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mercredi 27 novembre 2013

LES GARCONS ET GUILLAUME, A TABLE! - Guillaume Gallienne - 2013




C’est un amour qui ne ressemble à aucun autre. L’amour entre une mère et son fils. Alors lorsque la maman de  Guillaume dit : « Les garçons et Guillaume, à table ! », il n’est d’emblée pas considéré comme un garçon… donc, il est une fille. Il en est persuadé. Sinon, pourquoi sa mère ferait-elle le distinguo ?
  
Non, il n’est pas homosexuel, contrairement à ce que pense son entourage. Il aime les garçons, mais c’est normal, vu qu’il est une fille. Lorsque son père lui reproche de ne pas pratiquer de sport, Guillaume dit qu’il veut faire du piano. A l’opposé de ses frères, il n’aime pas la chasse, a peur des chevaux. Il passe donc la majorité de son temps avec sa mère. Ce modèle inaccessible. Cette figure maternelle qu’il prendra soin d’imiter jusque dans les moindres détails, provoquant de ce fait quelques quiproquos. 




Cette maman distante et autoritaire dont il cherchera en permanence les faveurs, les signes de reconnaissance et de fierté, qu’il ménagera afin de ne jamais la décevoir. 



Les garçons et Guillaume, à table ! est bien plus qu’une simple comédie. C’est un regard sensible, drôle, sur une adolescence tourmentée, une quête de l’identité sexuelle. Guillaume Gallienne, qui tient son propre rôle, et également celui de sa mère, pose également un regard critique sur l’homophobie, sa bêtise et son ridicule. Gallienne a également cette énorme capacité de revenir sur des éléments, a priori traumatisants, avec humour, recul et intelligence. 


 

 C’est en 2008 que Guillaume Gallienne crée « Guillaume et les garçons, à table ! ». Un one-man show où il interprète tous les rôles. La pièce est reprise en fil rouge. Les souvenirs sont mis en images, les situations recréées. La mère surgit à n’importe quel moment, dans les situations les plus incongrues. A l'image du coryphée du théâtre grec antique, elle commente chaque malaise que ressent son fils, donne l’explication aux gênes rencontrées, le tout avec un cynisme glaçant. 



 

« Ce qu’on te reproche, cultive-le ! C’est toi. » Cette citation de Cocteau, Gallienne la fait sienne. Alors que ses frères se moquent de son côté efféminé, Guillaume s’amuse à jouer à Sissi la nuit, avec une couette attachée à la taille qui devient robe à crinoline… Sa majesté reçoit dans son boudoir. Surpris par son père, il invoquera un chauffage déficient. En permanence en quête de qui il est vraiment, Gallienne romance quelque peu son adolescence et sa vie de jeune adulte, mettant en scène des situations cocasses, changeant de points de vue (sa mère, sa tante, etc…). Cette histoire est devenue drôle et un peu surréaliste même. « Un surréalisme qui me fait passer d’un âge à un autre, d’un sexe à un autre, d’un décor à un autre, avec un seul impératif : aller au bout, et qu’on me croit. Pour raconter comment, d’illusions en désillusions, j’en suis arrivé là. Avec le plaisir cinématographique de pouvoir transformer instantanément le plateau en autant de lieux évoquant les épisodes les plus frappants de cette odyssée », tels sont les mots de Galienne. 


 

Les garçons et Guillaume, à table ! est un film drôle et touchant. On rit de bout en bout, tout en ayant à l’esprit que cette démarche, honnête et profondément sincère, lève un bout du voile sur ce que peuvent ressentir celles et ceux qui se cherchent sexuellement. C’est aussi un film-déclaration d’amour : aux femmes, modèles et sources d’inspiration, et à la mère. Première femme de leur vie et premier amour inconditionnel de ces petits garçons qui n’auront de cesse de chercher dans leurs compagnes soit son double, soit son contraire. Dans la famille Freud, je demande le fils : Sigmund. Nul doute que le plus célèbre des psychanalystes se serait délecté d’une telle histoire. 







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