lundi 23 avril 2012

LE ROI ET L'OISEAU - Paul Grimault - 1980


Pourquoi Le Roi et l'Oiseau? Parce qu'il est urgent de mettre de la poésie dans nos vies!

Je l'ai revu ce dimanche. Une envie. Je repensais aux films d'animation que j'avais vus enfant et celui-ci, de même que La Rose de Bagdad d' Anton Gino Domenighini (http://youtu.be/a033p05Zzqs), sont les deux qui m'ont marquée.


L'Histoire d'une rencontre, 30 ans de travail

 
Fin de la 2ème Guerre Mondiale, Jacques Prévert et Paul Grimault se rencontrent. Ils réalisent ensemble Le Petit Soldat. Regardez-le, vous allez en tomber amoureux, je vous le garantis! => http://youtu.be/HlN5zJCHNuo

Prévert et Grimault en 1945

Prévert et Grimault décident de continuer à travailler ensemble et décident d'adapter un conte d'Andersen: La Bergère et le Ramoneur. Ils ne conserveront cependant que les deux personnages principaux, le ramoneur et la bergère. Dès 1945, Prévert commence à élaborer un premier scénario. Ils se rencontrent régulièrement avec Grimault, se laissant des moments de réflexions personnelles où ils ne se rencontrent pas. Jusque vers 1950, Grimault forme une quantité phénoménale de nouveaux animateurs et réussi à réunir plus d'une centaine de personnes autour de lui, constituant ainsi une des équipes les plus importantes d'Europe. Il crée ensuite avec son ami André Sarrut, une société de production Les Gémeaux. Les soucis financiers s'accumulent. Sarrut reproche à Grimault son perfectionnisme. Les deux amis se fâchent. Sarrut décide de sortir La Bergère et le Ramoneur, sans Grimault et son équipe. Prévert et Grimault refuseront de signer cet ouvrage car il ne correspond pas à leurs souhaits. Nous sommes en 1953. Sarrut et Grimault ne se parleront plus jamais.


En 1967, Grimault récupère les droits et le négatif du film. Mais Grimault a évolué. La version de 1953 ne lui correspond plus. Il entreprend dès lors de la revisiter. Il cherche à nouveau des fonds. Des propositions lui viennent des Etats-Unis et de Russie, mais Grimault les refusent. Il souhaite conserver son équipe et rester là où il est. Hors de question pour lui de délocaliser la production de ce film. Finalement, après presque 10 ans, il obtient une aide du CNC (Centre national de la cinématographie), de Robert Dorfmann (qui à l'époque avait déjà produit Le Passe-Muraille ou encore Jeux Interdits), ainsi que le soutient d'Antenne 2 (actuelle France 2).
Grimault travaille alors d'arrache-pied, avec une équipe réduite, mais hautement performante, entre 1977 et 1979. Prévert et lui se voient régulièrement, améliorent le scénario originel, l'enrichissent. Prévert déjà très malade s'impliquera jusqu'à son décès en 1977. Le conflit entre le roi et l'oiseau prend de l'importance, pour finalement s'imposer. Le Roi et l'Oiseau est donc un nouveau film.

Paul Grimault a eu une très grande influence sur le monde du film d'animation, notamment pour les deux fondateurs des Studios Ghibli, Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Leurs noms de vous disent rien? Mais vous avez vu leurs films: Mon Voisin Totoro (http://youtu.be/TuLX50_5UAI) , Princesse Mononoké (http://youtu.be/VHtgGmdoYiU) ou le Voyage de Chihiro (http://youtu.be/eik3angwgD4), ours d'or à Berlin en 2002 de Miyazaki, et l'inoubliable Tombeau des Lucioles de Takahata (http://youtu.be/9_KCRIDbEXM).

Merci à Florence Pommery, dont le dossier hyper complet publié en 2003 a servi de référence.


 



Le Roi et l'Oiseau: le film


ATTENTION SPOILERS!

Le roi Charles Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize règne sur le royaume de Takicardie. C'est un tyran mégalo, obsédé par son image. Il fait d'ailleurs fabriquer, dans une usine toute consacrée à cela, des bustes à son effigie. Le royaume regorge de représentations du souverain (statues, bustes, portraits...). Le roi est secrètement amoureux d'une bergère qui orne un des tableaux présents dans sa chambre située dans ses appartements secrets. Mais cette dernière est amoureuse du ramoneur qui se trouve sur le tableau juste à côté d'elle. Un soir, les amoureux s'enfuient. L'image du roi représentée sur un tableau en court d'élaboration part à leur poursuite, escortée par la police. Le royaume est averti : une charmante bergère et un petit ramoneur de rien du tout, de rien tout, se sont enfuis. L'oiseau, qui est le pire ennemi du roi (et symbole de liberté), vient en aide à nos deux fugitifs. Malheureusement, le roi, avec l'aide de son gigantesque robot (que l'on découvrira capable de sentiments) attrape la bergère. Il envoie le ramoneur et l'oiseau à l'usine, pour finalement les jeter aux lions. Nos deux malchanceux s'en feront des amis et réussiront à interrompre le mariage entre le roi et la bergère. Le roi prend la fuite avec la bergère toujours prisonnière sur son automate. Mais l'oiseau réussit à prendre les commandes du monstre d'acier. Il fait disparaître le palais, le royaume et son tyran. Le robot à la toute fin du film, libère une des dernières victimes du roi (un petit de l'oiseau) et détruit la cage dans laquelle il était retenu. Un véritable message de paix et de liberté.





Le Roi et l'Oiseau, c'est aussi une merveilleuse bande originale de  Wijciech Kilar (http://youtu.be/ocMZc3B_7gE), qui vous poursuit jusqu'à l'âge adulte et que vous vous surprendrez à siffloter un jour ou l'autre. Les textes des chansons interprétées dans le film sont signés Jacques Prévert et la musique Joseph Kosma. Les dialogues sont aussi de Jacques Prévert.

Le Roi et l'Oiseau véhicule aussi beaucoup de messages et fourmille de références (Fritz Lang et son Metropolis, Les Temps Modernes de Chaplin, le Penseur de Rodin, Inventaire de Prévert, et assimile même le Roi a un des dictateurs les plus sombres de l'histoire qui avait, parmi d'autres atroces credos, celui-ci : le travail rend libre...) Plongez-vous une fois dans tout cela et vous ne verrez plus jamais le Roi et l'Oiseau comme un film fait uniquement pour les enfants.

"Je pense toujours à ceux qui verront nos films, tout ce que nous avons voulu leur dire, tout ce que nous avons semé ne disparaît pas définitivement à la fin du spectacle (…) Un film n’est jamais terminé ; c’est dans l’esprit du spectateur qu’il poursuit son chemin et que la graine, s’il y en a une, va commencer à germer ". Paul Grimault
Votre Cinécution

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