Pages

dimanche 6 avril 2014

FIFF 2014: Tomber en amour... et ultime bafouille


Tomber en amour. C’est comme cela que l’on dit lorsque l’on tombe amoureux dans la Belle Province. Et c’est pour un cinéma que j’ai eu un coup de foudre, un coup de soleil, un coup d’amour, un coup de « je t’aime »… Ce cinéma, c’est celui de Sébastien Pilote. Je peux, à ce jour, dire que j’ai vu tous les longs métrages de ce talentueux cinéaste québécois né à Chicoutimi. J’avais envie de placer Chicoutimi, ne m’en voulez pas, mais ce nom m’a toujours été sympathique et j’aime sa sonorité. Parenthèse fermée.

Le cinéma de Sébastien Pilote est un des plus tendres qu’il m’ait été donné de voir. Tendre, mais dur et réaliste aussi. Il dose savamment traits d’humour verbaux et moments de grâce. Pilote dresse, avec génie et délicatesse, des portraits de monsieur-tout-le-monde. Dans Le Vendeur, c’est un pan de l’histoire de Marcel Lévesque, interprété avec justesse et sensibilité par Gilbert Sicotte qui est dépeint. Marcel est depuis toujours le meilleur vendeur de voitures de l’entreprise qui l’emploie. Il devrait être à la retraite depuis longtemps, mais le décès de sa femme, et la solitude qui en découle, le poussent encore et toujours à rester en activité. Sa fille souhaiterait qu’il prenne du temps pour lui. Mais Marcel n’est pas de cet avis. Sa vie, c’est son métier, sa fille et son petit-fils.
Le Vendeur
 
Dans Le Démantèlement, Sébastien Pilote se penche sur le destin d’un éleveur de moutons qui tient à flots, à bout de bras et sans compter ses heures de travail, le domaine agricole familial qui lui est revenu, suite au décès de son père et à l’absence d’implication de ses frères. Gaby, magistral et émouvant Gabriel Arcand, devra un jour se poser la question du démantèlement ou non de son domaine. Bien que jusqu'ici il était d'avis qu'un tel domaine se transmettait et non se vendait. La vie le met face à ce choix douloureux.

Dans ses deux films, le cinéaste québécois met en avant les relations familiales fortes entre un père et sa ou ses filles, avec une tendresse et un réalisme qu’il m’est difficile de décrire ici avec des mots. Ce que je peux vous dire, c’est qu’une fois plongé dans l’un de ces deux films, vous n’avez qu’une seule envie, celle de découvrir encore plus l’univers de Sébastien Pilote. Pour le moment, nous n’avons que deux films à nous mettre sous les mirettes, mais quels films !
Le Démantèlement
 
Les paysages sont sublimement filmés, rappelant les grands espaces filmés par Robert Redford dans Et au milieu coule une rivière ou L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux. Un cinéaste proche de sa terre, de ses racines. Urbaines ou plus rurales. Pas étonnant que Le Vendeur ait été sélectionné en compétition à Sundance, festival présidé par Redford. Les relations humaines quant à elles, sont décrites avec tellement de sincérité, malgré leur complexité, que vous êtes régulièrement saisis à des moments où vous ne vous y attendez pas. Parce que oui, le cinéma de Sébastien Pilote est honnête et sincère. Il ne joue pas avec nos sentiments, ne cherche pas, consciemment du moins, à nous tirer les larmes. Mais le fait est que nous sommes régulièrement émus, parce que les situations nous parlent au plus profond de nous et que nous avons chacun, un élément de notre biographie qui nous saute à la gorge et au cœur à un moment ou un autre. Le cinéma québécois rayonne depuis une bonne vingtaine d’années avec notamment Denys Arcand – qui a oublié Le déclin de l’Empire américain, Jésus de Montréal  ou Les Invasions barbares ? - ou plus récemment Xavier Dolan, avec les sensibles (mais néanmoins durs) Les Amours imaginaires  ou Laurence Anyways. Il faut désormais ajouter à cette liste Sébastien Pilote.

Un de mes grands bonheurs, c’est que mon grand coup de cœur de cette année, hormis les deux films de Pilote présentés hors compétition, Han Gong-Ju, dont je vous ai dit beaucoup de bien, vous incitant même à aller le voir, a remporté le Regard d’Or cette année. Et c’est largement mérité, tant la réalisation est exceptionnelle. Un film que vous pourrez revoir demain dimanche au REX à Fribourg. Je vous invite vraiment à vous déplacer si vous n’avez pas encore vu ce film. Vous ne le regretterez pas.
Han Gong-Ju
 
Le reste du palmarès est à consulter ici. Et les horaires de projection pour le Regard d’Or et le Prix du Public, ici. 37'000 personnes ont fréquenté le FIFF cette année, explosant une nouvelle fois le record. Gageons que l'an prochain nous serons 40'000!

Après cette déclaration d’amour, et 41 films plus tard, c’est avec nostalgie que cette 28ème édition du Festival International de Films de Fribourg se termine pour moi. Que de joies, que de petits en grands bonheurs. Que d’émotions. Que de révoltes. Que de rencontres. Les exprimer toutes ici serait indécent. Permettez-moi donc d’en garder quelques-unes, plus intimes, pour moi.

Je vous donne rendez-vous pour le FIFF 2015 du 21 au 28 mars 2015, mais d’ici-là, continuez à me lire ! Le cinéma, sur Cinécution, c’est toute l’année ! Avec passion et sincérité.

ST / 5 avril 2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire