Pages

mercredi 28 mars 2012

FIFF 2012 - Mercredi 28 mars, le jour où j'ai cru décéder!

Pas de réveil particulier aujourd'hui. Café, Bashung dans les oreilles, programme du FIFF sous les yeux... un réveil que l'on souhaiterait presque quotidien! Bon, vous avez envie de découvrir ce que mes petits yeux verts ont vu aujourd'hui? C'est parti!

 

O Cangaceiro - Lima Barreto


Alors là, disons-le tout de go : je me suis fait plaisir! Un bon vieux film de 1953, en noir et blanc, brésilien, et dans la section cinéma de genre! L'occasion aussi de revoir la personne que j'ai le plus vu durant ce festival, Jean-Philippe Bernard, le curateur de la section. Non, je n'ai pas vu que des westerns, mais je me suis fait plaisir en allant voir quelques petits bijoux, dont O Cangaceiro.
Tout d'abord, qu'est-ce qu'un cangaceiro? Alors, c'est un bandit qui volait les riches pour redistribuer aux pauvres au début du XXème siècle, au Brésil. L'histoire du film tient en 3 phrases. Une troupe de bandits dirigées par un méchant chef (mais qui a du coeur quand il veut) sévit dans la région. L'institutrice est enlevée et une rançon est demandée. Le bras droit du méchant chef tombe amoureux de l'otage et se sacrifie pour la libérer. Voilà... 3 phrases!
Les actrices sont filmées comme les stars hollywoodiennes de l'époque (gros plan, légèrement flou, éclairage reconnaissable à 3km) un régal! La musique et les chansons de ce film ont fait un tabac, dans le monde entier. Et pour ceux qui aiment Joan Baez (moi, par exemple), elle a repris la chanson phare du film . Tu l'écoutes une fois et elle te poursuit toute la journée...


 

Fable of the Fish - Adolfo Borinaga Alix Jr.



Mon OFNI de ce FIFF (objet filmé non-indentifié)...
Manille, son bidonville, sa décharge à ciel ouvert... et Lina et Miguel, qui débarquent de la campagne pour tenter de changer leur destin. Le couple a largement passé la quarantaine et n'a pas d'enfant. La foi est très présente au sein du couple et lors d'une homélie à l'office, le prêtre ne manque pas faire référence à Sara et Moïse... comme pour redonner de l'espoir à Lina et Miguel. Et effectivement, Lina tombe enceinte et accouche... d'un poisson.
Lina et son nouveau-né deviennent rapidement célèbres et Miguel ne s'en sent que plus humilié.
Il y a certaines scènes assez cocasses, comme le moment où Miguelito (le poisson) est attaqué par le chat de la famille et où Lina le conduit, bocal sous le bras, à l'hôpital des humains en criant qu'il faut sauver son fils. Alors croyez-le ou non, ça nous touche. Mais qu'est-ce qui nous touche réellement? Le lien que cette femme a tissé avec ce poisson, le sentiment de détresse d'une mère, la folie de cette femme? Probablement un peu tout ça. J'ai été émue et je me disais à moi-même : "Non, mais attend, c'est un poisson! Un pois-son!"...
Fable of the Fish nous montre en fait le lien étroit qu'il existe entre les légendes urbaines, les croyances populaires et le catholicisme aux Philippines. Oui, parce que tout est ramené à Dieu (jusqu'à la toute fin du générique où Dieu est remercié pour sa grandeur)... Et comme dit Miguel :"Dieu peut faire des erreurs."... Le couple s'en fichait d'avoir une fille ou un garçon, ils se réjouissaient de ce que Dieu allait leur donner... et bien, ce fut un poisson.
C'est un film au réalisme magique, un espace où le surnaturel est soudainement normal.


 

CUT - Amir Naderi


Voilà, on y est une projection que j'attendais avec beaucoup d'impatience, tant j'ai entendu tout et son contraire sur ce film d'Amir Naderi. C'est aussi la séance où j'ai cru décéder 20 fois!
C'est le film des extrêmes. Par moment d'une poésie incroyable et soudainement d'une cruauté inimaginable.
Shuji est un réalisateur de films et un cinéphile ravagé. Le cinéma pour lui, c'est une question de vie ou de mort. La journée, il hurle avec son mégaphone sa colère contre la grande industrie du cinéma qui ne présente plus que des divertissements de seconde zone, méprisant le fait que le cinéma est un art. Il va se recueillir sur les tombes de ses maîtres (Kurosawa entre autres) en leur demandant ce qu'il doit faire (un côté Petit Scarabée qui m'a fait sourire). Le soir, il projette les films qu'il affectionne pour une poignée d'initiés, sur sa terrasse.


Un soir, des yakuzas font irruption sur sa terrasse et l'emmènent avec eux. Il apprend alors que son frère a perdu la vie à cause d'une dette qu'il n'a pas réussi à honorer. Shuji est alors informé que faute de réglement de la dette dans un délai de 2 semaines, il subira le même sort que son frère. Comme pour se dresser contre l'industrie du cinéma qui ne voit plus que le profit, Shuji décide de refuser d'accepter un prêt pour s'acquitter de cette dette. Non, ce serait trop "facile", il préfère livrer son corps et sa souffrance aux coups. Chaque coup aura un prix. Durant 2 semaines, Shuji encaisse, toujours un peu plus, soignant son corps meurtri tous les soirs en laissant s'imprimer sur ce dernier les images de ces films tant chéris. Giulietta Masina, Orson Welles défilent sur ce corps tuméfié.
Ce film est d'une monstruosité que personnellement j'ai rarement vue. C'était insupportable. Je faisais de la tachycardie, j'avais le souffle court, les larmes aux yeux, je voulais fuir! Mais non, je suis restée, presque 2h30, parce que happée soudainement par des scènes d'une poésie bouleversante pour la cinéphile que je suis. Je me suis sentie comme Alex dans Orange Mécanique... ligotée et obligée contre mon gré d'avaler des images violentes. Sauf que j'aurais eu le choix, celui de partir. Ce que je n'ai pas fait. Parce que ce qui m'a retenue, c'est ma cinéphilie justement. Un film saisissant et affolant.

Never Too Late - Ido Fluck



Une belle découverte que ce premier film d'Ido Fluck. Un jeune israëlien, Hertzl, revient au pays après 8 ans d'errance en amérique du sud. Durant son voyage, son père est décédé. De retour au pays, il hérite de la vieille voiture de son père et entreprend un voyage qui le mènera du nord d'Israël jusqu'à Eilat, au sud. Il fera des rencontres troublantes, souvent avec des personnages déespérés. Démarre alors une introspection, mettant Hertzl face à ses doutes et à ses croyances. Une valise soulèvera une partie du mystère.
J'ai énormément apprécié ce film. J'aime les road movies. J'ai aimé la façon très particulière de Fluck de filmer les corps, notamment dans la scène du matin après une nuit d'amour. J'ai trouvé cela très pudique, très intime. Y a comme un petit coup de coeur dans l'air.







Epilogue... pour se faire plaisir...

Avant d'aller dormir, une vidéo d'Ido Fluck. Une réinterprétation de Bambi, appelée TRAUMA ROOM... http://vimeo.com/19995987




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire