Se réveiller un dimanche matin et
se dire que la première chose que l’on fera après le café, c’est écouter
Jean-Marc Barr parler du corps (surtout de son corps), du désir et du sexe au
cinéma, y a pire moi j’dis ! L’homme est bien dans son corps, bien dans sa
tête. Il assume sa sexualité et les chemins divers et variés qui l’on conduit à
son épanouissement actuel. Un ravissement de l’écouter dialoguer avec Patrick
Morier-Genoud.
Puis, flottant sur un petit nuage,
je me suis dirigée vers la première projection de ma journée : Children’s Show,
film philippin réalisé par Roderick Cabrido. C’est l’histoire de deux jeunes ados,
quasi livrés à eux-mêmes, qui vivent chez leur grand-mère depuis le suicide de
leur mère. Ils participent à des matchs de boxe très violents et flirtant avec
la légalité afin de subvenir aux besoins du ménage. La relation fragile avec
leur père alcoolique devient de plus en plus dangereuse. L’intention du
cinéaste est bonne, le résultat nettement moins. Bien que la photographie soit
très soignée, que les plans soient intéressants, la surenchère proposée par la
bande-son poussée à fond représente tout ce que je déteste, surtout si elle n’est
pas justifiée, comme dans les films d’Hélène Cattet et Bruno Forzani par
exemple. Les goûts et les couleurs me
direz-vous ? Oui… et non. Le sujet, sensible à la base, ne nécessitait pas
tant d’effets superflus. Le film perd en authenticité et on en vient à se
sentir manipulé, ce qui n’est pas très agréable. La bande originale est
insupportable tellement elle est binaire. A l’image des coups distribués me
redirez-vous… oui… mais cela ne fonctionne pas de cette manière. C’est dommage,
très dommage. Parce que ce film aurait vraiment gagné en qualité et en
intensité si le réalisateur avait su rester fidèle à ses racines et n’avait pas
voulu imiter un cinéma qui ne lui ressemble pas.
Children's Show - Roderick Cabrido |
Un peu dépitée – et c’est
suffisamment rare pour être signalé – j’ai modifié mon programme pour me
diriger vers la section Cinéma de genre… un peu d’érotisme pour sauver cet
après-midi. Et bien non ! Misère, misère… Quand ça veut pas, ça veut pas…
Si l’ennui peut véhiculer une
charge érotique puissante, sous certaines conditions, celui présent dans Señoritas de
Lina Rodriguez est mortifère. Cela faisait longtemps que je n’avais pas failli
mourir d’ennui. Entre les interminables déambulations de l’héroïne dans des rues
sombres, filmée de dos, la nuit, et les
séances de masturbation – dénuées de tout érotisme – c’est long… très long…
trop long. Pour ne rien vous cacher, j’ai tenu une heure avant de quitter la
salle. Peut-être aurais-je dû attendre le Q&A à la fin de la projection,
mais sincèrement, je n’en pouvais plus. Et je regrette de le dire ainsi, mais
vous qui me lisez et me suivez depuis quelques années, vous savez comment je suis.
Je ne peux pas vous mentir, ni exprimer des sensations que je n’ai pas
ressenties.
Señoritas - Lina rodriguez |
J’ai donc écourté ma journée et
décidé de m’octroyer une soirée peinarde à la maison, en visionnant un film qui
m’a réconciliée avec le 7 ème art. Rassurez-vous, la crise fut de courte durée :
Orson Welles me sort de ce genre de situation à la vitesse de l’éclaire !
En résumé, mis à part la
Masterclass de Jean-Marc Barr, cette journée a été un échec. Cela dit, il est
tout à fait normal que sur les quelques 130 films projetés, certains ne
comblent pas toutes mes envies et mes attentes de cinéphiles un peu barjot.
Cela n’entame en rien mon enthousiasme, car je suis réconfortée sur une chose :
j’ai pris des risques. Et c’est cette prise de risque qui rend les festivals de
cinéma si excitants. Et demain, on repart sur de nouvelles aventures !
ST/22.03.2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire