dimanche 28 octobre 2012

LIKE SOMEONE IN LOVE - Abbas Kiarostami - 2012

Une coproduction franco-japonaise, un réalisateur iranien exilé, une histoire aux thématiques universelles : l'amour et la solitude. Un film dans lequel il n'est pas facile d'entrer tant que l'on n'a pas accepté de se laisser aller à la lenteur du propos. Autant dire que ce matin, avec les premières neiges et la petite balade vivifiante qui m'a menée au cinéma, j'étais un peu "électrique". Il m'a fallu une dizaine de minutes pour vraiment me laisser happer.
C'est  un film étrange où l'on ne comprend pas tout de suite où et avec qui nous sommes. Un café, un plan large, plusieurs personnages qui sont en mouvement et une voix de femme qui sort de nulle part mais qui semble être au téléphone. Elle se justifie : "Je suis à tel endroit, avec telle personne. Non, pas ce soir, je suis fatiguée. Je dois préparer mon examen." Une succession de mensonges. Et soudain, la caméra se retourne et apparaît le visage d'une jeune femme: Akiko.



Un homme s'assoit à table et lui rappelle le rendez-vous de la soirée. Akiko tente de se dérober en expliquant que sa grand-mère est en ville et qu'elle repartira dans la soirée et qu'elle souhaite la voir. Rien à faire, l'homme la met dans un taxi, paie le chauffeur. Akiko s'en va accomplir son travail de nuit : prostituée. Elle ne verra donc pas sa grand-mère qui l'attend sous une statue au milieu d'un rond-point, seule.



Akiko arrive chez Watanabe Takashi, un ancien professeur de sociologie à la retraite. Le vieil homme vit seul au milieu de ses bouquins. Que se passera-t-il entre eux? On ne le saura pas, on ne pourra que le deviner. Le lendemain matin Takashi emmène Akiko vers son école afin qu'elle puisse passer son examen. La jeune femme se fait aborder violemment par son petit ami. Ce dernier vient frapper à la vitre de la voiture de Takashi et s'installe sur le siège passager, étant certain qu'il est le grand-père d'Akiko. S'engage alors entre les deux hommes une discussion sur la vie, les relations hommes-femmes. Il avoue au bout d'un certain temps qu'il n'est pas le grand-père d'Akiko, il ne dévoilera cependant pas le rôle qu'il joue dans la vie de la jeune étudiante.



Ces trois personnages se rencontrent, se découvrent, se mentent, avec comme fils conducteurs, l'amour et la solitude.

La solitude du vieil homme qui tente de la combler en s'offrant la compagnie de charmantes jeunes femmes. La solitude d'Akiko, qui en mentant continuellement s'enferme peu à peu sur elle-même. La solitude de Noriaki, éperdument amoureux d'Akiko qui fuit en permanence, honteuse de son emploi de nuit. Celle de la grand-mère, qui aura passé une journée complète à errer aux alentours de la gare de Tokyo dans l'espoir de voir sa petite-fille, sans succès. La solitude de la voisine de Takashi, qui a choisi le célibat pour rester auprès de son frère invalide et qui passe ses journées à regarder au travers de sa toute petite fenêtre, les va-et-vient chez son voisin. Voisin dont elle était secrètement amoureuse étant jeune.



L'amour: celui d'une grand-mère pour sa petite-fille. Celui d'un vieil homme pour une jeune femme à qui il pardonne tout et pour qui il est plein d'attentions. L'amour d'un fougueux jeune homme pour la femme qu'il aime et dont il ne supporte plus les mensonges.

Un film lent, très lent. Des images sublimes. Les pare-brises des voitures, les rétroviseurs, les miroirs, sont autant de toiles de projection qui reflètent l'environnement. Trois lieux principaux: le bar, l'appartement de Takashi et la voiture. Des lieux clos qui favorisent les confessions, les rapprochements, les déchirements. Un film doux et tendre qui se termine sur une note dure qui nous laisse cois. A croire que tant l'amour que la solitude ne se brisent que dans la violence.



Votre Cinécution

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