Faute avouée à moitié pardonnée. C'est donc en me basant sur cet adage que j'avoue n'avoir jamais lu Sur la Route de Jack Kerouac. Mais à ma décharge, j'ai lu plein d'autres livres tout aussi intéressants (une liste est d'ailleurs à votre disposition, sur demande).
C'est donc sans a priori, sans images pré-fabriquées par ma petite cervelle, sans attentes particulières, que je me suis rendue à une projection de On The Road de Walter Salles hier en fin d'après-midi. De Walter Salles, je ne connaissais que Central do Brasil qui lui avait valu à l'époque (1998) l'Ours d'or à Berlin (et encore, j'avais oublié son nom... je devrais peut-être faire un blog sur le macramé finalement).
Jack Kerouac a toujours souhaité que son On The Road soit adapté au cinéma :
"Je révolutionnerai les lettres américaines et boirai du champagne avec les starlettes d'Hollywood." Jack Kerouac
Pour reprendre les mots d'Etienne Rouillon : "il ne s'est pas loupé pour la première partie, mais pour la seconde, il est resté à l'eau plate." Pourtant, il a essayé et bien essayé. En 1957, alors que les textes de On The Road viennent à peine de paraître, Kerouac écrit une lettre à Marlon Brando. Il souhaite que ce dernier achète les droits du livre et le porte à l'écran. Brando jouerait Dean et Kerouac, Sal. Brando achète les droits, mais le film ne se fera finalement pas.
Si je ne dis pas de bêtises, Walter Salles est donc le premier à porter à l'écran ce roman culte de Jack Kerouac. Les droits ayant été acquis par Francis Ford Coppola dans les années 70 déjà. Il a vu en Walter Salles, l'homme de la situation.
Mais on est déçu. En tout cas, je le suis. Ce road movie, qui au départ avait tout pour nous donner envie d'être libres, de sortir de nos carcans, de vivre nos envies pleinement, et bien, finalement, ne nous mène nulle part. Oui, les paysages sont magnifiques. Oui, la musique est géniale (elle est signée Gustavo Santaolalla et c'est juste un pur bonheur.) Et le reste de la musique utilisée, de Slim Gaillard à Ella Fitzgerald m'a donné des envies de quitter mon siège et de danser! Mais tout est décousu. J'en ai eu le tournis. Bien sûr, il y a de magnifiques plans, notamment sur les jambes qui marchent. Mais je n'ai pas été happée, j'ai eu le sentiment d'être abandonnée au bord de la route. Ou alors, c'est que je n'ai pas tout compris... allez savoir.
Pour avoir lu que On The Road avait été écrit d'un seul jet, sur des rouleaux de papiers de 35 m, j'imaginais un film qui respire, qui crie la liberté. J'ai plutôt eu le sentiment que les personnages étaient refermés sur eux-mêmes. A l'image de Marylou (Kristen Stewart), 18 ans, libérée, que l'on souhaite pleine de vie et de passion, et qui s'avère être, au fur et à mesure que le film avance, une lolita dépressive, qui n'assume pas cette liberté, tant sexuelle que sociale. Ou Dean (Garett Hedlund) qui n'est présenté que comme un sale gamin égoïste, assoiffé de conquêtes sexuelles, cherchant tous les moyens possibles et imaginables d'échapper à la réalité en usant et abusant de drogues. C'est ça la liberté? L'auto-destruction et faire fît des sentiments des personnes qui nous entourent? Soit, c'est un parti pris. Et Sal, Kerouac lui-même (Sam Riley), tellement fasciné par Dean, qu'il en oublie d'être lui-même. Pour finalement se "réveiller" lorsque Dean l'abandonne au Mexique, malade.
Et puis franchement, Sam Riley avait peut-être 4 phrases à sortir en français...je n'en ai compris aucune! Un petit effort tout de même...
Mais bon, comme déjà écrit plus-haut, je n'ai pas lu Sur la Route de Kerouac. Peut-être ce film est-il une adaptation fidèle, je n'en sais rien. Mais il me laisse un goût d'inachevé dans la bouche quand même. Ce film possède tous les éléments qui ont fait la réputation sulfureuse du mouvement Beat: du sexe à outrance et très explicite (mais rien de choquant), de la drogue, de la danse suggestive, des excès en tous genre. Une chose m'a frappée, dans les derniers plans, ceux où Sal écrit son livre à la machine à écrire, la ressemblance physique de Sam Riley avec Orson Welles dans ses jeunes années est saisissante, mais la comparaison s'arrête là. Bref, ce film m'aura au moins donné une envie, celle d'acheter Sur la Route et de le lire.
"Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller." Jack Kerouac
La Beat Generation, en deux mots
C'est un mouvement littéraire et artistique né aux Etats-Unis dans les années 50. Kerouac a utilisé ce terme la première fois pour qualifier ses amis écrivains, William Burroughs et Allen Ginsberg. C'est le mouvement précurseur des hippies, pour faire court. Un mouvement qui prône la liberté sexuelle, qui est fasciné par les milieux underground, qui déborde de créativité et qui ne se préoccupe pas de la morale. L'amour est au centre du discours. Le polyamour, l'amour pour la nature, les grands espaces, les spiritualités qui considèrent l'humain comme une partie intégrante du cosmos (chamanisme).
Votre Cinécution
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