Une plage de galets, un lac. C'est l'été et le soleil caresse des corps nus allongés sur des serviettes de bains. Il y aurait un silure de 5 mètres dans le lac, ce qui retient certains de se jeter à l'eau pour se rafraîchir. On sent que la chaleur est sèche. Une petite brise souffle dans les branchages. Franck (Pierre Deladonchamps) y vient presque tous les jours.
Cette plage n'est pas banale: c'est un lieu de rencontres pour homosexuels. On y discute, échange, se frôle, se mate et recherche, pour quelques instants, des étreintes passionnées dans les sous-bois qui jouxtent la plage. Hédonisme et désir se côtoient.
Franck aperçoit un jour Michel (Christophe Paou), c'est le coup de foudre. Amour, sexualité, voyeurisme et confidences, chaque homme sur cette plage a une bonne raison d'y être. Jusqu'au jour où un cadavre est sorti du lac...
Alain Guiraudie met en scène les amours furtives et dangereuses d'un groupe d'homosexuels avec une grande finesse. Les scènes de sexe, très explicites, ne glissent jamais vers la pornographie et décrivent, avec tendresse, le désir masculin. Il questionne également sur la naissance du désir, et jusqu'où nous sommes, hommes et femmes, capables d'aller pour atteindre la jouissance.
Il y a trois lieux uniques: la plage, le sous-bois et le parking. Le spectateur doit imaginer la vie des protagonistes sur la base des quelques éléments qui sont distillés aux détours des conversations. On imagine beaucoup, fantasme aussi, mais jamais aussi loin que Guiraudie nous mènera dans sa conclusion.
Le silence qui règne dans le film de Guiraudie (absence de musique) entretient le suspens qui naît avec la découverte du cadavre. Même si l'on sait rapidement qui est le coupable, on ne peut s'empêcher de se positionner en observateur, limite voyeur, et de scruter les réactions de chacun des hommes présents sur la plage et plus particulièrement celles de Franck.
Ce silence, c'est aussi celui qui entoure l'homosexualité, considérée encore à tort comme une déviance sexuelle.
Les seconds rôles apportent un peu de légèreté à ce thriller et permettent de faire redescendre un peu la tension anxiogène et sexuelle. On se souvient de chacun d'eux à la sortie de la salle.
L'Inconnu du Lac ne saurait choquer que les prudes ou ceux qui sont mal à l'aise avec leur propre sexualité, qu'elle soit homo- ou hétérosexuelle. Bien plus qu'un film réservé à la communauté gay, un petit bijou présenté dans un écrin sauvage préservé de toute influence humaine et par là même exempt de jugement. A voir absolument.
Votre Cinécution
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