Ce fut une bien belle journée de cinéphile. J'ai un peu abandonné la compétition internationale pour me faire plaisir et m'offrir une journée un peu plus calme. Je n'ai vu que trois films aujourd'hui, mais trois chefs-d'oeuvres de l'histoire du cinéma. Revoir ces films sur grand écran et pour certains, d'une qualité jamais vue jusqu'à ce jour, a quelque chose de très émouvant. De plus, ce sont trois films forts, chacun avec sa propre beauté. Puis j'ai croisé des amis à la projection de "DERSU UZALA" d' Akira Kurosawa et on été souper ensemble, boire des verres et on a parlé de Dersu toute la soirée. Il y a un Dersu qui dort en chacun de nous finalement... ce fut particulièrement émouvant, parce que nous étions trois, sur quatre, à avoir découvert "DERSU UZALA" avec nos papas respectifs, lesquels ne sont malheureusement plus là. Nous avons donc échangé nos souvenirs, nos tendresses et il en est ressorti que voir "DERSU UZALA" comme nous, c'est-à-dire enfant, cela nous a fait grandir et cela nous a construit. Bien jolie soirée.
Pour en revenir à ma journée, c'était la journée SUR LA CARTE DE... Bouli Lanners. Le multitalent belge a choisi cinq films sur une thématique qui lui est chère : l'homme et son rapport à la nature. Entre nous, je rêve de rencontrer ce grand monsieur. Un jour, peut-être.
AGUIRRE - DER ZORN GOTTES -
Werner Herzog - Allemagne 1972
Je ne sais pas où Thierry Jobin est allé dénicher cette copie, mais elle était d'une beauté exceptionnelle. Jamais je n'avais ce film comme ça! C'était comme si je le redécouvrais.
Au milieu du XVIème siècle, des conquistadores, accompagnés plus de 200 indiens quittent la Cordillère des Andes pour s'enfoncer dans la forêt vierge à la recherche de l'Eldorado, la cité d'or dont parlent les Incas. Plusieurs groupes sont constitués pour faciliter les déplacements. Une quarantaine d'hommes et deux femmes vont ainsi partir en quête de l'Eldorado sous les ordres de Pedro de Ursua. Il sera secondé par Lope de Aguirre (Klaus Kinski), complètement illuminé et mégalomane. Comme le relève Dona Inez : " Nous ne sommes plus en Castille et Aguirre est dangereux". Aguirre se révolte contre Usua, contre le roi d'Espagne et entraîne ses hommes à partir à la conquête de l'Eldorado pour leur propre compte. Il fera exécuter tous les partisans d'Uzua. Le radeau qu'ils ont confectionné dérive lentement et le groupe se décime.
Aguirre ne
parvient pas à combattre la faim ni les flèches empoisonnées qui jaillissent
d'on ne sait où. Il reste finalement seul, guetté par la folie, entouré d'une
myriade de petits singes, et hurlant son rêve impossible.
Que de provocations dans ce films. La plus importante, l'envie d'Aguirre de s'unir avec sa propre fille dans le but de créer une descendance pure. Ce rêve se brisera à la mort de sa fille. Celui qui disait:"Si je veux que les oiseaux tombent des arbres, les oiseaux tomberont des arbres. Je suis Aguirre, la colère de Dieu!" se retrouvera seul, mourra seul.
Un des plus beaux film de Werner Herzog. Des images à couper le souffle. Des silences impressionnants. Un film d'une beauté ravageuse qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.
« Ce qui m'a marqué, dans Aguirre, la colère de Dieu, c'est comment, au final, la nature finit par user l'arrogance d'un homme. En voyant le film, j'avais l'impression que les moustiques me piquaient moi aussi. Les images de cette rivière, furieuse, sont absolument extraordinaires. Kinski aussi est absolument extraordinaire. Mais c'est la rivière qui va gagner. » Bouli Lanners
Malheureusement plus de projection dans le cadre du FIFF. Mais louez ce film, achetez-le, voyez-le!
JEREMIAH JOHNSON - Sydney Pollack - Etats-Unis 1972
Jeremiah est un ancien militaire qui a décidé de quitter la civilisation pour aller vivre en solitaire dans les Rocheuses. Initié au "métier" de trappeur par "Griffes d'Ours" et aux coutumes des indiens par Del Gue. Quitter la civilisation, c'est aussi quitter la violence des hommes. Mais c'est à une autre violence que Jeremiah devra faire face: la perte d'êtres chers. S'engage alors pour cette homme une vendetta sanglante.
« C'est le premier film que j'aie vu dans lequel la nature tient un vrai rôle. J’étais jeune et il m’a profondément marqué. Depuis, je me demande régulièrement comment je m'en sortirais dans ce genre de situation. Ça fait des années que je me projette. Si un jour vous n'entendez plus parler de moi, c'est que je serai, moi aussi, parti me faire bouffer par un ours. » Bouli Lanners
A revoir samedi 23 mars 2013 à 15h30 au Cap'Ciné 5, dans le cadre du FIFF.
DERSU UZALA - Akira Kurosawa
- URSS, Japon 1975
Il y aurait tant à dire à propos de ce film qui est une merveille. L'histoire, simple, est bouleversante. La musique est envoûtante. Les silences sont saisissants. C'est un film madeleine pour moi, un film qui me fait remonter un nombre inimaginable de souvenirs tendres. Un film qui m'a construite et qui m'a appris tellement de choses. Et comme Bouli, je pleure à chaque fois. Un film d'une humanité bouleversante.
« Cette merveilleuse histoire d'amitié me fait pleurer. Surtout quand Dersu s'installe chez le géomètre, parce qu'il est trop vieux pour survivre seul dans la Taïga. L'idée d'être arraché à cette nature qui, pendant tant d'années, a rythmé une vie de manière absolue, organique, m'est insupportable. Ne jamais regarder Derzou Ouzala avec moi si vous voulez passer une bonne soirée à rigoler. » Bouli Lanners
A revoir samedi 23 mars 2013 à 20h30 au Cap'Ciné 6, dans le cadre du FIFF.
Votre Cinécution
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