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dimanche 17 février 2013

DESPUES DE LUCIA - Michel Franco - 2012

Un film qui commence comme une énigme: un homme va chercher une voiture dans un garage, roule, puis s'arrête en plein trafic, sort du véhicule et l'abandonne, clés sur le tableau de bord. Quelques secondes plus tard, on retrouve le même homme, avec une jeune fille à ses côtés, il roule, encore. La communication entre les deux personnage semble être au point mort. Les choses se construisent petit à petit et le spectateur commence à comprendre le lien entre l'homme et la jeune fille et ce qui leur arrive.
 
Roberto et Alejandra, sa fille, ont quitté Puerto Vallarta après le décès accidentel de Lucia, respectivement épouse et maman, pour emménager dans la banlieue de Mexico.
 
Alejandra intègre un nouveau lycée et une nouvelle bande d'amis, principalement issus de la petite bourgeoisie, tandis que son papa cherche activement un  nouveau job. Chacun, avec beaucoup de pudeur, essaie de surmonter ce deuil cruel. Le papa se mure dans un silence qui laisse Alejandra démunie. Bien qu'étant plein de tendresse l'un envers l'autre, ils s'isolent dans leur chagrin, tâchant, tant bien que mal, de se préserver l'un l'autre.
 
La vie d'Alejandra tourne au cauchemar, lorsque qu'à l'issue d'une soirée un peu trop arrosée, une vidéo compromettante circule sur le net. Elle devient dès lors la souffre-douleur de ses camarades. Humiliations, bizutages, insultes, coups, la jeune femme subit des agressions quotidiennement. Le pire, l'insoutenable, c'est qu'elle accepte tout cela. Cette acceptation est extrêmement choquante pour nous spectateur. Elle incitera d'ailleurs ses camarades à redoubler de violence. Cependant, elle ne montrera rien qui ne puisse interpeller son père, trop absorbé par son chagrin, et qu'elle souhaite protéger. La violence envers la jeune fille va crescendo et le final, qui frise la folie, nous laisse pantois devant une forêt de points d'interrogation, angoissés et songeurs.
 
 
 
Michel Franco livre un film brutal. Il n'y a pas ou peu de mise en scène, c'est au spectateur de faire le travail, de réunir tous les indices pour comprendre où il est et ce qu'il se passe. Franco dénonce également cette violence qui a cours dans les écoles, mais qui, avec les récentes technologies, prend un nouveau visage. Une jeune fille, un peu naïve, et en manque d'amour, comme beaucoup de jeunes en deuil, cède un peu trop rapidement à un jeune homme peu scrupuleux : la vidéo de leurs ébats sexuels se retrouvera en ligne et fera d'elle la catin du lycée. Une violence physique et psychologique que Michel Franco nous montre sans aucune concession: « Je cherche avant tout à ne pas manipuler le spectateur, à susciter sa réflexion plutôt qu’à brusquer sa perception. Je ne m’inscris dans aucune tradition mélodramatique où il s’agit de jouer avec l’émotion. Je pense que le public est intelligent et je me refuse à jouer la carte de la provocation, ce qui serait un contresens, vu le contexte du film. ».
 
 
 
 
Ce film a remporté le prix de la sélection "Un certaine Regard" au dernier festival de Cannes et est en route pour les Oscars où il représentera le Mexique. Un film choc, dérangeant, parce qu'il place le spectateur en observateur impuissant. Un film bouleversant par sa sobriété. A voir absolument.
 
 
 
 
Votre Cinécution
 
 
 
 

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