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lundi 9 décembre 2013

HENRI - Yolande Moreau - 2013



"Santé, bonheur et pipe à toute heure!"  Vous pensiez avoir affaire à un film convenu et mièvre sur les relations intimes des personnes intellectuellement retardées? Détrompez-vous! Henri est un film sur la renaissance, l'envol et la joie de vivre. 


Henri (Pippo Delbono) et Rita (Lio) sont mariés depuis un peu plus de vingt ans. Ensemble, ils sont à la tête d'un restaurant de village, La Cantina. Métro-boulot-dodo... Installé dans la routine, leur couple s'est émoussé. Ils s'apprécient, se respectent, mais n'ont plus de vie intime. Henri s'évade auprès de ses pigeons voyageurs, rêvant secrètement pouvoir lui aussi, un jour, prendre son envol. 





Lorsque Rita meurt subitement, Henri se retrouve désemparé à devoir gérer le café. Sa fille propose alors de demander l’aide d’un « papillon blanc » : un membre d’une institution pour personne avec déficience mentale. Rosette ( la touchante Candy Ming) entre dans la vie d’Henri. Leurs destins s’en trouvent changés.



Yolande Moreau a campé le décor de son film dans un village des alentours de Charleroi. Une région où bon nombre d’italiens sont venus s’installer après la guerre. Les personnages principaux, de même que les rôles secondaires,  sont tous issus de la classe ouvrière. Henri, avec les années et la lassitude, boit un peu trop de bières avec ses potes de comptoir : Bibi et René. Ils écoutent inlassablement les bulletins météorologiques pour savoir quel sera le moment le plus propice à un lâcher de pigeons. Leurs propos ne sont pas toujours des plus délicats et leurs plaisanteries sont parfois limites. La réalisatrice, et scénariste, a su, avec intelligence, éviter les faux-pas. En montrant les points communs entre Henri, ses amis et les résidents du foyer, notamment leur grivoiserie. Elle met en lumière leurs préoccupations, lesquelles sont universelles : l’amour, le sexe. Chacun à leur façon sont un peu « à part » et peinent à trouver leur place. 

 

La talentueuse belge réussit un tour de force : celui de ne pas dépeindre l’univers des handicapés comme quelques chose de pseudo-poétique ou de mignon. On sourit par moment, pas à leurs dépens, mais avec eux. Parce que oui, ils sont très drôles et Yolande Moreau leur met des mots dans la bouche qui pourraient sans doute choquer certains esprits trop bien-pensants. En cela, le personnage de Rosette exprime la difficulté de vivre en groupe et de concilier ses espoirs. Rosette rêve de normalité : de sexualité, de tendresse, de maternité, de couple. Au-delà de ce grand désir d’indépendance, on constatera toutefois que la jeune femme se retrouve bien démunie lorsqu’elle sera livrée à elle-même. La solitude l’angoisse. Le vent trop fort dans les rideaux la fait paniquer. Ce « papillon », lorsqu’elle rencontre Henri s’avérera être un peu manipulatrice et mythomane. Tout cela pour voir se concrétiser certains de ses désirs de femme. Qui peut l’en blâmer ?

 

Comme avec Quand la mer monte…, Yolande Moreau fait une fois de plus l’économie des mots et privilégie les sons d’ambiance (ici le bruit des battements d’ailes des pigeons, le bruit du réfectoire du foyer ou les paroles de la tante logorrhéique). C’est en images que la belge s’exprime, et avec un talent fou ! Vous allez aimer Henri… j’en fais le pari ! 





En salles dès mercredi 11 décembre 2013.

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