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mercredi 19 février 2014

NYMPHOMANIAC VOL.2 - Lars von Trier - 2013



C’est in extremis que j'ai vu, dimanche dernier, le deuxième volume de Nyphomaniac de Lars von Trier. Dernière séance proposée dans ma ville… et fin du parcours dans le dédale sexuel de Joe (Charlotte Gainsbourg).

Je suis un peu empruntée, je dois l’avouer. Le premier volume, que j’ai défendu bec et ongles, m’avait bouleversée. J’étais très impatiente de connaître l’issue, même si, avouons-le, les grandes lignes étaient déjà, si ce n’est connues, au moins fortement supposées. 

Alors oui, Joe connaît la maternité. Le rapport avec son enfant est particulier. Pas certaine qu’elle ressente un quelconque amour maternel. Elle laisse régulièrement son enfant entre les mains  d’une baby-sitter pas très consciencieuse, afin d’aller s’adonner  à son nouveau trip : le sadomasochisme. Elle tente de repousser ses limites physiques pour voir si au-delà elle peut retrouver le plaisir. 



Von Trier se cite lui-même – on n’est jamais mieux servi que par soi-même - en proposant une scène quasi identique au prologue d’Antichrist : tandis que maman prend du plaisir, l’enfant sort de son lit, s’approche dangereusement du balcon, sur fond de neige et de Haendel… Son obsession plaisir perdu est supérieure à son instinct maternel.

Joe est une coquille vide. Elle essaie de se remplir à coups de coups de cravaches, de coups de chat à neuf queues, de « canard silencieux »  - métaphore danoise du fist – et de soumission. Elle souffre, mais en retire du plaisir. Tant mieux pour elle.

Je vous ferai grâce de la scène totalement grotesque de triolisme avec deux africains. Grotesque, vulgaire, manquant cruellement d’humour. Ou alors un humour que je n’aurai pas saisi.


En prenant de l’âge, Joe utilisera son corps pour forcer des débiteurs à s’acquitter de leurs dettes. Le corps comme arme,  un peu à l’image des FEMEN, toute proportion gardée, mais avec la même force de conviction. C’est là peut-être le seul élément féministe, et louable de ce deuxième opus… bien que, il faut l’avouer, on ne sait plus vraiment à quel saint se vouer avec les FEMEN, tant leurs combats se diversifient et s’égarent... Joe se disperse de la même façon.

Sa relation avec Seligman s’intensifie. Les confidences se font de plus en plus intimes : l’homme lui confiant même qu’il est puceau. Joe se sent pour la première fois en sécurité et à l’abri de la sexualité. Elle qui,  après avoir fréquenté un groupe de parole et s’être affranchie de toutes pressions sociales, décide, toute seule, de ne plus céder à ses envies. Seligman et son abstinence sont une bénédiction. C’est sans compter que les bas instincts refont toujours surface. Chassez le naturel et il rapplique au galop !


Ce deuxième volume me laisse un goût amer dans la bouche. Même si je ne me faisais aucune illusion sur la fin, inéluctable, je suis tout de même déçue. Le réalisateur danois glisse dans la facilité en livrant un final plus qu’évident. Le soufflé est redescendu. Ce second volet est d’une totale incohérence. Le montage est saccadé. Le chapitrage brutal, à la limite du ridicule. Oui, la déception est grande. Je dois même confesser que j’ai lutté contre une attaque de paupières phénoménale durant la seconde partie du film.

Reste plus qu’un infime espoir, celui de découvrir la version Director’s cut  qui ne sortira vraisemblablement qu’en DVD.



17.02.2014/ST

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