Liberté : état de quelqu’un
qui n’est pas soumis à un maître. Condition d’un peuple qui se gouverne en
toute souveraineté. Possibilité d’agir selon ses propres choix et de s’exprimer
sans subir de pression. La Liberté possède plusieurs facettes et le Festival
international de films de Fribourg (FIFF) a décidé de lui donner la parole lors
de sa 29ème édition, prévue du 21 au 28 mars prochain.
Une compétition internationale de haut vol
12 films, plus de 20 pays
représentés (en comptant les co-productions), voilà qui déjà annonce de bien
belles couleurs. Les habitués du FIFF reconnaîtront avec plaisir certains
cinéastes déjà présents dans les éditions précédentes. Par exemple
l’extraordinaire Mania Akbari, réalisatrice iranienne établie à Londres et
artiste audacieuse, qui présentera ses échanges épistolaires d’un autre genre
avec Mark Cousins (Story of Film :
an Odyssey) dans le très poétique et intime Life May Be. Emotions
garanties 100% pour qui a déjà pu ressentir
la force du travail de cette femme admirable. Adilkhan Yerzhanov, présent l’an
passé avec le très étrange Constructors,
verra son film The
Owners entrer dans la
compétition. Je suis très impatiente de découvrir cette
nouvelle proposition, tant son travail précédent m’avait laissée sceptique.
Les festivaliers auront également
le plaisir de retrouver Géraldine Chaplin dans une co-production République
Dominicaine, Argentine, Mexique, où elle incarne une française distinguée,
transie d’amour pour une toute jeune femme qui vit grâce à la générosité des
touristes sexuels. Sand
Dollars de Laura Amelia Guzman et Israel Cardenas,
pose la question d’un choix : le cœur ou la raison ?
La liberté s’invite aussi dans la
compétition internationale. Une liberté courageuse, défiante, celle de Jafar Panahi
et de son film Taxi. Au volant d’un taxi, le cinéaste iranien
sillonne les rues de ce pays qui lui interdit de filmer, et dresse, au fil des
conversations avec ses passagers, un portrait sans concession, tinté d’ironie,
de l’Iran contemporain.
Et sinon, vous souvenez-vous de In the Name of Love de Luu Huynh,
projeté en 2013 ? Ce film m’a fait découvrir qu’il existait un cinéma
vietnamien. Et bien, ce cinéma-là revient cette année par la grande porte avec Flapping in the Middle of Nowhere de Diep Hoang Nguyen. Radical et percutant, à
l’image du cinéma sud-coréen également en compétition avec A Girl at My Door de July Jung.
Les liens très subtils qui unissent une mère et son enfant sont abordés
par le biais très original du ping-pong dans le film poétique Ata de Chakme
Rinpoche, moine tibétain.
Les autres films en compétition
peuvent être consultés ici.
Liberté : nom féminin
Revendiquer sa liberté, c’est
savoir très exactement d’où l’on vient et quelles sont nos racines. S’il y a bien une femme qui le sait et
qui le crie, c’est Alanis Obomsawin .
Membre du jury international longs métrages, cette pionnière du cinéma
amérindien n’a de cesse, depuis le début des années 70, de s’affranchir des
préjugés liés aux « peaux rouges » et véhiculés par le western
américain. Trois de ses documentaires seront d’ailleurs projetés dans le cadre
de la section Nouveau Territoire :
cinéma indigène nord-américain. Une belle rencontre en perspective.
Autre personnalité féminine
membre du jury : Alix Delaporte.
Cette cinéaste française, issue du journalisme et du documentaire, se fait
remarquer avec son premier long métrage : Angèle et Tony. Une sensibilité frontale et réaliste comme on en
trouve rarement dans le cinéma français. Son nouveau film, Le Dernier Coup de Marteau,
récompensé par deux fois lors de la dernière Mostra de Venise, sera projeté
durant la semaine du FIFF.
La suissesse de l’étape se nomme Ursula Meier. Celle pour qui Mike Leigh
a inventé un prix à Berlin portera son regard rigoureux, authentique, simple et
généreux sur les films en compétition. Elle mènera également une Masterclass
aux côtés de Jean-François Stévenin,
lequel a donné des couleurs à sa Carte
Blanche.
Seul homme du jury international
longs métrages, le cinéaste australien d’origine néerlandaise, Rolf de Heer.
Alanis Obomsawin - photo courtesy of NFB |
Erotisme et humour
Mesdames, sachez-le, il l’a fait.
Thierry Jobin nous a « trouvé le
petit français » ! Nous plongerons en compagnie de Jean-Marc Barr dans les eaux troubles
du désir. En effet, il animera une Masterclass
consacrée à la représentation du corps et du désir, directement liée à la
section Cinéma de genre : Terra
Erotica I. Nous pourrons également le (re)découvrir dans des films très
charnels comme Too much Flesh
ou encore And They call it
Summer. Le cinéma érotique n’est pas l’apanage des hommes, comme
nous le montreront deux cinéastes femmes. L’une est chinoise, Tian-yi Yang.
Elle nous entraînera dans le monde mystérieux du fantasme au féminin avec Longing for the Rain.
La seconde est colombienne, Lina Rodriguez. Elle dépeint dans Señoritas, la
complexité d’une jeune femme, farouchement indépendante, convaincue qu’elle
peut tout assumer toute seule, jusqu’au plaisir sexuel.
Pouvez-vous rire de tout ? C’est la question que pose la
section Décryptage. En proposant des
films aussi variés que Free Fall du
hongrois György Pfàlfi, PlayTime de Jacques Tati ou encore l’excellent documentaire
Caricaturistes, fantassins
de la démocratie.
Hommage à… : La Syrie
A travers le regard du
réalisateur syrien Ossama Mohammed, c’est tout un voile qui se lève sur la
Syrie, et son peuple qui ne cesse de se filmer. Les documentaires et les films
de fictions sélectionnés par ce cinéaste passionnant racontent une histoire de
la Syrie par le cinéma.
Silvered Water, Syria Self-Portrait - Ossama Mohammed |
A ne pas manquer…
Soyons réalistes :
impossible de voir les 130 films proposés sur 8 jours. Donc, voici les films
que je vous suggère de ne pas manquer, en plus de tous ceux déjà mentionnés
ci-dessus :
-
Local God de
Gustavo Hernandez (parce que les films d’horreur c’est fun!)
-
Néa de Nelly Kaplan (parce que y a
Sami Frey dedans et que l’unique projection est suivie d’une rencontre avec Edi
Stöckli, l’homme qui a introduit le cinéma porno en Suisse... et que ça va être
drôle de l’entendre nous dire comment il camouflait les « schnäbeli »
sur les pellicules…)
-
Doc of the Dead
d’Alexandre O.Philippe (vous saurez tout sur les zombies… d’où ils viennent, où
ils vont, dans quel état ils errent… et surtout, le matériel dont vous devez
disposer pour vous en protéger… essentiel de nos jours !)
-
Silvered Water, Syria
Self-Portrait d’Ossama Mohammed (parce qu’il est nécessaire de voir
des images de la descente aux enfers de la Syrie filmées par les gens sur place
à l’aide entre autre de téléphone portables. Ne fermons pas les yeux !)
-
Haemoo de
Sung-bo Shim (parce que ce film est produit par Bong Joon-ho, l’incroyable
réalisateur de Memories of Murder , Mother, ou encore The Host – le film qui a remis au goût du jour les films de
monstres- ou dernièrement Snowpiercer)
-
Kubot : The Aswang
Chronicles 2 d’Erik Matti (parce que le rire sonore et contagieux
du cinéaste philippin résonne encore dans les rues de Fribourg et qu’après un
détour par le thriller – On the Job –
il revient à ses premières amours: les films de monstres poilus…)
-
A Girl walks home alone at
Night d’Ana Lily Amirpour (parce qu’une femme voilée, vampire qui
plus est, qui erre dans une ville imaginaire où tous parlent le farsi, on ne
peut tout simplement pas passer à côté)
Et un dernier conseil : n’oubliez pas d’être curieux !
Toutes les infos et billeterie ici.
ST/11.03.2015
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