Nous sommes en 1978. On fête un anniversaire. Hugues est là avec sa caméra. Il ne connaît que Charlie, une petite punkette énervée issue du milieu ouvrier. On comprend assez rapidement avec quel genre d'équipe on se trouve, lorsque le groupe de musique entame une chanson dédiée aux "suicidés de Tegel" (ndlr: Baader, Raspe et Ensslin, connus sous le nom de la Bande à Baader. Un groupe révolutionnaire d'extrême gauche, allemand, impliqué dans plusieurs attentats à la bombe en 1972. Ils furent arrêtés, emprisonnés et retrouvés morts dans leurs cellules).
Ils sont 5: Charlie, Virginie, Marko, Guy et Baltos. Ils ont 20 ans, sont révoltés et ont créé le Groupe Autonome Révolutionnaire (GAR). Ils montent un coup ambitieux et Hugues, étudiant aux Beaux-Arts, doit tout filmer. Le GAR jette son dévolu sur Villas, un paraguayen qui vient régulièrement déposer de l'argent dans une succursale de la SBS de la région zürichoise. Carmen, qui est femme de ménage dans cette banque, doit servir d'appât pour piéger Villas. Nos révolutionnaires en herbe prennent en otages le directeur de la succursale et Villas. Ils obtiennent, face caméra, les aveux du directeur: oui Villas vient régulièrement et depuis des années déposer des sommes d'argent conséquentes. Mais Villas s'obstine à ne pas répondre. Pris au dépourvu, déstabilisés, nos guerilleros genevois commettent des maladresses et blessent Villas. Mais hors de question de le liquider. Il faut fuir et le garder en otage quelque part. Ils aviseront plus tard.
Peu à peu, de petites guerres intestines naissent au sein du groupe. Les causes? Rivalités amoureuses, drogues, désolidarisation. Comment cela va-t-il se terminer? Il vous faudra aller voir "Opération Libertad".
Nicolas Wadimoff signe là son 5ème long métrage de fiction. Co-écrit avec Jacob Berger, également un homme d'images, le scénario laisse aussi la place à la normalité. Ces moments où rien ne se passe. L'ennui, l'attente. Cela donne une saveur toute particulière.
Filmé "caméra à l'épaule", le spectateur assiste à la vie de ce groupe en étant placé derrière l'objectif de Hugues. Il est donc au coeur de l'action. Par moment, on a presque l'impression de tenir la caméra. Cela donne un résultat très spontané, qui ne surprend pas beaucoup, mais qui permet de se sentir impliqué.
Filmé "caméra à l'épaule", le spectateur assiste à la vie de ce groupe en étant placé derrière l'objectif de Hugues. Il est donc au coeur de l'action. Par moment, on a presque l'impression de tenir la caméra. Cela donne un résultat très spontané, qui ne surprend pas beaucoup, mais qui permet de se sentir impliqué.
Wadimoff dresse le portrait d'une jeunesse déterminée à changer le monde. Comme le dit Charlie à un moment : "On ne peut pas changer le monde avec des mots. La société est sourde.". Il décrit une période durant laquelle la jeunesse, à court de moyens pacifiques, n'hésitait pas à prendre les armes pour se faire entendre. Cependant, en Suisse, ce genre de mouvement révolutionnaire fut moins sanglant que dans les pays avoisinants, en Italie avec les Brigades Rouges et en Allemagne avec la Bande à Baader. Nos héros s'énervent d'ailleurs du fait que leur "exploit" n'ait pas été relaté dans les médias, contrairement à celui des Brigades Rouges qui viennent de kidnapper et assassiner Aldo Moro. Inspirés de récits d'activistes connus des deux scénaristes, ces faits auraient pu arriver. J'ai eu trois coups de coeur : Natacha Koutchoumov qui joue Virginie, celle qui garde la tête froide et qui trouve des solutions. Karine Guignard qui joue Charlie, la punkette désespérée. Et Nuno Lopes qui joue Baltos, le déserteur portugais. Mais ils sont tous remarquables. Le cinéma suisse, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, est un beau cinéma. Et les romands sont plutôt doués. Alors il ne faut pas hésiter! Dépêchez-vous!
Votre Cinécution
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