samedi 17 novembre 2012

KAMA SUTRA - Mira Nair - 1996


Maya et Tara sont deux jeunes filles qui grandissent côte à côte. Une chose les différencie cependant : Tara est une princesse et Maya sa servante. Cela ne les empêche pas de prendre des cours de danse traditionnelle ensemble. Elles sont les meilleures amies du monde et sont inséparables.
En grandissant , la beauté de Maya devient remarquable, elle fait de l'ombre à la jeune princesse Tara qui est promise au prince régnant du royaume voisin, Raj Singh. Un prince opiomane, machiste, possédant un harem impressionnant. Lorsque, lors de la présentation de l'épouse à son futur mari, le prince ne remarque que Maya, Tara ne le supporte pas : elle lui crache à la figure et lui ordonne de rejoindre sa chambre, la renvoyant à son statut de servante.
Alors que les différents rituels qui précèdent le mariage ont cours, Raj se retrouve seul avec Maya et lui fait l'amour. Maya qui jusqu'à maintenant avait toujours porté les vieux saris de Tara lui a pris quelque chose qui lui appartient pour la vie : le corps de son mari. La famille de Tara répudie Maya. La rivalité entre les deux femmes est dès lors le centre l'intrigue.


Lors du rituel d'ablutions dans les eaux du Gange, Maya fait la connaissance de Jay Kumar. Jay est sculpteur à la cour du roi et les deux ne tardent pas à devenir amants. Comme elle ne sait où loger, il la présente à Rasa Devi : une magnifique femme qui fut, dans sa jeunesse, la première courtisane du roi. Elle initiera Maya aux mystères du Kama Sutra, cet art ancestral de l'amour. Au-delà de l'acte sexuel en lui-même, le Kama Sutra est l'art de la jouissance, pour les deux partenaires. Rasa inculque également à Maya que la femme a, tout autant que l'homme, le droit de désirer. Maya, après son initiation, est accueillie comme première courtisane à la Cour. Elle retrouve Tara et Raj Singh. La lutte, entre les deux amies d'enfance devenues rivales, se jouera sur un terrain sensuel...



Mira Nair, dans ce sublime film initiatique, ne se contente pas de nous livrer un mode d'emploi du Kama Sutra, ni de nous en exprimer les vertus bénéfiques pour notre vie sexuelle, elle met en lumière une femme en avance sur son temps. En effet, Maya, bien qu'issue d'une caste modeste, se refuse à toute servitude et prend sa vie en main comme elle l'entend. C'est une femme libre avant l'heure et qui use, et abuse, de ses charmes, pour arriver à ses fins. Mais c'est également une femme de caractère qui tient tête au roi. Ce film est une apologie du pouvoir sexuel de la femme. La femme n'y est pourtant pas décrite comme un objet sexuel, ou lorsqu'elle l'est, c'est uniquement dans le but de dénoncer cet état de fait.



Avec un titre aussi sulfureux, vous imaginez bien que la sexualité, la sensualité et l'érotisme sont présents. Cependant, ce n'est pas le propos prinicipal du film. L'histoire, universelle et peu originale (elle peut-être transposée à n'importe quelle époque et dans n'importe quel milieu), trouve sa force dans les personnages principaux et notamment dans celui de Maya. Une femme qui entend bien utiliser son corps comme elle le souhaite.



Mira Nair jette, dans ses films "Kama Sutra" ou "Monsoon Wedding", un regard fasciné et fascinant sur les traditions de son pays. Toutefois, elle ne se laisse pas aveuglée par la beauté des rituels, mais y pose également un oeil critique, en s'interrogeant sur la place réelle des femmes dans la société indienne. Dans sa filmographie, et plus spécifiquement dans "Salaam Bombay!"elle n'hésite pas à montrer une image plus méconnue de l'Inde, en l'occurrence le destin des enfants des rues souvent entraînés dans des réseaux de prostitution.



Mira Nair, une cinéaste engagée? Probablement. Même si "Kama Sutra" dépeint une Inde idéalisée (saris aux couleurs vives, palais magnifiques, temples superbes, philosophie...) il n'en est pas moins un film féministe engagé, mais également un film qui offre un éclairage sur le système des castes au travers de la sexualité comme l'a fait, quelques années plus tard, Ashutosh Gowariker et son film "Lagaan" qui expliquait ce système au travers d'un match de cricket. Entre le cricket et le Kama Sutra, je vous laisse choisir ... Même si j'adore ces deux films, moi, j'ai fait mon choix...




Votre Cinécution





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