Hier soir, avait lieu à Berne, la traditionnelle avant-première du Festival International de Films de Fribourg, à quelques jours du début du festival. La direction du festival, ainsi que son président, présentaient en avant-première suisse, le bouleversant film de Benjamin Avila.
Il m'aura fallu un peu plus de 24 heures pour pouvoir parler de ce film. C'est en écoutant cette chanson en boucle - elle ne me quitte plus depuis hier soir - que j'écris ces quelques lignes.
Il m'aura fallu un peu plus de 24 heures pour pouvoir parler de ce film. C'est en écoutant cette chanson en boucle - elle ne me quitte plus depuis hier soir - que j'écris ces quelques lignes.
Inspirés de faits réels, et en partie autobiographiques, "Infancia clandestina" raconte l'histoire d'Ernesto, qui en fait s'appelle Juan, et de sa famille, de retour en Argentine après un long exil, d'abord à Cuba puis au Brésil. Les parents et l'oncle d'Ernesto font partie d'un groupe révolutionnaire, les Montoneros, qui s'oppose de façon virulente à la dictature militaire en place depuis le coup d'état de 1966.
Treize ans plus tard, les groupes révolutionnaires péronistes sont toujours traqués avec insistance. La famille d'Ernesto n'y échappe pas.
Avila montre, à travers le regard d'Ernesto, la violence de cette période. Obligé de vivre avec un nom qui n'est pas le sien, de fêter son anniversaire un jour qui n'est pas celui de sa naissance, le petit Ernesto, 12 ans, est un grand frère bienveillant qui veille sur sa petite soeur Vicky avec une tendresse bouleversante. Une relation toute particulière le lie avec son oncle Beto. Il lui confie ses premiers émois et son oncle lui donne des conseils : "Les filles sont comme des cacahuètes au chocolat". Tout l'univers et l'histoire d'Ernesto sont fabriqués de toutes pièces et constituent un seul et même mensonge, mais les émotions que ressent cet enfant, sont elles bien réelles. Lorsqu'Ernesto tombe amoureux, cela met sa famille en danger.
Benjamin Avila, dont c'est le premier long métrage de fiction, possède une caméra subtile, pleine de sensibilité. Il privilégie les plans serrés qui accentuent le sentiment d'enfermement de cette famille qui vit dans la clandestinité, mais qui, en même temps, offrent des moments de délicatesse, de poésie, de douceur, lorsqu'ils évoquent les premiers émois de ce jeune ado.
Avila utilise des dessins pour évoquer les scènes les plus dures et violentes du film, mais ils n'ont pas d'effets apaisants. En effet, notre imagination fonctionne tellement, en tous cas la mienne, qu'elle complète les quelques trous ou espaces laissés vides, volontairement, et vous touchent par-là même directement au coeur. Dans la deuxième partie du film, lorsqu'Avila utilise une nouvelle fois les dessins, des larmes ont jailli instantanément, me laissant un peu démunie. Mon voisin, voyant mon désarroi - je cherchais des mouchoirs dans mon sac, en vain - m'en a proposé un et m'a tapoté gentiment sur l'épaule pour me réconforter. Qu'il en soit ici remercié.
Cette partie de l'histoire contemporaine argentine, Benjamin Avila l'a vécue au plus profond de sa chair. Sa mère, militante révolutionnaire, a été assassinée par la junte militaire, alors qu'il était tout jeune adolescent. Sûr que cela laisse des traces. C'est avec beaucoup de pudeur, et une tendresse infinie, que cet épisode de sa propre vie transparaît dans son film. Une pellicule bouleversante dont on tombe instantanément amoureux, même si le sujet est grave. Un film qui marque et qui vous habite quelques jours... je n'en suis qu'au premier.
"Infancia clandestina" sera projeté, en première suisse, dans la section Décryptage: les enfants règlent leurs contes, au Festival International de Films de Fribourg, aux dates suivantes:
- dimanche 17 mars 2013 à 19h, au Cap'Ciné 5 à Fribourg
- lundi 18 mars 2013 à 20h15, au Rex 3 à Fribourg
Il sera ensuite distribué dans les salles romandes dès le 10 avril 2013.
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