dimanche 3 mars 2013

UNE SECONDE FEMME - Umut Dag - 2012


Quelque part en Turquie, une jeune femme, Ayse, célèbre son mariage avec Hasan, un jeune turc vivant en Autriche, revenu au pays pour prendre épouse. Ce mariage a été arrangé, selon la tradition, par Fatma, la mère de Hasan. Le jeune couple retourne à Vienne après les noces. Il s'avère que le mariage avec Hasan n'est qu'une façade et qu'en fait, elle est promise à Mustafa, le père, comme seconde épouse. C'est ce que souhaite Fatma, qui contrairement aux idées reçues de l'Occident, est la cheffe de clan. Elle veille depuis des décennies à l'unité familiale, au respect des traditions et tente, tant bien que mal, de favoriser l'intégration de ses 6 enfants dans la société autrichienne. Ses enfants qui hésitent en permanence entre deux cultures, valsant entre l'allemand et le turc au gré de leurs envies. Ayse est plus ou moins bien accueillie par les enfants de Fatma. Certains, plus âgés qu'elle, voient d'un mauvais oeil l'arrivée de cette jeune femme de 19 ans. Fatma, quant à elle, atteinte dans sa santé et se sachant condamnée, est heureuse de savoir qu'elle sera un soutien pour son époux, à son décès.
 

Hasan accepte de donner sa jeune épouse à son père, non pas pour respecter les traditions, mais parce que cela l'arrange bien. Il est porteur d'un lourd secret. Être marié, lui fait ainsi échapper aux questionnements de son entourage. Un évènement brutal va mettre à mal l'équilibre apparent de cette famille. Ayse va petit à petit tenter de s'émanciper, mais peut-on réellement échapper au poids des traditions?

 
 
Umut Dag, dont c'est le premier long métrage, avait comme souhait de mettre la femme au centre de son film. Pour lui, la femme est trop souvent utilisée comme faire-valoir d'un héros masculin. Il fait de la mère la clé de voûte de cette histoire. Né à Vienne, de parents immigrés kurdes, Umut Dag s'attaque à des sujets sensibles: les traditions séculaires, les secrets de famille, la place de la femme dans la société musulmane, le choc des cultures. Des sujets sensibles dont il connaît cependant bien les rouages intimes.

Sa caméra évite toutes les caricatures, livrant un cinéma plein d'empathie et de sincérité, très éloigné du cinéma traditionnel autrichien, plutôt froid, distant et stérile. Malgré le sujet plutôt grave du poids des traditions et leurs cohabitation, parfois difficile, avec la société actuelle, Umut Dag met beaucoup de tendresse dans son film. Une tendresse directement tournée avec les femmes, leur courage et leur résistance. La femme comme pilier central de la famille.



La question de l'appartenance à une communauté d'immigrés est aussi soulevée, et avec elle les devoirs liés à cette appartenance et la pression que cela représente. Étrangement, les faits et gestes de chacun sont encore plus surveillés à l'étranger qu'au pays et le qu'en-dira-t-on pèse sur chaque membre de la communauté qui se fait un devoir d'être "parfait" et de préserver sa famille d'un quelconque scandale.

Un premier film prometteur qui mérite qu'on s'y attarde.



 

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