Ce dimanche 30 mars restera à coup
sûr dans les mémoires. Une masterclass des frères Dardenne , à Fribourg, ce n’est
pas tous les jours. Et les fribourgeois, présents en nombre, ont bien compris cela.
24 heures avec les frères Dardenne, ce qui pourrait être le titre d’un film soit
dit en passant, que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Mon amie Louise Anne Bouchard,
auteure et scénariste, a fait le trajet depuis Montreux pour assister, même 30
minutes, à cette masterclass, juste avant d’aller dédicacer son dernier roman, Rumeurs,
au Salon des Femmes de Chavornay. C’est représentatif de l’engouement que
suscite le duo belge.
La journée commençait bien et n’avait
pas encore révélé la totalité de ses surprises. Au sortir de cette masterclass,
me baladant sur le boulevard de Pérolles, je tombe nez à nez avec Erik Matti,
réalisateur et producteur philippin et membre du jury international de longs
métrages. Je l’invite à prendre un café et il en ressort
un entretien totalement inattendu et improvisé. Nous sommes presque arrivés
en retard à la séance de 14 heures… séance qui figurait sur son programme chargé de
juré.
To Kill a Man du
chilien Alejandro Fernandez Almendras, s’attaque à la vengeance. Un sujet qui
pourrait être casse gueule s’il n’était extrêmement bien amené. Jorge arrive
tant bien que mal à subvenir aux besoins de sa famille. Pris en grippe par un
voyou de quartier, Kalule, qui s’en prend à sa fille et à son fils, Jorge
décide de se venger. Tuer un homme, oui. Mais que faire du corps ensuite ?
Mon premier gros coup de cœur de
cette 28ème édition du FIFF va à Fish and Cat de l’iranien Shahram Mokri. Quel film,
mais quel film ! Un plan-séquence de 2 heures et 15 minutes. Mokri nous entraîne
dans une forêt, au bord d’un lac, à la rencontre de deux tenanciers de buvette
soupçonnés de servir de la viande humaine et d’un groupe d’adolescents réunis
pour un festival de cerfs-volants. Le cinéaste perse nous prend littéralement
par la main. Tour à tour sa caméra suit tel ou tel personnage et lorsque
plusieurs sont dans le champ, nous ne savons pas lequel sera suivi par la caméra.
Il nous prend aussi un peu en otage. Mais être otage dans de telles conditions,
on en redemande ! La contrainte du plan-séquence n’est pas un obstacle aux
digressions, et le temps, n’est qu’une notion bien relative. Les entrées et
sorties de champ sont fabuleuses et le final digne d’un film de Kusturica !
Ce film utilise aussi de nombreux codes propres au film d’horreur, musique,
effets de surprise, mais a la particularité de ne montrer aucune scène sanguinolente,
se contentant d’évoquer, de suggérer. Je n’ai pas pour habitude de vous donner
des ordres, préférant vous suggérer d’aller voir tel ou tel film, mais dans le
cas précis, vous DEVEZ voir ce film ! C’est compris ?
La journée s’est poursuivie avec Siddarth de Richie
Mehta. Ce film indien parle d’un père qui cherche inlassablement son fils disparu.
Un prix du public quasi certain. Bien que produit par Manjeet Singh, le
réalisateur du fabuleux Mumbai’s King, je n’y ai pas retrouvé cette
atmosphère qui m'avait tellement plu. Il n’en reste pas moins que ce film est humain et sensible.
Une fois n’est pas coutume, la
journée s’est terminée en séance de minuit. Et celle-ci était particulièrement
gratinée. Boogie, un film d’animation sud-américain pas piqué des vers !
Boogie est un personnage ignoble: grossier, vulgaire, violent, sexiste,
égocentrique, ne supportant que l’odeur du napalm au petit matin (et les
références à Apocalypse Now
sont nombreuses !!). Tout ça, c'est le même gaillard. Franchement, c’est un
bon gros délire ! Parfait pour débrancher et reposer le cerveau avant une
nouvelle journée intense.
ST/ 30 mars 2014