lundi 7 mai 2012

CIAO ! MANHATTAN - John Palmer & David Weisman - 1972




Alors que ce soit clair d'entrée, rien dans cette note ne sera objectif! En effet, je voue un culte à ce film! Il me fascine. L'univers du Pop-Art, la Factory, Andy Warhol, The Velvet Underground... et Edie Sedgwick. Je ne résiste à rien! J'adore tout simplement!

C'est donc sur fond de Pale Blue Eyes du Velvet Underground (http://youtu.be/KisHhIRihMY) que je vais raconter un peu ce film et son époque. J'espère qu'à la fin de votre lecture vous aurez envie de le découvrir.

Ce film raconte la fin de la vie d'Edie Sedgwick. Une fille étoile filante qui aussitôt qu'elle eût illuminé le ciel s'éteignit dans l'indifférence la plus totale.



En 1970, une jeune héritière de Californie rentre chez elle, après avoir été pendant 2 ans une superstar underground à New-York et après 3 ans d'hospitalisation. Susan (Edie Sedgwick) rentre à la maison. Elle s'installe dans la piscine. Elle l'aménage comme une véritable chambre à ciel ouvert. Toute la surface de la piscine est recouverte de unes de magazines qui la représentent. Elle a été une star. Susan a côtoyé les plus grands du milieu underground et du Pop-Art, Andy Warhol en tête, dont elle fut la muse. La Factory, elle connaît, elle en faisait partie intégrante. La Factory, littéralement la fabrique. L'endroit où l'on entre en étant personne et d'où l'on ressort en étant quelqu'un. Un pur produit warholien, et surtout pas en étant soi-même. Ce lieu accueillait tout ce que Warhol et ses compagnons pouvaient produire. N'importe quel événement était prétexte à réunir tout le gratin new-yorkais, lequel venait se mêler à tous ces paumés, dépressifs, toxicomanes dont Warhol aimait s'entourer. On y croisait Dali, Dylan, les Velvet Underground, De Niro, Nico ou encore Ultra-Violet. Qu'importe d'être une star ou non, il suffisait d'être là, c'est tout. Warhol considérait Edie Sedgwick/Susan comme son double féminin. Elle était jeune, naturelle et naïve. Elle fit un peu de mannequinat, puis passa le reste de sa vie à ne rien faire d'autre que la fête. Et pourtant, dans l'esprit de beaucoup, elle incarne les sixties au même titre que Jim Morrison ou Bob Dylan. Une icone.

C'est donc du fond de sa piscine, à moitié nue, qu'Edie/Susan, à travers son délire d'alcoolique shootée nous fait revivre les grands moments de La Factory. Elle ressasse ses souvenirs. Ses contacts avec Warhol, le succès, les piqûres "sur-vitaminées" du Docteur Robert (http://youtu.be/xefT22JwhLI) chez qui se pressait toute la jet-set de la Grosse Pomme. Des séances de sauna en pleine transe aux plus grosses fêtes de La Factory, tout y est montré, avec par moment beaucoup de démesure. Toute la faune de la Factory est également présente (relevons une apparition de Roger Vadim).  Le film alterne les parties en couleurs et les partie en noir-blanc. Les parties documentaires et les parties fictives tournées au début des années 70. L'état mental et physique d'Edie/Susan est tellement misérable, que les réalisateurs doivent utiliser des techniques de tournage et de montage nouvelles, utilisant les flash-backs et des images réelles d'Edie au milieu des années 60. L'état psychique d'Edie/Susan est encore renforcé par l'utilisation d'une bande-son aux couleurs étranges.

Ce film a permis à Edie d'exprimer un avis critique non seulement sur sa vie, mais également sur la façon dont Warhol "jetait" ses "produits" après usage ou par simple caprice ou encore sur les idéaux de la génération de la fin des années 60 qui finalement ne s'avérèrent être que des chimères hors d'atteinte. Edie meurt 1 semaine après la fin du tournage, d'une overdose. Elle avait 28 ans.




Edie souffre d'anorexie et voit régulièrement un psychiatre dès le début des années 60. En 1964 elle déménage à New-York et rencontre Andy Warhol en 1965 (http://youtu.be/cNqWTv8mKnU). Il la fait tourner dans plusieurs films qu'il réalise comme Kitchen (http://youtu.be/4x2zV3Gu66g), Beauty nr.2, Vinyl ou Poor little rich Girl (http://youtu.be/os9yoPyrtFs). Le couple devient un couple star dont chaque apparition est un événement. Edie est une jeune femme libre et belle qui devient une idole. Elle est copiée par toute une génération. Durant plus d'un an, le couple est fusionnel, allant jusqu'à s'habiller de la même façon. Edie va même jusqu'à se teindre les cheveux en gris-blond platine et à se faire appeler Miss Warhol. Comme la plupart des "pensionnaires" de La Factory, Edie devient rapidement dépendante à l'héroïne et au speed. Cependant, sa beauté troublante et androgyne lui permet de mener une petite carrière de mannequin en posant pour des magazine tels que Vogue ou Life entre 1965 et 1966.
Sa consommation excessive de drogue lui empêche toutefois de mener une vraie carrière, l'industrie de la mode étant effrayée par cette situation. Elle a une brève aventure avec Bob Dylan dont elle attendra un enfant, mais devra avorter suite à un accident de moto. De plus en plus anorexique et dépendante aux drogues et à l'alcool, elle abuse d'amphétamines en tentant de réduire sa consommation d'héroïne. Elle fait plusieurs passages dans des hôpitaux psychiatriques et subit toute une série d'électrochocs qui la rendront incapable de marcher, de parler. Son frère dira même: « She couldn't walk. She'd just fall over... like she had no motor control left at all. The doctor did a dye test of some sort and it showed the blood wasn't reaching certain parts of the brain... She couldn't talk » Dans la nuit du 15 novembre 1971, elle meurt d'une overdose de barbituriques. Triste destin que celui de cette étudiante en arts plastiques qui avait tout pour réussir.

Ciao! Manhattan est le film où Edie Sedgwick a pu enfin se montrer telle qu'elle était. C'est un film témoin d'une époque révolue où chacun et chacune était prêt à tout pour son quart d'heure de gloire. Finalement, en y regardant bien, une époque pas si révolue que ça.




Votre Cinécution

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