jeudi 3 janvier 2013

SIGHTSEERS - Ben Wheatley - 2013



Et si l'on commençait l'année avec une bonne dose de deuxième degré et d'humour.... noir? Ben Wheatley, qui m'avait traumatisée avec son désormais incontournable et terrifiant "Kill List" et qui m'avait provoqué, durant le Festival del Film Locarno 2012, des cauchemars dans le bus VW, revient en force avec cette comédie pour le moins atypique. Amateurs de comédies romantiques à l'eau de rose, passez votre chemin! "Sightseers" ou "Touristes" en français, est un film pour sales gosses mal élevés... et j'adore ça!

Bon, maintenant que le cadre est posé, rentrons dans le vif du sujet: du sexe, une caravane, des musées, des meurtres... en gros, c'est ce que vous trouverez dans ce film. Ah oui, il y aussi l'amour! L'amour entre Chris et Tina. Tina tout d'abord, 35 ans, "vieille fille" qui habite encore chez maman. Sa mère est possessive, envahissante et adepte du chantage affectif. Tout pour que sa fille soit équilibrée en somme. Puis Chris.  Fin de la trentaine, officiellement au chômage, mais officieusement en congé sabbatique pour écrire un livre. Son rêve? Emmener Tina, avec qui il forme un couple depuis trois mois, en camping car, à la découverte des merveilles que proposent l'Angleterre soit : le Musée du Tram de Crich, le Musée du crayon de Keswick, des sites mésolithiques et finalement le viaduc de Ribblehead.



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Après d'âpres négociations avec la mère de Tina, nos deux amoureux prennent la route. Chris a préparé une feuille de route détaillée, avec des cases à cocher lorsque les musées, sites et autres campings auront été visités, fréquentés. Tout est bien cadré. Ce qui n'était pas prévu au programme, c'est ce touriste qui, tout à fait consciemment, laisse tomber le papier de sa glace et ne le ramasse pas. Chris le lui fait remarquer. Le touriste s'en fiche et lui adresse un doigt d'honneur. Chris ne réagit pas, mais continue à s'énerver au café avec Tina. Ce sera le hasard qui se chargera de laver l'affront fait à Chris, lui qui n'a qu'un souhait : être craint et respecté. C'est le début des ennuis... et celui d'une cavale qui va se terminer au viaduc de Ribblehead.

Entraînés dans une espèce de folie à deux, les deux amoureux iront trop loin, beaucoup trop loin.



Comme évoqué plus haut, l'humour est noir, très noir, et le second degré, légion. Je me suis surprise à éclater de rire sur des horreurs, limite je me sentais coupable de rire... mais quel régal! Franchement outranciers, frôlant les limites, les dépassant même quelques fois, Ben Wheatley, Steve Oram et Alice Lowe, qui ont signé le scénario, sont géniaux! Steve Oram et Alice Lowe ont créé leurs personnages (Chris et Tina) en leur inculquant une certaine fragilité et un second degré assez délicieux. Ils y vont franchement, sans aucune retenue. Ils n'hésitent jamais et vont régulièrement trop loin... si loin que je demande même si quelque chose pourraient les arrêter. Étonnamment, je me suis attachée à eux.

Ben Wheatley flirte un peu avec le film social à l'anglaise, mais coupe court à tout amalgame que pourrait faire un cinéphile en y insufflant de la misanthropie, de la brutalité et des scènes de très mauvais goût. Ceci a la faculté de nous bousculer, et c'est génial!



Ce réalisateur de 42 ans est un farouche indépendant Il creuse son propre chemin avec un style désormais reconnaissable et tout cela est très excitant. Il réussit également à intégrer la musique dans ses films, de façon surprenante, à l'image des chansons qui illustrent l'amour de Tina et Chris : "Tainted Love" de Soft Cell et "The Power of Love" de Frankie Goes to Hollywood. Il nous prend un peu à contre-pied. Ce gars est fascinant et je me demande jusqu'où il sera capable d'aller. Une certitude cependant, j'ai hâte de découvrir son prochain film. Parce que oui, Ben Wheatley, on adule ou on abhorre. Avec un cinéma aussi intense, on ne peut faire dans la demie-mesure... et moi, j'adule!


Votre Cinécution



RECOMMANDATION:

Si vous ne le connaissez pas, je vous invite vivement à découvrir ce film de Leonard Kastle, qui peut faire écho à celui de Ben Wheatley... et qui est aussi vraiment bien!


 

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