samedi 28 juillet 2012

LAST TANGO IN PARIS - Bernardo Bertolucci - 1972

J'ai découvert "Le dernier Tango à Paris" lorsque j'étais jeune adolescente, je devais avoir 14 ans, quelque chose comme ça. J'allais à l'école secondaire en ville et j'avais, avec l'autorisation de mes parents, une carte de vidéo-club. J'allais donc régulièrement après les cours, louer des vidéos pour les voir à la maison et pour les faire partager à ma famille. "Le dernier Tango à Paris", celui-là, je l'ai loué en cachette. Le propriétaire du vidéo-club, qui savait que j'étais une grande cinéphile (malgré mon jeune âge), m'autorisa à louer "Le dernier Tango à Paris", bien qu'il était interdit aux moins de 18 ans.

Le grand défi, c'est aussi de vous parler de ce film que j'aime sans passer pour une tordue, tant ce film a une connotation sexuelle, perverse. C'est un film cru, sans concessions. Bertolucci se laissait littéralement diriger par Marlon Brandon, lequel a beaucoup contribué à la réputation sulfureuse de cette pellicule. La scène la plus connue, même de ceux qui n'ont jamais vu le film (!), est celle de la plaquette de beurre et de la sodomie qu'impose le personnage de Brando à Jeanne, interprétée par Maria Schneider. Mais résumer ce film à cette seule scène est une grosse erreur! C'est la rencontre de deux êtres désespérés. Jeanne est jeune, amoureuse de son compagnon qui joue à faire le cinéaste, totalement consciente de l'effet que son corps produit sur les hommes. Une jeune femme qui a besoin de plaire, de se sentir désirable. Paul, quant à lui, est un homme dans la fleur de l'âge, mais rongé par le suicide de sa femme Rosa. Il est inconsolable. On a l'impression que la seule façon pour lui de se sentir encore vivant est d'abuser du sexe. Le sexe procurant une sensation de vie, de puissance, à cet homme qui prend l'ascendant sur une jeune femme à qui, il fait, d'une certaine façon, découvrir la sexualité dans sa nature la plus crue. Pas de sentiments, pas de noms : du sexe.



Ce film a fait scandale à sa sortie et a marqué les mémoires. En Italie, lorsqu'il sortit en décembre 1972, il fut aussitôt interdit et un long procès s'en suivit. Le film n'a été réhabilité qu'en 1987 et les italiens purent alors le voir. En Espagne, qui souffrait alors sous le régime de Franco, le film fut aussi interdit. Les espagnols faisaient alors le voyage vers la France, pour voir ce film qui était devenu un symbole de liberté et de désir d'ouverture dans les dernières années de la dictature.


Le film débute sur un quarantenaire, Paul (Marlon Brando) qui jure en entendant passer le train. Le bruit du train l'insupporte. Passe alors une jeune femme, Jeanne (Maria Schneider). Elle est vêtue d'un long manteau blanc et d'un chapeau en feutre noir surmonté d'une fleur violette.



Elle est en quête d'un appartement à louer. Elle en visite un et tombe sur Paul qui lui aussi a jeté son dévolu sur le même bien. Rapidement, ils font l'amour. Mais pas de noms. Paul ne veut pas savoir qui elle est. Chacun repart de son côté. Ils se reverront et deviendrons amants. Leur histoire, intense et passionnelle, ne durera que quelques jours.

L'appartement où ils se rencontrent agit comme un cocon qui les préserve non seulement du temps, mais également du regard inquisiteur que pourrait poser la société sur un tel couple. Paul provoque Jeanne dans des jeux érotiques, il impose également sa vision de la sexualité et ses propres codes.
Ce qui choque le plus, ce sont les propos : les scènes de sexe se situant, même si elles sont explicites, dans l'imaginaire du spectateur, tant les détails qui sortent de la bouche du personnage de Brando ne laissent planer aucun doute sur ce qu'il est en train de se passer.




Les scènes les plus puissantes du film sont, à mon avis, celle où Paul se recueille dans la chambre mortuaire de son épouse décédée et qui révèle, s'il était encore besoin de le faire, le talent fou de Brando, celle du grand concours de tango où le discours et le comportement des amants contrastent avec celui des danseurs à l'élégance toute argentine et bien sûr, la course poursuite dans les rues de Paris où Paul poursuit Jeanne qui déjà ne l'aime plus. La fin est tragique, digne des plus grandes histoires d'amants maudits.



J'espère vous avoir donné l'envie de (re)découvrir "Le dernier Tango à Paris". Mesdames, sachez que Marlon Brando n'aura jamais été aussi séduisant que dans ce film et messieurs, Maria Schneider est sublime. Voyez, revoyez ce film, forgez votre propre opinion et passez outre les clichés qui circulent à son propos: c'est un chef-d'oeuvre qui vous marquera à jamais.

Vous voulez en savoir plus, notamment sur l'influence des peintures de Francis Bacon sur Bertolucci, c'est ici.


Votre Cinécution

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