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mercredi 12 mars 2014

FIFF 2014 : films catastrophe et petits bonheurs cinéphiles



  


Oui, le monde est en crise. La nature reprend ses droits. L’homme est mis face à sa cupidité. Le mot solidarité semble avoir disparu des dictionnaires occidentaux. A priori, pas beaucoup d’espoir. Sauf que le Festival International de Films de Fribourg nous propose d’entrer en résistance !  

Quelques petits remèdes sont proposés au travers des films sélectionnés dans la section Décryptage. Ainsi, du SDF intrigant de Borgman d’Alex van Warmerdam en passant par Henry, le père de famille cultivateur d’OGM de At Any Price  de Rami Bahrani, sans oublier des documentaires comme Inequality for all de l’américain Jacob Kornbluth, nous apprendrons comment nous extraire de crises économiques, personnelles, dans une société occidentale où le « chacun pour soi » prévaut. 



Cette section possède aussi son petit bonheur : Finding Vivian Maier de John Maloof et Charlie Siskel qui lève le voile sur plus de 30'000 négatifs jamais développés de la photographe Vivian Maier. Une exposition à la Bibliothèque cantonale universitaire lui fera écho.


Une compétition internationale de haut vol


La compétition internationale de longs métrages promet d’être riche en émotions. Alors que nous découvrions le Eric Rohmer japonais en la personne de Koji Fukada et son Au revoir l’été, nous retrouverons avec bonheur le multi lauréat de l’an passé Wang Bing. Le cinéaste chinois nous plonge, avec  ‘Til Madness Do Us Part dans un asile psychiatrique où une cinquantaine d’hommes vivent enfermés. Les pathologies psychiatriques côtoient les mal-aimés de la société. S’ils ne sont pas fous à l’entrée, leur internement se chargera de faire naître la folie.  Cette magnifique compétition verra aussi projeté le sublime Manuscripts Don’t Burn de l’extraordinaire cinéaste iranien Mohammad Rasoulof. Voir ce film est une obligation ! Autre film iranien en compétition, le terrifiant Fish and Cat  de Shahram Mokri. Un plan séquence de plus de 2 heures ! L’expérience doit être vécue ! 

Le FIFF s’affranchit une nouvelle fois de l’impératif de réunir des premières internationales, en privilégiant la diversité et la qualité. Fictions et documentaires se rencontrent, se complètent, se répondent. 

Nouveauté, une compétition internationale de courts métrages verra s’affronter 18 courts métrages issus de 15 pays, dont le Bhoutan et l’Iraq. Des pays qui ont rarement accès la distribution internationale. Ces 18 courts métrages seront projetés en trois programmes.



Catastrophes chimiques et naturelles, censure et résistance


Dès l’ouverture, avec Bhopal : A Prayer for Rain, le ton est donné. La section cinéma de genre donnera la parole aux films d’actions, aux documentaires avec comme seul mot d’ordre : survivre ! Une section qui fera la part belle aux films sud-coréens. C’est effectivement dans ce pays que la majorité des films catastrophe sont actuellement tournés. Nous aurons l’occasion de quitter la Corée du Sud pour nous envoler vers le Japon avec un documentaire possédant une énorme force poétique, The Horses of Fukushima, puis d’un bond nous serons en Russie, pris au piège d'un métro moscovite avec Metro.  

The Horses of Fukushima, Yoju Matsubayashi
 
La résistance passe quelques fois par sa propre mise en danger. Tel est le cas pour les cinéastes iraniens. Une magnifique section hommage leur est consacrée. Particularité de cette sélection, les films ont été choisis par les plus grands réalisateurs iraniens. A force de persévérance, de mise en confiance, Thierry Jobin a su trouver les mots pour convaincre de grands noms du cinéma iranien tels que Mania Akbari, Asghar Farhadi, Mohammad Rasoulof ou Jafar Panahi (pour n’en citer que quelques-uns) de choisir parmi la riche production cinématographique iranienne, leurs films préférés. Ce sera l’occasion de découvrir des films rares, privés de distribution notamment en raison de la censure. Plus qu’un plaisir cinéphile, un acte citoyen. Le cinéma iranien, comme souvent mentionné sur ce blog, est un des plus beaux au monde. Des films engagés aux qualités artistiques indéniables. 

Cette sélection sera d’ailleurs reprise par le Festival International du Film d’Edimbourg,  par la Cinémathèque de Toronto, qui complètera le programme, et aussi, mais partiellement, par la Cinémathèque Suisse.

The Runner, Amir Naderi


Jury  5***** et  gourmandises cinéphiles


C’est un jury impressionnant qui aura la lourde tâche de décerner le Regard d’Or de cette 28ème édition du FIFF. Le québécois Sébastien Pilote (et son extraordinaire Le Démantèlement) siègera aux côtés d’Alejandro Fadel (vu l’an passé avec Los Salvajes), Erik Matti (l’occasion de voir On the Job en séances de minuit) et de Daniela Michel, qui dirige depuis dix ans le Festival International de Cinéma de Morelia au Mexique. Cerise sur le gâteau, Jerry Schatzberg, grand prix du Jury à Cannes en 1973 avec L’Epouvantail sera également membre du jury.

Les séances de minuit, ainsi que les films hors compétition permettront aux cinéphiles les plus chevronnés de se faire plaisir « encore un petit peu plus ». Le bonheur de pouvoir voir le terrifiant dernier film de Kim Ki-duk, Moebius  ou encore de découvrir le film préféré de Quentin Tarantino en 2013,  Big Bad Wolves. Et si vous n’êtes pas encore rassasiés, plongez dans Boogie de Gustavo Cova, un film d’animation argentin cynique est irrévérencieux. Pour ceux qui souhaitent comprendre ce que le cinéma 3D apporte (ou enlève, c'est selon) au cinéma traditionnel, une vision de  3x3D réalisé conjointement par Jean-Luc Godard, Peter Greenaway et Edgard Pêra, s’impose. Pour ma part, en dehors de tous les films précités, et certainement encore plein d’autres, je ne résisterai pas à l’appel de Historias Extraordinarias de Mariano Llinàs.



Quant aux Frères Dardenne, grands invités de cette édition du FIFF, ils seront présents lors du premier week-end du festival qui se tiendra du 29 mars au 5 avril prochains.



Maintenant, ne reste plus qu’à répondre à une seule question : Comment vais-je faire pour tout voir ? 


Toutes les infos, programme, billetterie : ici.

ST / 12.03.2014

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