mercredi 12 septembre 2012

DON'T BOTHER TO KNOCK - Roy Baker - 1952

 

 

Sorti en 1952, "Don't bother to knock" (en français "Troublez-moi ce soir"), offre à la sculpturale Marilyn Monroe son premier grand rôle. Cantonnée depuis 1947 à de tout petits rôles (pour certains même pas crédités), le personnage de Nell Forbes permet de révéler une Marilyn qui existe au-delà de son image de bombe sexuelle.
 
 
J'ai découvert ce film à l'adolescence lors d'une soirée où je faisais du baby-sitting (oui chers parents, vos enfants sont gardés par des jeunes filles qui une fois les bambins couchés regardent la TV...). J'ai été touchée par cette femme que je n'avais vu à l'époque que dans des films légers, divertissants, mais néanmoins remarquables et majeurs, dans lesquels elle n'était que la ravissante idiote blonde ("Les hommes préfèrent les blondes", "Comment épouser un milliardaire" ou "Certains l'aiment chaud"). C'est avec ce film que mon admiration pour Marilyn est née.
 
Nell Forbes est une jeune femme qui débarque dans un hôtel parce que son oncle, groom dans l'établissement, lui a dégoté un job de baby-sitter pour la soirée. Elle est timide et réservée, parle très doucement et avec beaucoup de retenue. Elle doit s'occuper d'une petite fille pendant que les parents de cette dernière se divertissent au bar de l'hôtel. La petite couchée, Nell fouille dans les affaires de la mère. Elle essaie ses vêtements, ses bijoux, son parfum. Elle se met à rêver qu'elle est quelqu'un d'autre. Son regard croise celui de l'homme de la chambre vis-à-vis de la sienne. Ils se parlent tout d'abord de fenêtre à fenêtre et installent un jeu de persiennes des plus charmants.
 
 
 
 
A ce stade du film, on a tous les ingrédients pour nous faire croire que nous sommes en train de visionner une gentille comédie romantique... que nenni! "Don't bother to knock" est en fait une tragédie!
 
 
 
Jed Towers, le voisin, interprété par Richard Widmark, rejoint Nell dans sa chambre. Il lui fait du charme. Nell qui est émotionnellement instable et qui sort d'un séjour de 3 ans en institution, s'éprend immédiatement de ce séduisant voisin. Jed remarque, en voulant quitter la chambre, que Nell porte à ses poignets les stigmates d'une tentative de suicide. Il comprend dès lors que cette jeune femme est non seulement un danger pour elle-même, mais qu'elle est potentiellement dangereuse pour les autres. Son attitude face à l'enfant le prouve: elle ne sait comment faire pour qu'elle cesse de pleurer. Elle finira par ligoter l'enfant sur son lit.
 
 
 
 
Ce film a tout du huis-clos, se déroulant presque exclusivement dans la chambre de Nell. Les quelques excursions dans l'hôtel ne sont là que pour illustrer l'histoire parallèle qu'est celle de Jed et Lyn, la chanteuse du bar de l'hôtel, interprété par Anne Bancroft (inoubliable Mrs Robinson du "Lauréat") dont c'est le tout premier rôle, essentiellement chanté. On aurait souhaité ne pas quitter aussi souvent la chambre, afin de conserver la tension dramatique. Le film étant déjà court, 1heure 15, cela aurait intensifié le tout. Mais cela n'enlève rien à la beauté de ce film, même si certains ont vertement critiqué le manque de mise en scène, reprochant à Roy Baker de suivre les acteurs plutôt que d'installer un réel suspense.
 
Ce film révèle la véritable tragédienne qu'était Marilyn Monroe, sommet de cette nature profonde qu'elle atteindra avec "The Misfits" en 1961, soit un an avant sa disparition.
 
 
 
Marilyn avait à l'époque 26 ans. Elle possédait ce visage enfantin qui faisait hiatus avec ce corps à la féminité ravageuse. Sa troublante interprétation de Nell laisse la porte ouverte à plein de suppositions dignes des plus grands psychologues de comptoir. La jeune Norma Jeane ayant été placée dans différentes familles d'accueil pendant son enfance et son adolescence, sa mère étant internée,  s'est-elle inspirée de cette dernière pour donner vie à Nell? Cette voix si douce et ce phrasé si particulier seraient-il dûs au fait qu'elle bégayait adolescente? Ces questions restent ouvertes et il n'est pas nécessaire d'aller gratter plus loin, il convient juste de saluer la performance d'actrice.
 
"Don't bother to knock" sort un an avant "Niagara" de Henry Hathaway qui fera d'elle et pour les dix années qui lui restent à vivre, un sex symbol interplanétaire. Une femme autant adulée que détestée, mais dont le mythe, 50 ans après son tragique décès, est resté intact.
 
Votre Cinécution

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