologne,  je me dis qu'ils ne sont pas comme nous. De même qu'ils ne comprennent pas nos sacs à main. Mon sac à main je l'appelle mon "kit de survie en terrain hostile". Le cinéma m'a aidée à comprendre les hommes et à les aimer...

Nous avons discuté plus d'une heure trente, puis nous sommes allées au cinéma ensemble. Le film n'était pas bon, mais la rencontre, elle, fut très très jolie. Merci Ariane Ferrier!



Propos recueillis le 28 mai 2012 / Cinécution









lundi 28 mai 2012

ON THE ROAD - Walter Salles - 2012

Faute avouée à moitié pardonnée. C'est donc en me basant sur cet adage que j'avoue n'avoir jamais lu Sur la Route de Jack Kerouac. Mais à ma décharge, j'ai lu plein d'autres livres tout aussi intéressants (une liste est d'ailleurs à votre disposition, sur demande).

C'est donc sans a priori, sans images pré-fabriquées par ma petite cervelle, sans attentes particulières, que je me suis rendue à une projection de On The Road de Walter Salles hier en fin d'après-midi. De Walter Salles, je ne connaissais que Central do Brasil qui lui avait valu à l'époque (1998) l'Ours d'or à Berlin (et encore, j'avais oublié son nom... je devrais peut-être faire un blog sur le macramé finalement).



Jack Kerouac a toujours souhaité que son On The Road soit adapté au cinéma :

"Je révolutionnerai les lettres américaines et boirai du champagne avec les starlettes d'Hollywood." Jack Kerouac

Pour reprendre les mots d'Etienne Rouillon : "il ne s'est pas loupé pour la première partie, mais pour la seconde, il est resté à l'eau plate." Pourtant, il a essayé et bien essayé. En 1957, alors que les textes de On The Road viennent à peine de paraître, Kerouac écrit une lettre à Marlon Brando. Il souhaite que ce dernier achète les droits du livre et le porte à l'écran. Brando jouerait Dean et Kerouac, Sal. Brando achète les droits, mais le film ne se fera finalement pas.







Source: The Huffington Post


Si je ne dis pas de bêtises, Walter Salles est donc le premier à porter à l'écran ce roman culte de Jack Kerouac. Les droits ayant été acquis par Francis Ford Coppola dans les années 70 déjà. Il a vu en Walter Salles, l'homme de la situation.

Mais on est déçu. En tout cas, je le suis. Ce road movie, qui au départ avait tout pour nous donner envie d'être libres, de sortir de nos carcans, de vivre nos envies pleinement, et bien, finalement, ne nous mène nulle part. Oui, les paysages sont magnifiques. Oui, la musique est géniale (elle est signée Gustavo Santaolalla et c'est juste un pur bonheur.) Et le reste de la musique utilisée, de Slim Gaillard à Ella Fitzgerald m'a donné des envies de quitter mon siège et de danser! Mais tout est décousu. J'en ai eu le tournis. Bien sûr, il y a de magnifiques plans, notamment sur les jambes qui marchent. Mais je n'ai pas été happée, j'ai eu le sentiment d'être abandonnée au bord de la route. Ou alors, c'est que je n'ai pas tout compris... allez savoir.



Pour avoir lu que On The Road avait été écrit d'un seul jet, sur des rouleaux de papiers de 35 m, j'imaginais un film qui respire, qui crie la liberté. J'ai plutôt eu le sentiment que les personnages étaient refermés sur eux-mêmes. A l'image de Marylou (Kristen Stewart), 18 ans, libérée, que l'on souhaite pleine de vie et de passion, et qui s'avère être, au fur et à mesure que le film avance, une lolita dépressive, qui n'assume pas cette liberté, tant sexuelle que sociale. Ou Dean (Garett Hedlund) qui n'est présenté que comme un sale gamin égoïste, assoiffé de conquêtes sexuelles, cherchant tous les moyens possibles et imaginables d'échapper à la réalité en usant et abusant de drogues. C'est ça la liberté? L'auto-destruction et faire fît des sentiments des personnes qui nous entourent? Soit, c'est un parti pris. Et Sal, Kerouac lui-même (Sam Riley), tellement fasciné par Dean, qu'il en oublie d'être lui-même. Pour finalement se "réveiller" lorsque Dean l'abandonne au Mexique, malade.
Et puis franchement, Sam Riley avait peut-être 4 phrases à sortir en français...je n'en ai compris aucune! Un petit effort tout de même...



Mais bon, comme déjà écrit plus-haut, je n'ai pas lu Sur la Route de Kerouac. Peut-être ce film est-il une adaptation fidèle, je n'en sais rien. Mais il me laisse un goût d'inachevé dans la bouche quand même. Ce film possède tous les éléments qui ont fait la réputation sulfureuse du mouvement Beat: du sexe à outrance et très explicite (mais rien de choquant), de la drogue, de la danse suggestive, des excès en tous genre. Une chose m'a frappée, dans les derniers plans, ceux où Sal écrit son livre à la machine à écrire, la ressemblance physique de Sam Riley avec Orson Welles dans ses jeunes années est saisissante, mais la comparaison s'arrête là. Bref, ce film m'aura au moins donné une envie, celle d'acheter Sur la Route et de le lire.





"Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller." Jack Kerouac


La Beat Generation, en deux mots


C'est un mouvement littéraire et artistique né aux Etats-Unis dans les années 50. Kerouac a utilisé ce terme la première fois pour qualifier ses amis écrivains, William Burroughs et Allen Ginsberg. C'est le mouvement précurseur des hippies, pour faire court. Un mouvement qui prône la liberté sexuelle, qui est fasciné par les milieux underground, qui déborde de créativité et qui ne se préoccupe pas de la morale. L'amour est au centre du discours. Le polyamour, l'amour pour la nature, les grands espaces, les spiritualités qui considèrent l'humain comme une partie intégrante du cosmos (chamanisme).





Votre Cinécution





samedi 26 mai 2012

POUR VOUS, C'EST QUOI LE CINEMA ?


Aujourd'hui, grand soleil, une température presque estivale, et l'envie d'aller à la rencontre des habitants de ma ville. Envie de parler avec eux, d'échanger, et surtout de leur demander: "Pour vous, c'est quoi le cinéma?".



Quel bel après-midi ce fut! Que de belles rencontres! Je vous livre ci-dessous, sous forme de clin d'oeil, ce qu'une partie des fribourgeois pense du cinéma.

Merci à vous tous pour votre participation et pour vos merveilleux sourires!

Votre Cinécution




Michel, 47 ans, artiste lyrique






Nicole, 35 ans, maman au foyer







Jamie, 27 ans, cheffe de cuisine






Steve, 44 ans, gérant de kiosque






Isabelle, 37 ans, gérante de la boutique "Catillon"






Justine, 18 ans, étudiante à l'ECG section santé






Emmanuel, 33 ans, comédien










samedi 19 mai 2012

DE ROUILLE ET D'OS - Jacques Audiard - 2012




"Une esthétique tranchée, brutale et contrastée [...] où l'extraordinaire étrangeté des propositions visuelles sublime la noirceur du réel. Celle d'un monde où "Dieu vomit les tièdes." Jacques Audiard

L'histoire de deux êtres qui ne veulent pas d'attaches. Le premier, Ali (Matthias Schoenaerts), vit dans le Nord avec son fils de 5 ans qu'il connaît à peine. C'est un handicapé des sentiments. Profondément enragé, au chômage, sans le sous et sans entourage social, il quitte tout et se réfugie chez sa soeur à Antibes. La seconde, Stéphanie (Marion Cotillard), vit à Antibes. Le jour, elle est dresseuse d'orques et entretient avec ces mammifères peut-être la seule relation sincère de sa vie. Le soir, elle sort en boîte, danse, allume, séduit, cherche la reconnaissance dans les yeux des hommes qui la désirent. Mais elle ne donne pas suite. Elle se lasse une fois ces derniers conquis.


Stéphanie et Ali se rencontrent dans une boîte de nuit où il travaille comme ouvreur. Prise dans une bagarre, Stéphanie est blessée et Ali lui propose de la ramener. Il lui laisse son numéro de téléphone et chacun repart de son côté.
Les semaines passent, Ali change de travail et trouve un poste d'agent de sécurité. Il travail avec Martial (Bouli Lanners) qui installe en douce des caméras de surveillance dans les supermarchés pour contrôler le personnel. Martial organise aussi des combats clandestins de boxe et joue le bookmaker de service.



Un soir, le téléphone d'Ali sonne, c'est Stéphanie. Elle a eu un accident au Marineland et a perdu ses deux jambes. Ils se revoient. Ali la sort de l'appartement où elle reste cloîtrée. Il l'emmène à la plage et lui propose de se baigner. C'est le début de la renaissance pour Stéphanie. Les deux se voient régulièrement. Un jour, la sexualité fait son apparition. Mais le sexe "pour l'hygiène". On ne s'embrasse pas sur la bouche. C'est finalement Sam, le fils d'Ali, qui va involontairement rapprocher ces deux âmes en errance.



Jacques Audiard nous livre un film cru où se mêlent la précarité financière de ceux qui volent les invendus des supermarchés pour se nourrir à la misère émotionnelle de personnes incapables d'exprimer leurs sentiments. Audiard joue avec les ombres des personnages. On ne sait pas vraiment si sont elles qui suivent les personnages ou l'inverse. Les séquences sous-marines sont superbes, presque irréelles. Et paradoxalement, malgré la durée du film (près de 2 heures), tout va vite. Les plans se succèdent à une vitesse folle, ne nous laissant pas vraiment le temps de nous adapter. C'est peut-être ça que souhaite le réalisateur: spectateur, tu ne dois pas te poser de questions... en tous cas pas tout de suite. Parce que les questions, elles arrivent, mais lorsque le film est terminé et que l'on prend conscience de ce que l'on vient de voir.  Ce film est sublime. A déconseiller aux trop grandes sensibilités tout de même, parce qu'il met les émotions à rude épreuve. Marion Cotillard et Matthias Shoenaerts sont remarquables. Aucun des deux ne prend l'ascendant sur l'autre. Ils sont à égalité. Le personnage principal, peut-être, c'est cette histoire d'amour peu conventionnelle qui fait fît de tout a priori et à qui, tout au long du film, on souhaite l'épanouissement. Un seul regret, que le film ne s'arrête pas sur ce coup de fil, la dernière scène étant pour moi totalement superflue. Quel coup de fil? Il vous faudra aller voir De Rouille et d'Os.



Votre Cinécution

jeudi 17 mai 2012

BARBARA - Christian Petzold - 2012

Il n'était pas prévu que j'aille voir Barbara hier en fin de journée. Je voulais aller voir De Rouille et d'Os de Jacques Audiard, mais mon impatience à voir ce film m'a conduite un jour trop vite au cinéma qui le projette dès ce soir. Mais j'ai rudement bien fait d'y aller. Alors que l'Allemagne de l'Est a été montrée ces dernières années dans des films qu'il n'y a plus besoin de présenter (La Vie des Autres de Florian Henkel von Donnersmarck ou encore Goodbye Lenin! de Wolfgang Becker) Christian Petzold nous propose sa vision de l'Allemagne communiste. Une vision qui fait l'impasse sur les représentations austères du régime, pour placer l'humain au centre du propos.




1980, une dizaine d'années avant la chute du mur, Barbara est médecin pédiatre dans un hôpital de Berlin, La Charité. Elle dépose une demande d'émigration pour l'ouest et est ensuite arrêtée. Elle est mutée dans un petit hôpital de province. Nina Hoss est remarquable dans le rôle de Barbara. Barbara intrigue aussi bien qu'elle fascine. Elle est une de ces grandes beautés froides qui ne sourit jamais. Distante, elle s'isole de ses nouveaux collègues qui prennent cette attitude pour du snobisme berlinois. En réalité, elle cache un secret. Barbara est traquée en permanence par la STASI qui n'hésite pas à débarquer de jour comme de nuit pour fouiller son appartement et procéder à des fouilles au corps. Elle soupçonne tout le monde et la moindre marque de sympathie est suspecte. A l'image de son collègue médecin André (interprété par Ronald Zehrfeld, à la générosité bouleversante. Oui, je suis tombée sous le charme de cet acteur que je ne connaissais pas) qui la regarde, qui lui manifeste de l'intérêt et qui essaie finalement de faire transparaître l'humanité qui habite Barbara. C'est au travers du travail de Barbara que le spectateur se rendra compte de sa douceur. Cette femme médecin qui appelle ses patients par leur nom, jusqu'à les prendre sous son aile. Ce qui sera le cas pour cette jeune fille un peu paumée qui répond au nom de Stella.



L'appartement de Barbara est vide. Rien ne peut la retenir. Le départ peut être imminent. Régulièrement, elle rencontre son ami de Düsseldorf qui élabore un plan de fuite vers le Danemark. Mais au fur et à mesure, la vie de Barbara se remplit. Des liens se créent, des sentiments naissent. Et si la vie finalement c'était ici et maintenant? Pourquoi toujours rêver d'avenir meilleur? Peut-être tout est déjà là, à disposition,  pour créer son bonheur et réinventer son histoire dans l'Histoire avec un H majuscule.



Christian Petzold distille une ambiance lourde, pesante et presque paranoïaque tout au long de son film. Un film qui respire le secret. Certains diront que Petzold est un opportuniste qui suit le sillon de La Vie des Autres. Mais non! Petzold nous montre que malgré la pesanteur du régime communiste, la suspicion qui règne et qui pourrit les rapports humains,  la confiance se gagne lorsque les démarches individuelles sont sincères et portées par un altruisme presque sans limite. André représente cet espoir pour Barbara. Un film qui se construit petit bout par petit bout. Un récit qui suit une ligne narrative conventionnelle mais qui, malgré tout, laisse un espace à la rêverie et à l'espoir du "tout est possible". Un film sur deux personnes qui se rencontrent dans un contexte d'urgence. Urgence pour Barbara de quitter l'Est. Elle qui a le sentiment que sa vie va commencer lorsqu'elle sera de l'autre côté du Mur. Un film sur un amour qui se méfie de lui-même. Un film sur la liberté, celle de partir ou celle de rester. Un film magnifique que je ne saurais trop vous conseiller d'aller voir, tant il est réalisé avec maestria (il a d'ailleurs obtenu l'Ours d'argent de la meilleure mise en scène à la dernière Berlinale), pudeur, et retenue. Sublime.



Votre Cinécution

MOONRISE KINGDOM - Wes Anderson - 2012

Un Tiki qui pétille dans la bouche juste avant que tu ne partes en fou rire parce que tu te rends compte que tu as mis un trop gros morceau de Tiki dans ta bouche et que tu ne contrôles plus la production de mousse! Voilà, Moonrise Kingdom, c'est ça! Toute la nostalgie de l'enfance, ses jeux, ses espérances. Plein de tendresse et d'humour décalé. Des personnages loufoques et attachants. Des familles dysfonctionnelles et des réminiscences d'enfance inachevée.  Le plus gros défaut? Celui qui met le film en danger de désamour? Le manque d'originalité! Anderson surfe sur ce qu'il connaît déjà et (ré)utilise ce qui a fait son succès précédemment. Certes, c'est beau, c'est bien filmé. Peut-être trop bien justement. Une obsession du détail qui fait qu'Anderson en oublierait presque de nous raconter une histoire.

Eté 1965. Suzy Bishop, 12 ans, passe son temps à lorgner son entourage au travers des ses jumelles qui ne la quittent pas. Elle est l'aînée d'une famille de 4 enfants, et la seule fille. Elle est colérique et s'évade en lisant des livres de magie empruntés à la bibliothèque et en écoutant Françoise Hardy. Sam Shakusky participe pour la nième fois à un camp de scouts. Il n'a pas d'amis et pas de famille. Il est orphelin et passe de famille d'accueil en famille d'accueil. Une année auparavant, ils ont un coup de foudre lors d'un spectacle à l'église. Ils entament une relation épistolaire et mettent au point un plan pour fuguer en amoureux. loin des adultes.




L'histoire de ces deux enfants va mettre en émoi toute une île. Ces deux-là s'aiment, de cet amour innocent et "formateur" tel qu'il peut l'être à 12 ans. Les premiers émois, les premiers baisers échangés avec maladresse, la découverte du corps de l'autre avec toute la pudeur et la gêne qui caractérisent cette période de vie. Un film d'aventure? Aussi. Sam en bon petit scout a toutes les techniques pour survivre en "terrain hostile". Cela va de sucer des galets pour produire de la salive pour s'hydrater à la façon très méthodique de monter un camp. Pour ceux qui ont lu Picsou Magazine, c'est vraiment à l'image du guide des Castors juniors. Alors oui, c'est charmant, c'est mignon, ça rappelle des souvenirs. Mais c'est redondant.







Le casting est assez exceptionnel. De Bill Murray (dont c'est la 6ème collaboration avec Wes Anderson) en passant par Frances McDormand, Edward Norton (qui franchement est drôle et un brin pathétique en chef de patrouille de la Troupe 55 des scouts kaki), Bruce Willis, Harvey Keitel, Tilda Swinton (qui interprète un rôle sans nom, c'est juste une entité : Services Sociaux), Jason Schwartzman ou encore Bob Balaban (qui joue le narrateur. Probablement le personnage qui m'a le plus amusée). Les deux fugueurs, campés avec fraîcheur par Jared Gilman et Kara Hayward, sont vraiment mignons. Kara Hayward a déjà un regard très affirmé qui m'a surprise.






J'espérais un renouveau et un peu plus que ce que je connaissais déjà d'Anderson. Cela manque d'audace. Anderson est dans ses charentaises, s'y sent à l'aise, mais lasse.  On est déçu que de ses propres attentes à ce qu'il paraît. Mais là, quand même, le "concept rétro-pop-andersonien" s'essouffle clairement. Sélectionné dans la compétition officielle à Cannes, je crains que Wes Anderson ne reparte bredouille de la Croisette.


... le petit plus:

Juste pour rigoler un peu. Des petits malins se sont amusés à réaliser une version de Scream comme si c'était Wes Anderson qui l'avait filmé :



Votre Cinécution

samedi 12 mai 2012

L'INVITE : Patrick Braoudé

Patrick Braoudé, un homme orchestre? Tour à tour acteur, scénariste, réalisateur ou producteur ou tout à la fois, cet amoureux de Laurel et Hardy (dont il collectionne les figurines) a su mettre de la fraîcheur dans les comédies françaises des années 90.  Il s'attaque à des sujets de société tel que le divorce dans "Génial, mes parents divorcent", à la maternité côté messieurs dans "Neuf Mois" ou encore aux relations hommes-femmes dans "Amour et Confusion" et frôle le fantastique dans "Deuxième Vie". Patrick Braoudé s'inspire de la vie normale, du quotidien des gens et c'est ce qui fait le succès de ses films. Ses films ont rencontré de jolis succès populaires, bien que certains furent boudés par les critiques. Preuve que nous avons besoin de voir notre quotidien sur grand écran, d'en rire, pour le rendre plus léger, même si cela est fait en mettant le doigt sur nos petits défauts. Ces petits défauts qui finalement font de nous des humains à part entière.

Mais Patrick Braoudé est bien plus qu'un homme de comédies. Après quelques échanges, çà et là, notamment sur la musique, la littérature, l'actualité ou la vie dans les trains, Patrick Braoudé a accepté de répondre à quelques unes de mes questions. Vous allez découvrir un homme simple, délicat, malicieux, ouvert aux gens et profondément attaché à ses racines. Touchant.

"Deuxième Vie"
Daniel Russo - Patrick Braoudé - Gad Elmaleh


Vous portez plusieurs casquettes: celles de comédien, de réalisateur, de scénariste et pour finir, celle de producteur. Laquelle vous correspond le mieux et pourquoi ?

C’est le désir de jouer qui a motivé toutes les autres aventures. J’ai découvert le plaisir de jouer alors que je faisais les études vétérinaires. J’ai joué des pièces de théâtre au sein de la troupe de l’Ecole vétérinaire et j’ai découvert par hasard le plaisir d’écrire. C’était la mode du café-théâtre et en voyant une pièce à la Veuve Pichard (l’ancien théâtre du Point Virgule), j’ai eu envie de proposer à la troupe de l’école que l’on joue une pièce de ce nouveau style. Dans le secret, j’ai essayé d’écrire une «pochade» pendant les vacances d’été. Je l’ai fait lire à la troupe à la rentrée. Tout le monde a eu envie de la jouer. C’était la première fois que j’écrivais et j’ai découvert que ce que j’écrivais faisait rire. Cela a été mes débuts d’auteur. Ensuite, j’ai continué d’écrire, une autre pièce pour le café-théâtre, « Du ronron sur les blinis », qui a été un succès et dans laquelle je m’étais écrit un rôle. Ensuite j’ai écrit des scénarios dans lesquels je me suis écrit des rôles. C’était toujours le désir de jouer qui a motivé l’écriture. Mais j’ai découvert le plaisir d’écrire. J’ai ensuite eu envie de réaliser moi-même les scénarios que j’écrivais pour ne pas me sentir « trahi » par un autre metteur en scène. Et j’ai découvert le plaisir de réaliser. Donc, aujourd’hui, j’aime autant jouer qu’écrire ou réaliser. Vous voyez que je ne vous ai pas parlé de la casquette de producteur. Ce n’est pas ce qui me passionne le plus. J’ai produit certains films pour donner la liberté au réalisateur que j’étais uniquement.

Vous vous destiniez donc à une carrière de vétérinaire. Expliquez-nous le moment de la "révélation".

Je suis monté pour la première fois sur scène alors que j’étais en première année de l’école vétérinaire. Nous avions monté une pièce de boulevard russe « Je veux voir Mioussov » de Valentin Kataïev et je jouais le rôle de Zaitsev (pour ceux qui connaissent cette pièce connue). Lorsque je suis entré sur scène, j’ai entendu 500 personnes rire. Un choc. J’ai eu une communion avec le « public ». Je me suis dit « bon, je crois que je ne serai pas véto, je serai comédien ». 

Vous avez connu de gros succès "Génial, mes parents divorcent!" ou encore "Neuf mois" , pour ne citer qu'eux. Mais vous avez aussi connu des succès plus confidentiels. Qu'est-ce que cela vous fait lorsqu'un film marche moins bien? 

On a envie, évidemment, de toucher le maximum de gens, lorsqu’on fait un film. Et lorsqu’on a eu le plaisir de faire des films comme ceux que vous citez, qui ont touchés les spectateurs, on souhaite retrouver ces moments magiques. Mais la sortie d’un film est quelque chose de compliqué. Les choix du distributeur, du marketing, les autres films qui sortent le même jour que votre film, la météo le jour de la sortie, un fait d’actualité particulier, un match de foot important le premier mercredi de la sortie, sont autant de facteurs qui peuvent faire un échec ou un succès. Alors, quand un film ne marche pas ou moins que le précédent, on est triste, on essaie d’analyser, mais c’est difficile.


"Génial, mes parents divorcent!"

Êtes-vous sensibles aux critiques cinéma? Qu'elles soient bonnes ou mauvaises ?

Certaines mauvaises critiques m’ont fait du mal, des bonnes m’ont fait plaisir. Avec l’expérience, j’essaie maintenant de ne plus les lire. « Neuf Mois » et « Génial,mes parents divorcent!» ont tellement été descendus à leur sortie. Par des journaux qui, maintenant, lorsque ces films passent à la télé, les encensent. Les critiques qui pensent que leurs analyses vont faire avancer le metteur en scène se trompent. Ils n’ont pas ce pouvoir.

Lors d'un de nos échanges vous m'avez confié aimer la musique de Jacques Offenbach. Comment choisissez-vous les musiques de vos films? Êtes-vous sensible, en tant que spectateur à la musique de film?

Steven Spielberg a dit que sans la musique de John Williams, E.T. ne serait pas E.T., que John Williams était E.T.  Georges Lucas a présenté le premier Star Wars a ses producteurs alors que la musique et le sound design n’étaient pas encore fait. Résultat, le studio n’y a pas cru et a revendu le film à un autre studio. Autant vous dire que le patron du premier studio s’est fait virer à la sortie du film. La musique est un élément essentiel de la fabrication d’un film. Un élément capital qui est le fruit d’une longue réflexion. Pour une comédie notamment, on doit particulièrement faire attention. La musique peut vite faire basculer une scène dans une autre émotion que celle recherchée ou être redondante. Je suis très vigilant aux choix musicaux et même à l’enregistrement de la musique. Et pour moi qui aime la musique, aller voir l’enregistrement de la musique de mon film, voir un orchestre symphonique jouer sur les images, c’est comme la cerise sur le gâteau.

Vous êtes très attentif à ce qu'il se passe dans le monde, notamment au niveau politique. N'avez-vous jamais pensé à faire un film plus engagé ?

J’adore les films engagés. Mais j’ai fait jusqu’à présent des comédies. "Il faut planter son clou." comme dit Michel Boujenah. Je suis en train d’écrire un film très différent, plus engagé, sur la Shoah, sur les conséquences de la Shoah sur les générations de Juifs qui ont suivi le cataclysme de la deuxième guerre mondiale. Ce sera drôle quand même… mais différent.  

Votre épouse (ndlr: Guila Braoudé) est également réalisatrice. Vous vous influencez mutuellement?

On parle beaucoup, on se fait lire mutuellement nos projets. Elle est mon regard sur mon jeu quand je joue dans mes films, j’ai produit son film (ndlr: Je veux tout). Nous vivons ensemble le plaisir de l’autre… ce qui dans un couple est indispensable, non ?


Je veux tout - Bande annonce FR par _Caprice_


"Un homme d'Etat" de Pierre Courrège devait sortir dans le courant du printemps. Pouvez-vous nous en parler?

« Un homme d’état » était un film politique, engagé justement, l’histoire d’un président de la République de droite juste avant le premier tour des Présidentielles qui, sentant qu’il ne serait peut-être pas au second tour, hésite entre adoucir son discours pour attirer les voix du centre gauche ou, au contraire, radicaliser son discours pour séduire les voix de l’extrême-droite. Nous avons commencé à tourner le film, mais le producteur ne nous avait pas dit qu’il n’avait pas les fonds pour aller au bout du projet. Il comptait en route trouver l’accord d’une chaîne de télévision, mais aucune n’a voulu y aller. Trop brûlant sans doute. Le film ne sortira jamais, je pense. Dommage, j’ai adoré jouer ce Président redoutable et impitoyable. 

Quels sont vos projets pour l'année en cours?

J’ai écrit une pièce de théâtre sur Offenbach et un scénario tiré d’un roman « Le Mec de la Tombe d’à côté » de Katarina Mazetti. Je viens de jouer dans la série « Camping Paradis », un rôle qui m’a beaucoup plu. Je m’apprête à écrire un autre scénario et une autre pièce de théâtre.

Quelques questions "tac au tac":

Le premier film que vous ayez vu?

Je me souviens d’un film de Laurel et Hardy, projeté dans le préau de mon école, je devais avoir 6 ans, « les Montagnards sont là » (http://youtu.be/hrC91FJ5XZ0). J'aime autant Laurel et Hardy maintenant qu’à l’époque. Je me souviens aussi d’un film que j’ai vu au cinéma, un peplum italien, je devais avoir 7 ou 8 ans « Romulus et Remus » de Sergio Leone et Sergio Corbucci (http://youtu.be/JHrDsikeLu8).

Votre film culte?

 Beaucoup de films que j’adore. Culte ?

« Laurel et Hardy au far West » => http://youtu.be/_SvuNcPx2dg
« The Ghost and Mrs Muir » de Mankiewicz => http://youtu.be/zN6S6FwT5HM
« Les 7 Samourai » de Kurosawa => http://youtu.be/zNqQXC8Tv8U
« E.T. » de Steven Spielberg => http://youtu.be/_7-2PB4jj2o
Les Marx Brothers… => http://youtu.be/j5lU52aWTJo
« Groundhog day » de Harold Ramis => http://youtu.be/zOXMy6672pk
« Artistes et modèles » avec Jerry Lewis => http://youtu.be/XNYSsj7kFlg

... j’arrête !

Le dernier film que vous ayez vu?

« Le prénom » d'Alexandre de La Pattelière et Mathieu Delaporte  => http://youtu.be/zdg82h09PNQ


Une réplique culte ?

« Atmosphère, atmosphère… est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » (ndlr: in "Hôtel du Nord" de Marcel Carné) => http://youtu.be/6DKI0EP-RMA

Merci, Patrick Braoudé!


Propos recueillis par courriels entre les 3 et 11 mai 2012 / Cinécution

jeudi 10 mai 2012

L'INVITE : Frédéric Maire

Frédéric Maire, l'homme qui a fait de sa passion son métier! Né à Neuchâtel, Frédéric Maire commence dès l'âge de 18 ans à réaliser différents courts et moyens métrages de fiction pour le cinéma et des reportages pour la Télévision Suisse Romande (actuelle RTS).
A la base journaliste cinématographique et réalisateur, il a été critique cinéma pour la presse écrite (L'Express et L'Impartial), ainsi que correspondant culturel pour la Radio Suisse Italienne (sa maman étant italienne, la langue de Dante n'a que très peu de secrets pour lui).



A l'origine de plusieurs projets, Frédéric Maire est co-fondateur et co-responsable du ciné-club Passion Cinéma à Neuchâtel dès 1991. En 1992, il co-fonde avec Vincent Adatte et Francine Pickel La Lanterne magique à Neuchâtel (http://info.lanterne.ch/), un ciné-club pour enfants.

Très proche du Festival de Locarno (www.pardo.ch), dont il s'est notamment occupé des relations avec la presse et a été membre de la commission des programmes, il devient directeur artistique de ce festival en 2006.

En 2009, il quitte ce poste et devient directeur de la cinémathèque suisse (www.cinematheque.ch), poste qu'il occupe encore actuellement.

Frédéric Maire a eu la gentillesse de répondre à quelques questions.


Quel est le premier film que vous ayez vu?

Le premier dont je me souvienne vraiment c'est le dessin animé Alice au Pays des Merveilles de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske (Production Walt Disney, 1951). Dans un cinéma de Bologne, avec ma grand-mère, et comme c'était l'époque du cinéma permanent, j'ai voulu y rester longtemps.



Que représente le cinéma pour vous?

La deuxième passion de ma vie après ma famille. Et j'ai eu la chance d'en faire mon métier.


Quels sont les trois films que vous emporteriez sur une île déserte?

Une Partie de Campagne de Jean Renoir => http://youtu.be/U2UV6dSuLjM
La Prisonnière du Désert (The Searchers) de John Ford => http://youtu.be/luLOn5QK46c
Sauve qui peut (la vie) de Jean-Luc Godard => http://youtu.be/JqYUG_ArgqY


Quels sont les mots que vous utiliseriez pour faire découvrir le cinéma à un enfant (7-9 ans) et quel film choisiriez-vous?

"Le cinéma est un art qui te permet de ressentir toutes les émotions possible (rire, rêver, avoir peur, pleurer) tout en t'amusant, car les films sont joués par des acteurs, qui font semblant, comme quand tu joues avec tes amis." Je pense que je montrerais pour commencer Les Lumières de la Ville de Charles Chaplin.




Le dernier film que vous ayez vu?

Margin Call de J.C. Chandor. Une excellente surprise! Comment créer du suspense avec des transactions financières, la tragédie des subprime et l'explosion de la bulle immobilière.


Pour finir, comment définiriez-vous votre rôle de directeur de la cinémathèque suisse?

C'est une fonction de passeur, comme dirait Serge Daney (ndlr: critique cinéma français qui a entre autres choses été rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma aux côtés de Serge Toubiana, actuel directeur de la Cinémathèque française. Il quitte les Cahiers en 1981 et rejoint Libération. Il crée en 1991 la revue trimestrielle Trafic. Il décède en 1992). Mon travail est de conserver la mémoire du cinéma et des images qui bougent (dont aussi des documentaires, des films de familles, le cinéjournal suisse) et de permettre à tous de les voir. Donc de favoriser l'accès à la culture cinématographique à travers des projections, des rencontres, des publications… Et, à l'ère du numérique, de rendre toujours plus facile cet accès à travers le web.



Merci Frédéric Maire! Vous pouvez le retrouver sur les ondes de RTS La Première tous les samedis matins dans Le Journal du Samedi, rubrique Les Toiles de Frédéric Maire (http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/le-journal-du-samedi/).


Propos recueillis par courriels les 18 avril et 9 mai 2012 / Cinécution

mercredi 9 mai 2012

DARK SHADOWS - Tim Burton - 2012

"Dark Shadows est une comédie horrifique fantastique de Tim Burton." Wouaw! A première lecture on se dit: "ça va en jeter!"... mais seulement si l'on n'a pas vu la bande-annonce, car cette dernière rend plus que sceptique.



Tout commence par un prologue de 5-6 minutes. Les images (de synthèses) sont sombres, rappelant le début de Sweeney Todd (que personnellement j'adore!). Liverpool 1752, le port et ses bateaux, la nuit. On se dit: "Oui, oui, oui, Tim est de retour après s'être perdu sur Alice.". Mais c'est sans compter sur la suite.

 La famille Collins quitte l'Angleterre pour aller faire fortune de l'autre côté de l'Atlantique, avec leur fils Barnabas (Johnny Depp, encore une fois maquillé à outrance. On en viendrait presque à oublier à quoi il ressemble réellement). Les Collins font fortune avec une entreprise de conserves de poissons. Ils deviennent puissants, possèdent un manoir et ont une ribambelle de serviteurs. Parmi eux, Angélique Bouchard (Eva Green, à la plastique irréprochable, mais que j'aurais préférée un peu plus diabolique et moins excentrique). Angélique est éperduemment amoureuse de Barnabas. Mais Barnabas, bien qu'ayant cédé à l'appel de la chair avec elle, est amoureux de Josette. Angélique, folle de jalousie, pousse Josette au suicide et transforme Barnabas en vampire. Elle l'enferme dans un cercueil et l'enterre "vivant". Le générique démarre avec une musique des Moody Blues (http://youtu.be/9muzyOd4Lh8).



1970. Un train défile dans le paysage. A son bord, Victoria. Jeune femme new-yorkaise qui vient d'être engagée comme gouvernante auprès de la famille Collins à Colinwood. Arrivée au manoir des Collins, Victoria est accueillie par Elizabeth (Michelle Pfeiffer, qui ressemble de plus en plus à Madonna, ou est-ce l'inverse?). Il y a toute une petite faune qui vit dans ce manoir. Il y a Roger, le frère d'Elizabeth et son fils, David. Carolyn, la fille d'Elizabeth, adolescente caractérielle, allumée et allumeuse, qui se trémousse sur les musiques de T-Rex (http://youtu.be/TVEhDrJzM8E). Et pour finir, le Dr. Hoffmann, interprétée par Helena Bonham Carter, qui une fois de plus tient le rôle le plus déjanté, celui d'une psychiatre dépendante aux anxiolytiques et à l'alcool et qui court après une jeunesse perdue. Bref, une maison de fous.



Lors de travaux dans la forêt, des pelleteuses tombent sur un cercueil, celui de Barnabas. Il est enfin libéré après 200 ans de captivité. Et il a soif. Et il ne se prive pas pour s'abreuver du sang de tous les ouvriers. Mais ne vous attendez pas à une belle scène de vampirisme, non, c'est d'un grotesque! Et là commence toute une série de références aux Visiteurs de Jean-Marie Poiré. Du M doré et "néonisé" de McDonald, qui avec ses 9 millions "d'adhérents" est considéré comme le diable ou encore la voiture sur la route déserte (la charriotte du diable). Bref, Barnabas, c'est le "Cousin Hub' ". Il débarque au manoir des Collins et découvre que ses parents éloignés sont dans une mauvaise passe. Les affaires de la conserverie vont mal, une autre entreprise, Angel Coast, a pris le pouvoir dans la ville de Collinwood. La patronne d'Angel Coast n'est autre qu'Angélique Bouchard, sorcière et ancienne employée de Barnabas. S'engagent entre eux d'âpres négociations. Angélique arrivera tout de même a obtenir les faveurs sexuelles de Barnabas lors d'un "rodéo" pseudo-érotique, aux figures "matrixiennes" et sur une musique de Barry White! Du grand n'importe quoi! Le final est tout simplement un grand "fous-y-tout"! Avec une Eva Green/Angélique qui finit en femme chewing-gum telles Meryl Streep ou Goldie Hawn dans La Mort vous va si bien de Robert Zemekis. Bref, Dark Shadows c'est une succession de gags à 2 francs, de plans "clichés". Une mise en scène prévisible. Aucune surprise, aucun second degré (et pourtant, spécialiste du 2ème voir 3ème degré, j'ai cherché... je n'ai pas trouvé et j'ai attendu et cela n'est jamais venu, zaï zaï zaï zaï...). Hormis la scène où  Johnny Depp cite "The Joker" (http://youtu.be/eYwKGDe7AnQ) dans le texte, reléguant Shakespeare au rang de "poète débutant", il n'y a rien à retenir de ce film.  Vous pouvez sans autre attendre le passage de ce film sur petit écran. Parce que 112 minutes d'ennui, c'est long. Très long.

Votre Cinécution

lundi 7 mai 2012

CIAO ! MANHATTAN - John Palmer & David Weisman - 1972




Alors que ce soit clair d'entrée, rien dans cette note ne sera objectif! En effet, je voue un culte à ce film! Il me fascine. L'univers du Pop-Art, la Factory, Andy Warhol, The Velvet Underground... et Edie Sedgwick. Je ne résiste à rien! J'adore tout simplement!

C'est donc sur fond de Pale Blue Eyes du Velvet Underground (http://youtu.be/KisHhIRihMY) que je vais raconter un peu ce film et son époque. J'espère qu'à la fin de votre lecture vous aurez envie de le découvrir.

Ce film raconte la fin de la vie d'Edie Sedgwick. Une fille étoile filante qui aussitôt qu'elle eût illuminé le ciel s'éteignit dans l'indifférence la plus totale.



En 1970, une jeune héritière de Californie rentre chez elle, après avoir été pendant 2 ans une superstar underground à New-York et après 3 ans d'hospitalisation. Susan (Edie Sedgwick) rentre à la maison. Elle s'installe dans la piscine. Elle l'aménage comme une véritable chambre à ciel ouvert. Toute la surface de la piscine est recouverte de unes de magazines qui la représentent. Elle a été une star. Susan a côtoyé les plus grands du milieu underground et du Pop-Art, Andy Warhol en tête, dont elle fut la muse. La Factory, elle connaît, elle en faisait partie intégrante. La Factory, littéralement la fabrique. L'endroit où l'on entre en étant personne et d'où l'on ressort en étant quelqu'un. Un pur produit warholien, et surtout pas en étant soi-même. Ce lieu accueillait tout ce que Warhol et ses compagnons pouvaient produire. N'importe quel événement était prétexte à réunir tout le gratin new-yorkais, lequel venait se mêler à tous ces paumés, dépressifs, toxicomanes dont Warhol aimait s'entourer. On y croisait Dali, Dylan, les Velvet Underground, De Niro, Nico ou encore Ultra-Violet. Qu'importe d'être une star ou non, il suffisait d'être là, c'est tout. Warhol considérait Edie Sedgwick/Susan comme son double féminin. Elle était jeune, naturelle et naïve. Elle fit un peu de mannequinat, puis passa le reste de sa vie à ne rien faire d'autre que la fête. Et pourtant, dans l'esprit de beaucoup, elle incarne les sixties au même titre que Jim Morrison ou Bob Dylan. Une icone.

C'est donc du fond de sa piscine, à moitié nue, qu'Edie/Susan, à travers son délire d'alcoolique shootée nous fait revivre les grands moments de La Factory. Elle ressasse ses souvenirs. Ses contacts avec Warhol, le succès, les piqûres "sur-vitaminées" du Docteur Robert (http://youtu.be/xefT22JwhLI) chez qui se pressait toute la jet-set de la Grosse Pomme. Des séances de sauna en pleine transe aux plus grosses fêtes de La Factory, tout y est montré, avec par moment beaucoup de démesure. Toute la faune de la Factory est également présente (relevons une apparition de Roger Vadim).  Le film alterne les parties en couleurs et les partie en noir-blanc. Les parties documentaires et les parties fictives tournées au début des années 70. L'état mental et physique d'Edie/Susan est tellement misérable, que les réalisateurs doivent utiliser des techniques de tournage et de montage nouvelles, utilisant les flash-backs et des images réelles d'Edie au milieu des années 60. L'état psychique d'Edie/Susan est encore renforcé par l'utilisation d'une bande-son aux couleurs étranges.

Ce film a permis à Edie d'exprimer un avis critique non seulement sur sa vie, mais également sur la façon dont Warhol "jetait" ses "produits" après usage ou par simple caprice ou encore sur les idéaux de la génération de la fin des années 60 qui finalement ne s'avérèrent être que des chimères hors d'atteinte. Edie meurt 1 semaine après la fin du tournage, d'une overdose. Elle avait 28 ans.




Edie souffre d'anorexie et voit régulièrement un psychiatre dès le début des années 60. En 1964 elle déménage à New-York et rencontre Andy Warhol en 1965 (http://youtu.be/cNqWTv8mKnU). Il la fait tourner dans plusieurs films qu'il réalise comme Kitchen (http://youtu.be/4x2zV3Gu66g), Beauty nr.2, Vinyl ou Poor little rich Girl (http://youtu.be/os9yoPyrtFs). Le couple devient un couple star dont chaque apparition est un événement. Edie est une jeune femme libre et belle qui devient une idole. Elle est copiée par toute une génération. Durant plus d'un an, le couple est fusionnel, allant jusqu'à s'habiller de la même façon. Edie va même jusqu'à se teindre les cheveux en gris-blond platine et à se faire appeler Miss Warhol. Comme la plupart des "pensionnaires" de La Factory, Edie devient rapidement dépendante à l'héroïne et au speed. Cependant, sa beauté troublante et androgyne lui permet de mener une petite carrière de mannequin en posant pour des magazine tels que Vogue ou Life entre 1965 et 1966.
Sa consommation excessive de drogue lui empêche toutefois de mener une vraie carrière, l'industrie de la mode étant effrayée par cette situation. Elle a une brève aventure avec Bob Dylan dont elle attendra un enfant, mais devra avorter suite à un accident de moto. De plus en plus anorexique et dépendante aux drogues et à l'alcool, elle abuse d'amphétamines en tentant de réduire sa consommation d'héroïne. Elle fait plusieurs passages dans des hôpitaux psychiatriques et subit toute une série d'électrochocs qui la rendront incapable de marcher, de parler. Son frère dira même: « She couldn't walk. She'd just fall over... like she had no motor control left at all. The doctor did a dye test of some sort and it showed the blood wasn't reaching certain parts of the brain... She couldn't talk » Dans la nuit du 15 novembre 1971, elle meurt d'une overdose de barbituriques. Triste destin que celui de cette étudiante en arts plastiques qui avait tout pour réussir.

Ciao! Manhattan est le film où Edie Sedgwick a pu enfin se montrer telle qu'elle était. C'est un film témoin d'une époque révolue où chacun et chacune était prêt à tout pour son quart d'heure de gloire. Finalement, en y regardant bien, une époque pas si révolue que ça.




Votre Cinécution