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mercredi 11 avril 2012

L'ENFANT D'EN-HAUT - Ursula Meier - 2012

Je l'attendais ce nouveau film d'Ursula Meier depuis la sortie de HOME en 2008! L'attente fut longue, mais le plaisir et l'émotion au rendez-vous. Je l'aime, le cinéma d'Ursula Meier. Simple, authentique, honnête et sincère.

Inspiré d'un lointain souvenir d'enfance de la réalisatrice qui a grandi au pied du Jura, l'Enfant d'en-haut est un bijou. Le genre de bijou que vous avez envie de montrer à tout le monde tellement il est beau et en même temps que vous avez envie de laisser dans son écrin, de ne l'offrir qu'à vos yeux, parce que vous avez juste le sentiment qu'il a été fait pour vous et rien que pour vous.



Simon, 12 ans. Un gosse qui a juste envie d'exister, de se faire une place. Un gosse qui crie son besoin d'affection et d'amour à s'en fendre la bouche.  Simon quitte la plaine tous les jours pour monter en station. Là-haut, tout est blanc, a priori pur. L'or n'y est pas jaune, mais blanc. Les gens sont chics, élégants, et profitent avec une nonchalance et une insouciance indécente des plaisirs de la montagne. Simon vole des skis, des lunettes de soleil, des casques, des gants... il les revend en plaine à ses copains. En-haut, il s'invente une nouvelle identité. Il s'appelle Julien et ses parents sont les riches propriétaires d'un hôtel de luxe. Il apprend l'anglais à l'aide d'un guide touristique destiné aux personnes qui fréquentent la station. C'est un bon moyen de les aborder que de savoir bredouiller quelques mots en anglais.


Louise est une jeune femme paumée. Elle enchaîne les relations amoureuses catastrophiques et les petits jobs. Louise se laisse aller, habitée par une espèce de désenchantement.  Elle n'est pas combative, ne s'inquiète pas vraiment de la situation précaire dans laquelle elle se trouve avec Simon. Elle profite de Simon et du bénéfice de ses larcins.



Ces deux personnages sont totalement livrés à eux-mêmes. Louise, quitte régulièrement l'appartement pour des durées indéterminées et réapparaît soudainement avec un quelconque nouvel amoureux. Malgré une scène de jolie complicité autour d'un sandwich au saumon, on sent rapidement que ces âmes partagent un lourd secret, des blessures profondes qui ne s'expriment que dans la violence. La violence verbale ou la violence du silence, de l'indifférence, du rejet.
Simon tente d'exister pour Louise autrement que comme une source de revenus et Louise prend la fuite. Louise fuit tout, jusqu'à elle-même et son propre respect. En fait l'Enfant d'en-haut c'est ça, deux grands cris d'amour qui s'adressent à des oreilles sourdes.

L'argent a aussi une place importante. Tout se monnaie. Tout. Même les sentiments et les moments de tendresse.

Le contraste entre la plaine du Rhône et la station est saisissant. Simon et Louise habitent une de ces HLM de la plaine du Rhône qui se trouve "du mauvais côté" du Rhône... celui où à 14h, il n'y a plus de soleil. Le côté où les montagnes, au lieu d'être fascinantes, sont oppressantes. Le côté du Rhône où les zones industrielles s'entremêlent avec les HLM disposées çà et là, le long de routes interminables. Le côté du Rhône séparé de la magie des stations de ski par quelques pylônes et des mètres de câbles. Ces télécabines qui montent et qui descendent m'ont fait penser à la circulation du sang dans le corps... bizarre hein? J'avais un peu le sentiment que c'était ce qui tenait en vie cette micro-famille par le fait que Simon les emprunte au quotidien.



Ursula Meier nous offre des moments d'émotions intenses. Des moments d'intimité entre deux êtres tellement forts qu'ils nous prenne à la gorge. Elle nous montre également que les montagnes ne sont pas seulement des lieux de tournages pour les films d'espions ou pour des comédies de plus ou moins bon goût. Non, les montagnes peuvent être vraies.

Ce qui m'a frappée dans ce film, c'est que contrairement à HOME, où tout se passait au "rez-de-chaussée", L'Enfant d'en-haut s'élève dans les étages. D'une part la tour HLM et d'autre part les montagnes. C'est comme si l'alpha avait rejoint l'omega, le nord le sud, l'ouest l'est. Une espèce d'accomplissement. Oui, je l'aime ce cinéma d'Ursula Meier.



Ce soir, j'ai vu l'Enfant d'en-haut pour vous... j'y retournerai, rien que pour moi.

Votre Cinécution


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