La vie d'Adèle, ou plutôt l'éducation sentimentale d'Adèle. A la veille de sa majorité, Adèle découvre les plaisirs de la chair, le désir, l'amour, alors qu'elle ne cherche pas particulièrement à plaire et ne remarque pas les regards que les garçons posent sur elle. "Je suis une femme...", c'est cette affirmation tirée du roman de Marivaux, La Vie de Marianne, qui lance le parcours initiatique de cette jeune fille qui va apprendre à devenir adulte et responsable.
Alors qu'elle entame une liaison avec un garçon de son lycée, Adèle se confie à son meilleur ami: il manque quelque chose dans sa vie. Le petit truc qui fait qu'elle n'est pas pleinement heureuse. C'est au détour d'un passage pour piétons, qu'elle croise pour la première fois le regard d'Emma, jeune femme aux cheveux bleus. Ses rêves intimes sont alimentés par des images de la belle sauvageonne. Adèle met fin à sa relation avec son camarade. Elle découvre le coup de foudre et sa nature profonde: elle aime les filles.
Lors d'une virée dans une boîte gay, Emma et Adèle font connaissance. C'est le début d'une histoire d'amour passionnelle. Si dans la famille d'Emma son homosexualité est connue et acceptée, dans la famille d'Adèle, il en est autrement. Emma n'est que celle qui lui donne des cours particuliers de philosophie. Les deux jeunes femmes vont s'aimer, vont grandir et devenir adultes ensemble. Elles vont s'aimer aussi follement qu'elles vont se quitter avec violence.
Je ne reviendrai volontairement pas sur la polémique qui a démarré en fin d'été et qui accusait Abdellatif Kechiche d'avoir une direction d'acteurs plutôt musclée. Il n'est pas le premier, ni le dernier cinéaste tyrannique. Il suffit de se souvenir de Kubrick et de sa direction d'acteurs avec le couple Cruise-Kidmann dans Eyes wide Shut. Au final, probablement un de ses plus beaux films! Non, je ne m'attacherai qu'au résultat. Un film magnifiquement filmé. Une caméra qui n'a de cesse de caresser ses actrices, d'être au plus près de leurs peaux, de leurs souffles. On est troublé, emmené dans un tourbillon charnel, d'amours saphiques.
A ceux qui crient au scandale et à l'indécence des scènes de sexe, qui sont très explicites et détaillées, je n'ai qu'une seule question: c'est quand la dernière fois que cela vous est arrivé d'être pareillement désirés et d'aimer avec une telle intensité? Derrière ces critiques, on sent surtout beaucoup de frustration. Ces scènes n'ont absolument rien de choquant, ni de vulgaire. C'est l'expression physique de l'amour de ces deux jeunes femmes. Et c'est tout simplement sublime.
Au-delà de cette magnifique, et tragique, histoire d'amour, il y a aussi d'autres thèmes qui sont abordés, de manière furtive: les disparités sociales, intellectuelles. Ces thématiques sont abordées finement, sans grossir le trait, ni émettre de jugement.
La durée du film, 3 heures, ne doit pas vous décourager. Il n'y a pas de place pour l'ennui. On suit de façon fluide, malgré une ellipse importante de plusieurs années, l'apprentissage de la vie d'adulte de cette jeune femme, merveilleusement interprétée par Adèle Exarchopoulos. Ses hauts, ses bas, ses espoirs et ses désillusions. La Vie d'Adèle est un film délicat, bouleversant, qui m'a fait exploser le cœur. Je me battrai bec et ongles pour qu'il ne soit jamais qualifié de vulgaire ou d'obscène.
A lire: Le Bleu est une Couleur chaude de Julie Maroh, publiée en 2010 chez Glénat. Il s'agit de la bande-dessinée originale qui a servi à l'adaptation de Kechiche.
A lire: Le Bleu est une Couleur chaude de Julie Maroh, publiée en 2010 chez Glénat. Il s'agit de la bande-dessinée originale qui a servi à l'adaptation de Kechiche.
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