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mercredi 11 mars 2015

FIFF 2015 - demandez le programme!



Liberté : état de quelqu’un qui n’est pas soumis à un maître. Condition d’un peuple qui se gouverne en toute souveraineté. Possibilité d’agir selon ses propres choix et de s’exprimer sans subir de pression. La Liberté possède plusieurs facettes et le Festival international de films de Fribourg (FIFF) a décidé de lui donner la parole lors de sa 29ème édition, prévue du 21 au 28 mars prochain. 




Une compétition internationale de haut vol


12 films, plus de 20 pays représentés (en comptant les co-productions), voilà qui déjà annonce de bien belles couleurs. Les habitués du FIFF reconnaîtront avec plaisir certains cinéastes déjà présents dans les éditions précédentes. Par exemple l’extraordinaire Mania Akbari, réalisatrice iranienne établie à Londres et artiste audacieuse, qui présentera ses échanges épistolaires d’un autre genre avec Mark Cousins (Story of Film : an Odyssey) dans le très poétique et intime Life May Be. Emotions garanties  100% pour qui a déjà pu ressentir la force du travail de cette femme admirable. Adilkhan Yerzhanov, présent l’an passé avec le très étrange Constructors, verra son film The Owners entrer dans la compétition.  Je suis très impatiente de découvrir cette nouvelle proposition, tant son travail précédent m’avait laissée sceptique.
Les festivaliers auront également le plaisir de retrouver Géraldine Chaplin dans une co-production République Dominicaine, Argentine, Mexique, où elle incarne une française distinguée, transie d’amour pour une toute jeune femme qui vit grâce à la générosité des touristes sexuels. Sand Dollars  de Laura Amelia Guzman et Israel Cardenas, pose la question d’un choix : le cœur ou la raison ?
La liberté s’invite aussi dans la compétition internationale. Une liberté courageuse, défiante, celle de Jafar Panahi et de son film Taxi.  Au volant d’un taxi, le cinéaste iranien sillonne les rues de ce pays qui lui interdit de filmer, et dresse, au fil des conversations avec ses passagers, un portrait sans concession, tinté d’ironie, de l’Iran contemporain.
Et sinon, vous souvenez-vous de In the Name of Love de Luu Huynh, projeté en 2013 ? Ce film m’a fait découvrir qu’il existait un cinéma vietnamien. Et bien, ce cinéma-là revient cette année par la grande porte avec Flapping in the Middle of Nowhere  de Diep Hoang Nguyen. Radical et percutant, à l’image du cinéma sud-coréen également en compétition avec A Girl at My Door de July Jung.
Les liens très subtils qui  unissent une mère et son enfant sont abordés par le biais très original du ping-pong dans le film poétique Ata de Chakme Rinpoche, moine tibétain.
Les autres films en compétition peuvent être consultés ici.

Liberté : nom féminin


Revendiquer sa liberté, c’est savoir très exactement d’où l’on vient et quelles sont nos racines. S’il y a bien une femme qui le sait et qui le crie, c’est Alanis Obomsawin . Membre du jury international longs métrages, cette pionnière du cinéma amérindien n’a de cesse, depuis le début des années 70, de s’affranchir des préjugés liés aux « peaux rouges » et véhiculés par le western américain. Trois de ses documentaires seront d’ailleurs projetés dans le cadre de la section Nouveau Territoire : cinéma indigène nord-américain. Une belle rencontre en perspective.
Autre personnalité féminine membre du jury : Alix Delaporte. Cette cinéaste française, issue du journalisme et du documentaire, se fait remarquer avec son premier long métrage : Angèle et Tony. Une sensibilité frontale et réaliste comme on en trouve rarement dans le cinéma français. Son nouveau film, Le Dernier Coup de Marteau, récompensé par deux fois lors de la dernière Mostra de Venise, sera projeté durant la semaine du FIFF.
La suissesse de l’étape se nomme Ursula Meier. Celle pour qui Mike Leigh a inventé un prix à Berlin portera son regard rigoureux, authentique, simple et généreux sur les films en compétition. Elle mènera également une Masterclass aux côtés de Jean-François Stévenin, lequel a donné des couleurs à sa Carte Blanche.
Seul homme du jury international longs métrages, le cinéaste australien d’origine néerlandaise, Rolf de Heer

Alanis Obomsawin - photo courtesy of NFB

Erotisme et humour


Mesdames, sachez-le, il l’a fait. Thierry Jobin nous a « trouvé le petit français » ! Nous plongerons en compagnie de Jean-Marc Barr dans les eaux troubles du désir. En effet, il animera une Masterclass consacrée à la représentation du corps et du désir, directement liée à la section Cinéma de genre : Terra Erotica I. Nous pourrons également le (re)découvrir dans des films très charnels comme Too much Flesh ou encore And They call it Summer. Le cinéma érotique n’est pas l’apanage des hommes, comme nous le montreront deux cinéastes femmes. L’une est chinoise, Tian-yi Yang. Elle nous entraînera dans le monde mystérieux du fantasme au féminin avec Longing for the Rain. La seconde est colombienne, Lina Rodriguez. Elle dépeint dans Señoritas, la complexité d’une jeune femme, farouchement indépendante, convaincue qu’elle peut tout assumer toute seule, jusqu’au plaisir sexuel.
Pouvez-vous rire de tout ? C’est la question que pose la section Décryptage. En proposant des films aussi variés que Free Fall du hongrois György Pfàlfi, PlayTime de Jacques Tati ou encore l’excellent documentaire Caricaturistes, fantassins de la démocratie

Hommage à… : La Syrie


A travers le regard du réalisateur syrien Ossama Mohammed, c’est tout un voile qui se lève sur la Syrie, et son peuple qui ne cesse de se filmer. Les documentaires et les films de fictions sélectionnés par ce cinéaste passionnant racontent une histoire de la Syrie par le cinéma.  

Silvered Water, Syria Self-Portrait - Ossama Mohammed

A ne pas manquer…


Soyons réalistes : impossible de voir les 130 films proposés sur 8 jours. Donc, voici les films que je vous suggère de ne pas manquer, en plus de tous ceux déjà mentionnés ci-dessus :
-          Local God de Gustavo Hernandez (parce que les films d’horreur c’est fun!)
-          Néa de Nelly Kaplan (parce que y a Sami Frey dedans et que l’unique projection est suivie d’une rencontre avec Edi Stöckli, l’homme qui a introduit le cinéma porno en Suisse... et que ça va être drôle de l’entendre nous dire comment il camouflait les « schnäbeli » sur les pellicules…)
-          Doc of the Dead d’Alexandre O.Philippe (vous saurez tout sur les zombies… d’où ils viennent, où ils vont, dans quel état ils errent… et surtout, le matériel dont vous devez disposer pour vous en protéger… essentiel de nos jours !)
-          Silvered Water, Syria Self-Portrait d’Ossama Mohammed (parce qu’il est nécessaire de voir des images de la descente aux enfers de la Syrie filmées par les gens sur place à l’aide entre autre de téléphone portables. Ne fermons pas les yeux !)
-          Haemoo de Sung-bo Shim (parce que ce film est produit par Bong Joon-ho, l’incroyable réalisateur de Memories of Murder , Mother, ou encore The Host – le film qui a remis au goût du jour les films de monstres-  ou dernièrement Snowpiercer)
-          Kubot : The Aswang Chronicles 2 d’Erik Matti (parce que le rire sonore et contagieux du cinéaste philippin résonne encore dans les rues de Fribourg et qu’après un détour par le thriller – On the Job – il revient à ses premières amours: les films de monstres poilus…)
-          A Girl walks home alone at Night d’Ana Lily Amirpour (parce qu’une femme voilée, vampire qui plus est, qui erre dans une ville imaginaire où tous parlent le farsi, on ne peut tout simplement pas passer à côté)

Et un dernier conseil : n’oubliez pas d’être curieux !



Toutes les infos et billeterie ici.


ST/11.03.2015 

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