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dimanche 31 mars 2013

THE GRANDMASTER - Wong Kar-Wai - 2013

Mon plus grand souci avec le cinéma de Wong Kar-Wai, c'est mon manque d'objectivité face à lui. Je suis en effet fascinée à chaque fois par l'esthétisme des films de ce cinéaste. Je pourrais très bien me passer de scénario et me laisser envoûter uniquement par la beauté des images, des décors, des costumes, le choix pertinent des musiques. Tout me touche chez Wong Kar-Wai, ce qui fait que bien souvent, pour ne pas dire toujours, j'ai le sentiment d'assister à un miracle. Je l'ai attendu avec impatience ce film, fantasmé serait encore plus juste: des premières images aux dernières bandes- annonces, peu de choses m'ont échappé. Je le construisais mentalement ce film... mais lors de la projection, je me suis rendue compte que mon imagination avait ses limites et que le Maître avec largement dépassé toutes mes espérances.
 
Projeté en séance de clôture du 27ème Festival de Films de Fribourg, après une semaine riche en émotions et pauvre en heures de sommeil, c'est à vif que j'ai eu le bonheur de découvrir "The Grandmaster".
 
 
 
Très éloigné du simple film de kung-fu, ce 10ème film de Wong Kar-Wai nous plonge dans presque 30 ans d'histoire de Chine, en y entremêlant les destinées de plusieurs grands maîtres de wing chun.
 
Le film débute sur une scène envoûtante: un combat sous la pluie. Yip Man (Tony Leung), en maître élégant et redoutable, gagne face à Ma San, qui vient d'être élu successeur de Gong Baosen, un grand maître du Nord, arrivé à Foshan pour désigner qui lui succédera. Ma San, qui a perdu la face dans le combat qui l'opposait à Yip Man, tue son ancien maître. Gong Er (Zhang Ziyi), la fille de Gong Baosen, promise par son père à Ma San doit alors faire face à un choix: épouser Ma San, ou alors venger la mort de son père. C'est dans le cadre luxueux du Pavillon d'Or, un bordel, que Gong Er et Yip Man s'affronteront dans un combat-tango des plus sensuel. Leurs chemins ne se croiseront que 15 ans plus tard.
 
 
 
Le wing chun, basé sur des racines de confucianisme, a pour philosophie que l'amélioration de la société passe par la bonification de l'individu, une école d'humilité, d'équilibre et d'harmonie. Or, La réunion du Nord et du Sud, voulue par Gong Baosen, à l'heure où la Chine risquait d'être divisée, n'a pas eu le résultat escompté. Sa mort, les évènements extérieurs (guerre civile, invasion des japonais, fuite) vont influencer les personnages et modifier sensiblement leurs vies.
 
 
 
Yip Man, que l'on suit uniquement depuis ses 40 ans, vit dans l'opulence que lui offre son statut.  Sa vie changera radicalement lorsqu'il perdra fortune, femme et enfants et s'exilera vers Hong-Kong pour y ouvrir une des plus grandes écoles de wing chun et tenter de se refaire.
 
Wong Kar-Wai ne cache pas que "The Grandmaster" est un hommage à Sergio Leone et que son film aurait pu s'appeler "Il était une fois le Kung-Fu". L'hommage est si appuyé qu'il va même jusqu'à emprunter à Ennio Morricone, le "Deborah's Theme", probablement un des plus beaux thèmes de l'histoire du cinéma. Un thème, tellement bouleversant, que je l'avais soigneusement rangé dans un coin de ma mémoire... et j'en veux un peu à Wong Kar-Wai de l'avoir utilisé pour illustrer une des scènes les plus poignantes du film, car il me poursuit à nouveau.
 
 
 
Les scènes de combat sont sans aucun doute  - même si je ne suis absolument pas une spécialiste du film de kung-fu - les plus belles jamais filmées. Que ce soit le combat d'ouverture sous la pluie, le combat-tango dans le Pavillon d'Or entre Gong Er et Yip Man, ou encore celui sur un quai de gare enneigé, tout n'est que beauté, ballet, sensualité. Jamais je n'aurais un jour pensé associer kung-fu et sensualité... et pourtant! La manière dont Wong Kar-Wai film les combat, s'attachant à des détails -gouttes d'eau, poing contre poing, pied qui glisse- est d'une beauté époustouflante et relègue à la poubelle à peu près tous les films tournés sur cet art martial.
 
 
 
Quant à Tony Leung et Zhang Ziyi, rien qu'en gros plan, sans action ni dialogue, ils m'ont littéralement clouée à mon fauteuil, tellement ils sont magnétiques. Ils prennent possession de l'écran comme rarement j'ai vu acteur prendre possession de l'écran. Remarquable.
 
Hier, j'ai relu avec bonheur "Entre Ciel et Terre" de Shi Bo, un maître de la calligraphie chinoise, écrivain et poète. Shi Bo, comme Wong Kar-Wai, est à la recherche du coup de pinceau parfait: fluide et précis. La solitude et les amours impossibles sont autant de thèmes présents dans la poésie de Shi Bo que dans les films de Wong Kar-Wai. Je ne peux m'empêcher de faire ce parallèle, car le génial cinéaste et l'oeuvre de l'artiste calligraphe se rejoignent en nombreux points. Un des poèmes de Shi Bo dit ceci:
 
"Par cette nuit d'hiver, le vent hurle sur le lampadaire
Je me sens solitaire au fond d'une minuscule cour
envahie par les courants d'air
Le silence dévore l'une après l'autre mes cellules
La solitude envahit mes entrailles
L'isolement ronge mon âme
Ma pensée erre dans l'immense univers
Souffrant de la nostalgie natale
Je me demande pourquoi le sort est si injuste
Et quand je rentrerai chez moi ?"

 

Pourrait-on y voir le destin de Gong Er ou celui d'Yip Man ? Certainement. Wong Kar-Wai a peut-être, avec "The Grandmaster" trouvé son coup de pinceau parfait.
 
Bref, vous l'aurez compris, je suis totalement conquise. Je n'attends plus qu'une seule chose, que le film sorte le 17 avril, pour pouvoir aller le revoir, encore et encore.
 
 
 
Votre Cinécution

dimanche 24 mars 2013

FIFF 2013 - Samedi 23 mars 2013

Voilà, dernier billet pour cette édition 2013 du Festival International de Films de Fribourg. Une grande cuvée. Comme vous avez pu le lire dans mes précédents billets, ce fut une semaine riche en émotions, en rencontres, en clins d'yeux, en situations cocasses. Une des situations les plus cocasses a eu lieu hier soir, lorsqu'entre deux séances (en fait en attendant celle de 22h30), j'ai décidé de m'asseoir quelques instants sur les canapés moelleux de Cap'Ciné. Ces canapés, je les ai soigneusement évités ces derniers jours, le risque d'endormissement étant trop élevé. Et bien, cela n'a pas manqué : d'assise, je me suis retrouvée à moitié couchée sur le canapé. Sans m'en rendre compte, j'ai piqué du nez pour faire un petit somme. A mon réveil, en sursaut cela va de soi, au-dessus de la poubelle pour les bouteilles en PET, à 30 cm de moi: Eric Cantona qui signait des autographes entouré d'une vingtaine de personnes... et bibi qui se réveille, les yeux collés et bouffis. Oui, mesdames, cela sera certainement la première et la dernière fois que je verrai Cantona à mon réveil. Grand moment de solitude, mais merveilleux souvenir.
Et sinon, jour de clôture oblige, mon programme est plus anémique que les jours précédents. Anémique, mais pas ennuyeux pour un sou!

KONG CURLING - Ole Endresen - Norvège 2011



Pourquoi ne pas aller voir des norvégiens jouer au curling? A priori, rien de bien original, sauf que dans le cas précis, ils sont tous complètement dingues!

Truls Paulsen est un champion de curling. Il a tout gagné. Complètement névrosé et obsédé par des détails insignifiants, un jour, il perd la tête et s'en prend à un arbitre. Direction l'hôpital psychiatrique. Il y restera 10 ans, avec interdiction totale d'avoir du contact de près ou de loin avec tout ce qui se rapporte au curling. Il ressort de l'hôpital avec une liste de médicaments longue comme un bras et l'obligation d'être sous tutelle. Sa tutrice, ce sera sa femme. Une mégère ignoble et castratrice, qui n'a d'yeux que pour Pelle, son chien. Lorsque Truls apprend que Gordon, l'homme qui l'a élevé et initié au curling, doit subir une grave opération, mais qu'il n'a pas les moyens de la payer, il n'y a qu'une seule solution: reformer le "Team Paulsen" et gagner le championnat.

Le "Team Paulsen" est composé d'un obsédé sexuel, d'un passionné d'ornythologie, d'un insomniaque et bien sûr de Truls. Arriveront-ils à gagner? Truls saura-t-il gérer ses névroses?

Ce film est un régal. Un anti-dépresseur bienvenu alors que le printemps se fait attendre. Un mélange des Frères Cohen pour l'humour et de Wes Anderson pour le côté dragée au poivre. Totalement délirant. Pour ceux qui ont vu "The Big Lebowski" et qui se souviennent du personnage de "Jesus", en survêtement mauve sur la piste de bowling, et bien vous prenez le même type de gars et vous le mettez sur la glace.

Absolument hilarant, ce film a fait de cette séance de midi, une véritable séance de minuit: la salle, pleine comme une oeuf, pleurait de rire, applaudissait, sifflait. Un grand moment.
 
 
 

HISTORIAS QUE SO EXISTEM QUANDO LEMBRADAS - Julia Murat - Brésil 2011

 
 
Je ne pouvais pas ne pas revoir un des films qui m'avait le plus touchée l'an passé.
 
Un petit village perdu dans la campagne brésilienne où le temps s'est arrêté. Les habitants sont enfermés dans leurs habitudes, les scènes se répètent au quotidien, inlassablement. Le café du matin, la discussion sur le temps, l'office religieux, l'entretien de l'entrée de la porte du cimetière, le repas en commun précédé du bénédicité, la lettre à l'époux disparu. Jusqu'au jour, où ayant suivi la ligne de chemin de fer, une jeune photographe arrive au village. Sa jeunesse, son émancipation, soulèvent l'étonnement et déstabilisent un peu cette routine. Vient alors le temps des questions, des confidences, de l'apprentissage des gestes simples, comme faire le pain. Un questionnement sur la vie, sur la mort.
Ce film, le premier de Julia Murat, m'a beaucoup émue, surtout de par sa simplicité. Pas de chichis, la réalisatrice va directement à l'essentiel. De beaux visages vieillissants extrêmement bien mis en valeur qui contrastent avec la fraîcheur de celui de la jeune photographe, qui malgré tout, il faut bien l'admettre, est quand même un peu paumée.
 
Une nouvelle fois, j'étais profondément émue par la beauté de ce film, par la dignité de cette veille femme qui quelques heures seulement avant sa mort se réapproprie son corps.


Votre Cinécution

samedi 23 mars 2013

FIFF 2013 - Vendredi 22 mars 2013

Encore une grande et belle journée! Une de plus, serais-je tentée de dire. Mais que voulez-vous, c'est un fait. C'est vraiment une édition particulière. Des films d'une qualité rarement vue à Fribourg, que ce soit dans la compétition internationale ou dans les section parallèles. Faire des choix, trancher dans le lard, a été très difficile cette année. En plus, je n'ai jamais vu autant de monde dans les salles. C'est incroyable et cela démontre bien le travail de titan effectué par toute l'équipe du FIFF et plus particulièrement par le directeur artistique, dont les choix ont été, pour la deuxième fois, d'une grande sensibilité. Je vais vous confier, ce soir, après avoir vu les films de la compétition internationale, que je ne souhaiterais pas être membre du jury cette année. Je ne sais pas comment ils vont faire pour départager les films en compétition. J'ai hâte d'être demain soir pour connaître le palmarès. En attendant, voici ce qui m'a fait voyager aujourd'hui, en dehors du sourire discret qu'Eric Cantona m'a adressé... Oui, Mesdames! Gros soupir...
 
 
 

LES REBELLES DU FOOT - Gilles Perez - France 2012

 
Eric Cantona en fil rouge dans ce documentaire consacré à tous ces footballeurs qui ont, à un moment ou un autre de leurs carrières, décidé de mettre leur célébrité au service de leur pays, de leurs concitoyens. Du message de Didier Drogba à ses compatriotes ivoiriens à la résistance de Predrag Pasic, en passant par lutte pour la démocratie menée par Socrates au Brésil, c'est la force et l'impact de ces rebelles qui nous sont démontrés.
 
A l'heure où le foot-business gangrène notre rapport au sport, ces cinq portraits de footballeurs vedettes qui ont transcendé leurs seules performances sportives, c'est à un vrai réveil des consciences auquel nous sommes conviés. Intelligent, intéressant, à voir, pour prendre conscience que les sportifs ne sont pas des simples d'esprits. En tous cas pas tous.
 
 
 
 
 
 

BWAKAW - Jun Robles Lana - Philippines 2012

 
Alors là, j'ai littéralement fondue. Quel film adorable. Drôle, décalé, touchant.
 
René est un vieil homme bourru. Il a fait son coming out tout récemment. Il prépare son départ depuis des mois : il fait et refait son testament, à déjà acheter son cercueil, et emballé toutes ses affaires. Il est insupportable avec tout son entourage. Mal poli, blessant, avare. Sa seule compagnie est sa chienne Bwakaw. Le jour où cette dernière tombe malade, c'est tout l'univers de René qui s'en retrouve chamboulé.
 
Profondément drôle et touchant, c'est un vrai coup de coeur. Je n'ai rien vu passer des deux heures du films. Magnifiquement filmé, avec des dialogues percutants, Jun Robles Lana a enthousiasmé toute la salle, une nouvelle fois comble.
 
 
 
 

THE LIFE AND TIMES OF PAUL THE PSYCHIC OCTOPUS - Alexandre Philippe - USA 2012

 
Je n'ai ri qu'une seule... et cela a duré 1h15. Ce documentaire raconte de manière totalement subjective et hilarante la folie qui entouré Paul le poulpe et ses pronostics durant la Coupe d'Europe 2008 et la Coupe du Monde de 2012.
 
Nous sommes le 26 octobre 2010 et Paul le poulpe est mort. Drame. Musique tragique et transport du petite cercueil vers un crématoire pour animaux domestiques. C'est la fin de Paul, mise en scène dans ce qui pourrait être une tragédie grecque.
 
Le céphalopode est analysé sous toutes les coutures... de sa couleur à ses magnifiques tentacules, sans oublier ses facultés divinatoires, c'est tout un arsenal de spécialistes qui se lancent dans des théories plus bancales les unes que les autres. Entre la médium qui entre en contact avec l'esprit de Paul et la numérologue qui nous explique que le chemin de vie de Paul et le 5, chiffre de la communication, toutes les hypothèses sur le pourquoi du comment des exploits du poulpe sont décortiquées. Entre les anglais et les italiens qui se battent pour revendiquer le lieu de naissance de Paul, on va d'éclats de rires en éclats de rires. L'esprit des Monty Python plane sur ce documentaire jouissif d'un réalisateur suisse (!), on l'a appris ce soir. Si vous voulez tout savoir sur celui que l'on appelle le "Harry Potter" ou le "Luke Skywalker" de son espèce, il faut voir ce film. Totalement jubilatoire!
 
 
 
 
 
 
Votre Cinécution

FIFF 2013 - Jeudi 21 mars 2013

Je fatigue les amis, je fatigue sévère. Si vous voyez des fautes d'orthographe, soyez indulgents. J'écris en pleine nuit après 10 à 12 heures de salles obscures... Je sais qu'il y a encore un lobe de mon cerveau qui travaille, mais je ne sais pas lequel. Si c'est celui qui s'occupe des maths, on est mal barré!
 
Sinon, déjà jeudi! Il reste encore deux jours de festival, plein de belles choses à voir et plein de belles rencontres à faire. Et aujourd'hui, niveau rencontre, c'était plutôt le top: Charles Aznavour et Im Sang-Soo. Un grand monsieur de la chanson française, un comédien qui a côtoyé les plus grands, Truffaut, Egoyan, Frank Sinatra, Dean Martin, Piaf et qui a accompagné les moments importants de ma vie, heureux ou malheureux. Pour l'anecdote, je sais, de source très sûre, que le billet griffonné à la hâte sur un ridicule bout de papier est bien parvenu à Charles Aznavour.



Et Im Sang-Soo, le génial cinéaste sud coréen que j'adore et dont je vous invite à découvrir la filmographie. Elle est constituée de petits bijoux comme "Une femme coréenne" ou "Le vieux jardin". Jetez-y un oeil... ça vaut le voyage.

Im Sang-Soo... et une fan pétrifiée


WADJDA - Haifa Al-Mansour - Arabie Saoudite 2012




C'est l'histoire d'une toute jeune ado saoudienne. Elle est très libre et totalement insoumise. Elle possède une insolence saine. Elle porte des baskets, ne se couvre pas totalement la tête, répond avec impertinence à la directrice de son école et souhaite acquérir un vélo. Pour ce faire, elle décide de participer à un concours organisé par son école : réciter des sourates par coeur.
 
Un vrai film de femmes: premier réalisé par une femme en Arabie Saoudite, une jeune fille au centre du propos, et la mère de la petite qui tente tant bien que mal de consoler sa tristesse de ne plus pouvoir donner de fils à son époux et de voir ainsi son mari prendre une seconde épouse.
 
Très émue d'être présente à Fribourg, Haifa Al-Mansour qui vient d'un tout petit village d'Arabie Saoudite, signe un très joli film, avec un sens inné de l'image.  Je ne serais pas surprise de le retrouver dans le palmarès samedi. Wait and see...




ARARAT - Atom Egoyan - France, Canada 2002



 
Probablement le film le plus intime d'Atom Egoyan. A travers plusieurs histoires parallèles, il retrace l'histoire arménienne dans ce qu'elle a de plus douloureux, à savoir le génocide perpétré par les turcs en en 1915. Les fantômes du passé hantent les personnages principaux. C'est un film à tiroir, qui montre à quel point il est difficile de reconstituer des souvenirs qui ne sont pas reconnus.
 
Présenté dans la section DIASPORA dont Atom Egoyan lui-même a choisi chacun des films, c'était aussi l'occasion d'accueillir au FIFF Charles Aznavour. A l'issue de la projection, il a pris quelques instants pour répondre aux questions des spectateurs, avec simplicité et humour. Un moment qui restera sans doute gravé dans les mémoires des personnes présentes.
 

 
 
 

THE TASTE OF MONEY - Im Sang-Soo - Corée du sud 2012

 
"Pardon de parler de choses sérieuses, de capitalisme et de contexte politique. Mais vous allez passer un bon moment parce qu'il y a plein de nudité." C'est avec ces mots que le génial cinéaste sud coréen a introduit son film devant une salle comble. C'était aussi l'occasion d'apprendre que ce film n'a pas trouvé de distributeur en Suisse. Im Sang-Soo, dont les films sont régulièrement sélectionnés dans de prestigieux festivals ne trouve pas de distributeur en Suisse... flippant, non?
 
Sexe et argent: les deux mamelles de notre société. C'est ce que dénonce Im Sang-Soo, avec un film à l'esthétisme ravageur. Une suite d'intrigues au sein d'un empire industriel. Le pouvoir et le sexe comme armes. Les choix cornéliens d'un jeune secrétaire qui "en veut". Oui, mais jusqu'à quel point?
 
 
 




 
 Votre Cinécution

jeudi 21 mars 2013

FIFF 2013 - Mercredi 20 mars 2013

Ce fut une bien belle journée de cinéphile. J'ai un peu abandonné la compétition internationale pour me faire plaisir et m'offrir une journée un peu plus calme. Je n'ai vu que trois films aujourd'hui, mais trois chefs-d'oeuvres de l'histoire du cinéma. Revoir ces films sur grand écran et pour certains, d'une qualité jamais vue jusqu'à ce jour, a quelque chose de très émouvant. De plus, ce sont trois films forts, chacun avec sa propre beauté. Puis j'ai croisé des amis à la projection de "DERSU UZALA" d' Akira Kurosawa et on été souper ensemble, boire des verres et on a parlé de Dersu toute la soirée. Il y a un Dersu qui dort en chacun de nous finalement... ce fut particulièrement émouvant, parce que nous étions trois, sur quatre, à avoir découvert "DERSU UZALA" avec nos papas respectifs, lesquels ne sont malheureusement plus là. Nous avons donc échangé nos souvenirs, nos tendresses et il en est ressorti que voir "DERSU UZALA" comme nous, c'est-à-dire enfant, cela nous a fait grandir et cela nous a construit. Bien jolie soirée.
 
Pour en revenir à ma journée, c'était la journée SUR LA CARTE DE... Bouli Lanners. Le multitalent belge a choisi cinq films sur une thématique qui lui est chère : l'homme et son rapport à la nature. Entre nous, je rêve de rencontrer ce grand monsieur. Un jour, peut-être.
 
 
 

AGUIRRE - DER ZORN GOTTES - Werner Herzog - Allemagne 1972

 
Je ne sais pas où Thierry Jobin est allé dénicher cette copie, mais elle était d'une beauté exceptionnelle. Jamais je n'avais ce film comme ça! C'était comme si je le redécouvrais.
 
Au milieu du XVIème siècle, des conquistadores, accompagnés plus de 200 indiens quittent la Cordillère des Andes pour s'enfoncer dans la forêt vierge à la recherche de l'Eldorado, la cité d'or dont parlent les Incas. Plusieurs groupes sont constitués pour faciliter les déplacements. Une quarantaine d'hommes et deux femmes vont ainsi partir en quête de l'Eldorado sous les ordres de Pedro de Ursua. Il sera secondé par Lope de Aguirre (Klaus Kinski), complètement illuminé et mégalomane. Comme le relève Dona Inez : " Nous ne sommes plus en Castille et Aguirre est dangereux". Aguirre se révolte contre Usua, contre le roi d'Espagne et entraîne ses hommes à partir à la conquête de l'Eldorado pour leur propre compte. Il fera exécuter tous les partisans d'Uzua. Le radeau qu'ils ont confectionné dérive lentement et le groupe se décime. Aguirre ne parvient pas à combattre la faim ni les flèches empoisonnées qui jaillissent d'on ne sait où. Il reste finalement seul, guetté par la folie, entouré d'une myriade de petits singes, et hurlant son rêve impossible.
 
Que de provocations dans ce films. La plus importante, l'envie d'Aguirre de s'unir avec sa propre fille dans le but de créer une descendance pure. Ce rêve se brisera à la mort de sa fille. Celui qui disait:"Si je veux que les oiseaux tombent des arbres, les oiseaux tomberont des arbres. Je suis Aguirre, la colère de Dieu!" se retrouvera seul, mourra seul.
 
Un des plus beaux film de Werner Herzog. Des images à couper le souffle. Des silences impressionnants. Un film d'une beauté ravageuse qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.
 
« Ce qui m'a marqué, dans Aguirre, la colère de Dieu, c'est comment, au final, la nature finit par user l'arrogance d'un homme. En voyant le film, j'avais l'impression que les moustiques me piquaient moi aussi. Les images de cette rivière, furieuse, sont absolument extraordinaires. Kinski aussi est absolument extraordinaire. Mais c'est la rivière qui va gagner. » Bouli Lanners 
 
Malheureusement plus de projection dans le cadre du FIFF. Mais louez ce film, achetez-le, voyez-le!
 

 

 
 

 

JEREMIAH JOHNSON - Sydney Pollack - Etats-Unis 1972

 
Jeremiah est un ancien militaire qui a décidé de quitter la civilisation pour aller vivre en solitaire dans les Rocheuses. Initié au "métier" de trappeur par "Griffes d'Ours" et aux coutumes des indiens par Del Gue. Quitter la civilisation, c'est aussi quitter la violence des hommes. Mais c'est à une autre violence que Jeremiah devra faire face: la perte d'êtres chers. S'engage alors pour cette homme une vendetta sanglante.
 
« C'est le premier film que j'aie vu dans lequel la nature tient un vrai rôle. J’étais jeune et il m’a profondément marqué. Depuis, je me demande régulièrement comment je m'en sortirais dans ce genre de situation. Ça fait des années que je me projette. Si un jour vous n'entendez plus parler de moi, c'est que je serai, moi aussi, parti me faire bouffer par un ours. » Bouli Lanners 
 
 
A revoir samedi 23 mars 2013 à 15h30 au Cap'Ciné 5, dans le cadre du FIFF.
 
 

 

 
 

DERSU UZALA - Akira Kurosawa - URSS, Japon 1975

 
Il y aurait tant à dire à propos de ce film qui est une merveille. L'histoire, simple, est bouleversante. La musique est envoûtante. Les silences sont saisissants. C'est un film madeleine pour moi, un film qui me fait remonter un nombre inimaginable de souvenirs tendres. Un film qui m'a construite et qui m'a appris tellement de choses. Et comme Bouli, je pleure à chaque fois. Un film d'une humanité bouleversante.
 
« Cette merveilleuse histoire d'amitié me fait pleurer. Surtout quand Dersu s'installe chez le géomètre, parce qu'il est trop vieux pour survivre seul dans la Taïga. L'idée d'être arraché à cette nature qui, pendant tant d'années, a rythmé une vie de manière absolue, organique, m'est insupportable. Ne jamais regarder Derzou Ouzala avec moi si vous voulez passer une bonne soirée à rigoler. » Bouli Lanners 
 
A revoir samedi 23 mars 2013 à 20h30 au Cap'Ciné 6, dans le cadre du FIFF.
 
 
 
 
Votre Cinécution
 
 
 
 
 
 
 
 

mercredi 20 mars 2013

FIFF 2013 - Mardi 19 mars 2013

Voilà, déjà à la moitié du festival. La fatigue commence à se faire sentir. J'en veux pour preuve mon téléphone de presque une demie-heure avec mon amie Ariane Ferrier:  j'ai ri et gloussé comme une pintade, ce qui l'a bien fait rire à l'autre bout du combiné.  En fait, ce n'est pas tant le nombre de films ou la longueur des journées qui fatiguent, mais ce sont toutes les émotions qui se succèdent. Une espèce de grand huit émotionnel. Et moi qui suis une véritable éponge, j'aurais besoin d'être pressée chaque soir... Aujourd'hui, à la sortie de "Klip" de Maja Milos, j'avoue, j'ai craqué. Fatiguée, émotionnellement vidée par une succession de films puissants, j'ai fondu en larmes. Et ça m'a fait du bien: l'éponge s'est vidée. Voici ce que le métazoaire que je suis à vu aujourd'hui...
 
 

YOUR TIME IS UP - Kim Sung-Huyn - Corée du sud 2012

 
 
Un thriller shakespearien d'une force incroyable. Une histoire que le théâtre élisabéthain ne saurait renier: usuriers, bagarres dans des tavernes, duels, vengeances, mises à mort, amour. Autant de thématiques que l'on voit ici transposées dans la Corée du sud actuelle.
 
Deux frères vivent sous le même toit. La cohabitation n'est pas très sereine. Le cadet ne fait pas grand chose de ses journées, il s'endette un peu auprès de tout le monde, auprès de son aîné également lequel lui demande de lui rembourser son prêt rapidement. Or, il s'avère que le cadet a donné cet argent à une tenancière de bar et qu'il lui sera impossible de retrouver cet argent. L'amour qu'il porte à cette jeune femme va le mener à sa perte. Son frère décide alors de le venger.
 
A revoir mercredi 20 mars à 17h au Cap'Ciné 1 et jeudi 21 mars à 17h au Rex 1, dans le cadre du FIFF.
 
 
 
 
 

EL LIMPIADOR - Adrian Saba - Pérou 2012

 
Quel coup de coeur, mais quel coup de coeur! Adrian Saba réinvente le "film de virus" avec une intelligence rare et une finesse incroyable.
 
Eusebio est un homme d'une cinquantaine d'années, qui travaille comme nettoyeur. C'est-à-dire qu'il nettoie tous les endroits où des morts sont retrouvés, scènes de crimes ou d'accident. C'est un homme solitaire, dont le quotidien est fait d'habitudes. Un jour, alors qu'il est en train de nettoyer un appartement où une personne est décédée des suites d'un virus foudroyant qui touche Lima, il découvre, dans un placard, un tout jeune garçon : Joaquin. Eusebio recueille cet enfant chez lui en attendant de trouver un membre de sa famille qui pourrait en prendre soin. Pour la première fois de sa vie, il va devoir s'ouvrir aux autres. Une belle histoire d'amitié, de tendresse.
 
A revoir vendredi 22 mars à 22h15 au Cap'Ciné 5, dans le cadre du FIFF.
 
 
 
 

AS ONE - Moon Hyun-Sung - Corée du Sud 2012

 
 
"En 1991, les deux gouvernements coréens décident de former une équipe nationale féminine unifiée aux championnats du monde de tennis de table qui se sont tenus à Chiba, du 24 avril au 6 mai - insufflant ainsi une vigueur nouvelle aux échanges culturels et sportifs intercoréens, tout en écrivant une nouvelle page de la "diplomatie du ping-pong" qui avait accompagné le réchauffement des relations sino-américaines dans les années 1970. Alors que les deux équipes coréennes n'avaient pas réussi à remporter le titre de champion du monde en concourant séparément, en étant défaites par les Chinoises alors en route pour un neuvième titre consécutif, ce résultat sera enfin obtenu en 1991 par les Sud-Coréennes Hong Cha-ok et Hyun Jung-hwa et les Nord-Coréennes Yu Son-bok et Ri Bun-hui (dont le nom est orthographié Li Bun-hui au Sud). Malgré la rivalité qui opposait les joueuses vedettes Ri Bun-hui et Hyun Jung-hwa, les deux femmes devinrent amies et leur complicité contribua grandement à l'obtention du titre de championnes du monde.
Lorsque la Nord-Coréenne Ri Bun-hui apprit qu'elle concourrait avec sa rivale sud-coréenne Hyun Jung-hwa aux championnats du monde de tennis de table de Chiba dans une équipe coréenne unifiée, la réaction de la future médaillée olympique fut négative. Elle considérait Hyun Jung-hwa comme moins douée techniquement, et les premiers entraînements furent marqués par des accrochages.
Puis les deux championnes apprirent à se connaître et à s'estimer. Contre toute attente, elles devinrent amies intimes."
 
Ce texte, issu du site internet de "l'Association d'amitié franco-coréenne" est le résumé de ce film, qui va bien au-delà du simple film de sport. Ou comment des êtres humains réussissent à s'entendre, s'apprécier, à se lier d'amitié, là où des gouvernements sont incapables ne serait-ce que d'entrer en discussion. Les évènements de ces derniers jours nous le confirment une fois de plus, l'entente entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ne tient qu'à un cheveu.
 
A revoir vendredi 22 mars à 12h15 au Rex 3, dans le cadre du FIFF.

 
 
 

DIAS DE PESCA - Carlos Sorin - Argentine 2012

 
Marco Tucci, la cinquantaine, décide de s'offrir un break. Il décide donc de partir, seul, en Patagonie pour pêcher le requin. Son périple l'amène a faire de bien belles rencontres, et plus particulièrement à retrouver sa fille qu'il n'avait pas vu et avec qui le contact avait été rompu pendant de nombreuses années. La rencontre avec Ana ne se passe pas forcément comme ce tout jeune grand-père l'aurait souhaité. Cependant, un évènement inattendu va lui confirmer que malgré tout ce qui s'est passé, le lien qui le lie à sa fille n'est pas totalement rompu.
 
Merci à Carlos Sorin pour ce très beau film d'une très belle humanité. On rit, on pleure et on a qu'une seule envie, partir à la découverte de la Patagonie. Un vrai voyage. Merci.
 
Malheureusement, plus de projection dans le cadre du FIFF. Pas de sortie suisse prévue pour le moment.
 
 
 
 
 
 

KLIP - Maja Milos - Serbie 2012

 
 
C'est l'histoire de Jasna, une adolescente de 16 ans qui s'ennuie. Elle occupe son temps à se filmer avec ses copines, dans des postures lascives et suggestives. Le rapport à la sexualité est ambivalent. Ces jeune filles sont littéralement obsédées par le sexe : elles parlent fellations, glands, pénis, osent certaines approches saphiques. Le jour où Jasna tombe amoureuse de Djole, un gars très en vue dans son collège, elle en perd la notion de sa propre dignité. Djole se révèle être un manipulateur qui rabaissera sans cesse la jeune fille et l'avilissant notamment dans des jeux sexuels dégradants.
 
La réalisatrice, Maja Milos, appelle un chat, un chat. Les images sont crues, les scènes sexuelles ne sont pas simulées. Le vocabulaire est direct et clair: queue, chatte, baise... En même temps, c'est le vocabulaire de nos ados. Nos ados confrontés toujours plus vite aux images pornographiques qui altèrent la vision de ce qu'est la sexualité, la relation entre un homme et une femme. Ces jeunes hommes, conditionnés par des images qui relèguent la femme à la seule condition d'objet sexuel, en deviennent détestables. Ces jeunes filles qui n'ont plus d'identité propre, mais qui se la fabrique à travers des images de femmes provocatrices, dans les clips musicaux par exemple, se transforment en petites pétasses aguicheuses totalement paumées et inconscientes, non seulement de leur féminité, mais de l'effet que cette dernière peut avoir sur leurs congénères. Mais comme dirait les adeptes de la "Slut Walk" : this is a dress, not a yes.
 
Ce film devrait être diffusé à nos ados, dans les collèges et dans les dernières années de cycles d'orientation, à l'heure ou le bullying est omniprésent. C'est un film brutal, mais nécessaire et indispensable!
 
Ce qui m'a personnellement le plus choquée, ce n'est pas le film et ses images choc, à mon âge on a déjà vu le loup, non, c'est la réaction de certains jeunes adultes présents dans la salle. Leurs rires lors de certaines scènes m'ont interpellée. Et c'est pourquoi, je le répète, ce film devrait être projeté à nos ados pour que ces rires inquiétants cessent.
 
 
Votre Cinécution
 
 
 
 
 
 

mardi 19 mars 2013

FIFF 2013 - Lundi 18 mars 2013

 
Aujourd'hui, dès la fin de la projection du premier film, j'ai su que ma journée allait être éprouvante. En effet, il m'a mis la peau à l'envers. J'étais dès lors à la merci de toutes les émotions qu'allaient me procurer ses petits frères. Et franchement, c'était rock'n'roll. J'ai souvent cherché de l'air, du répit... Aux alentours de 22 heures, alors que cela faisait déjà 10 heures que j'étais dans les salles avec en tout et pour tout, 35 minutes de temps de pause cumulé,  Thierry Jobin me pose sa désormais traditionnelle question: "Qu'as-tu le plus aimé jusqu'à aujourd'hui?". Les larmes me sont montées aux yeux en évoquant certains des films de la journée. Mon gros problème, c'est que je ne pleure pas uniquement quand c'est triste, je pleure également quand c'est beau. Émotive un jour, émotive toujours.

 

 

WATCHTOWER - Pelin Esmer - Turquie 2012

C'est l'histoire de deux solitudes. Nihat a accepté un travail de gardien anti-incendie. Toute la journée, il est seul au sommet de sa tour. On sent l'ennui et la tristesse de cet homme. Une pointe de culpabilité aussi. Il tente tant bien que mal de surpasser le chagrin des décès de son épouse et de son enfant. Seher, quant à elle, est une toute jeune femme, enceinte, qui travaille dans une station-service et qui fait aussi hôtesse dans un car. Elle porte en elle un bien lourd secret.
Que peut-il bien arriver lorsque ces deux solitudes, ces deux chagrins se rencontrent? Et bien cela donne "Watchtower" un film magistral de la réalisatrice turque Pelin Esmer. D'une beauté visuelle époustouflante, d'une intelligence rare, ce film m'a retourné la peau. C'est une histoire simple qui nous est racontée, avec tellement de justesse et sans le moindre chichi, qu'il en devient un incontournable de cette 27ème édition du FIFF.
 
 
A revoir mercredi 20 mars à 20h30 au Rex 1 et vendredi 22 mars à 12h30 au Rex 1, dans le cadre du FIFF.
 
 

 
 
 
 

IN THE NAME OF LOVE - Luu Huynh - Vietnam 2012

 
 
Un film qui commence avec une image très forte: une femme nue, sur une place publique, une pancarte autour des reins, mentionnant qu'elle est une "voleuse de mari". Avec ce premier plan, le ton, l'ambiance du film sont donnés: on va s'en prendre plein la face! Un film niais ou médiocre ne peu décemment pas commencer avec une image d'une telle intensité et d'une telle beauté. Oui, parce que ce film est esthétiquement parlant, irréprochable. C'est superbe!
L'histoire, quant à elle est tragique et s'articule autour de trois personnages. Khanh et Nhung vivent un amour quasi fusionnel. Rien ne peut entacher leur amour. Le jour où il s'avère que Khanh est stérile, Nhung décide de tout faire pour donner un enfant à son mari. Elle couche avec Linh, un pseudo artiste vendeur de tombola, alcoolique et violent au passé trouble. Sa femme et sa fille l'ont quitté brutalement. Il ne supportera pas très longtemps de voir son fils élevé par un autre que lui.
Ce film, à la construction narrative surprenante - utilisation de flashbacks qui se développent petit à petit pour réunir le puzzle - demande 5 à 10 minutes d'adaptation jusqu'à ce que l'on comprenne le procédé. Mais alors, une fois que l'on a compris, on est hypnotisé. Mais tétanisé aussi: le personnage de Linh est absolument ignoble: sa violence est crue, son esprit est malsain, son expression terrifiante. C'est un film oppressant dont on ne ressort pas indemne.
 
Comme une énorme envie de me plonger dans la filmographie de ce réalisateur américano-vietnamien dont c'est ici déjà le 4ème long métrage. "The white silk Dress", sorti en 2006 a reçu le prix du public au Busan International Film Festival. Rien d'étonnant à ce que les sud coréens ait aimé le cinéma de Luu Huynh, c'est un cinéma radical qui ressemble au leur.
 
A revoir mercredi 20 mars à 14h15 au Cap'Ciné 1 et samedi 23 mars à 12h au Cap'Ciné 5, dans le cadre du FIFF.
 
 
 

HERMANO - Marcel Rasquin - Vénézuéla 2010

 
 
 
 
Daniel et Julio ont été élevés ensemble comme deux frère, depuis le jour où Daniel a été découvert, bébé, dans des poubelles du barrio. Ils ont 18 ans, sont surdoués du football, fréquentent des filles, font la fête.  Daniel rêve de devenir une star du foot, quant à Julio, il magouille un peu avec les caïds du quartier et tente d'amener de l'argent à la maison pour nourrir la famille. Un jour, un recruteur d'un prestigieux club de foot frappe à leur porte. Mais c'est sans compter sur le drame qui va toucher cette fratrie particulière...
 
A revoir vendredi 22 mars à 18h au Rex 2, dans le cadre du FIFF.
 

 

 

 
 
 
 
 
 
 

SLEEPLESS NIGHT - Jang Kun-jae - Corée du Sud 2012

 
 
Un mini film d'une toute petite heure qui dépeint le quotidien d'un jeune couple marié depuis 2 ans. Ils se disent que peut-être il serait temps de faire un enfant. Oui, ok, super, mais comment? Faut-il le programmer? Faut-il laisser faire la nature? Mais accueillir un enfant, c'est aussi être certain que la situation financière est stable et que l'on peut dégager du temps pour s'en occuper et l'élever. Comment faire lorsque l'on travaille avec un rythme décalé, inclus les week-end? Le peu de temps que ce couple passe ensemble, c'est la nuit. Ils font des balades en vélo ou de longues promenades, mangent ensemble, font l'amour... Mais dans ces conditions, peut-on vraiment fonder une famille?
 
Ce film présente la banalité du quotidien d'un couple lambda, en y ajoutant quelques touches poétiques, à l'image de ses scènes muettes sublimées par "les variations Goldberg" de Bach.
 
A revoir mardi 19 mars à 17h au Rex 1 et mercredi 20 mars à 12h30 au Cap'Ciné 1, dans le cadre du FIFF.
 
 
 

 

FROM TEHRAN TO LONDON - Mania Akbari - Iran 2012

 
 
 
"One.Two.One", son précédent film, présenté au FIFF l'an passé, m'avait déjà impressionnée par sa liberté de ton. Cette femme, Mania Akbari, peintre devenue cinéaste, n'a, a priori, peur de rien. Sauf que là, une série d'arrestations parmi ses collègues l'ont incitée à s'exiler. Son film, "From Tehran to London" ne se terminera jamais. Brisé dans son élan artistique, dans sa créativité, il dégage cependant une force bouleversante. Un triangle amoureux au sein d'une famille iranienne aisée. Une liberté de ton à nouveau affolante : amours saphiques, rapports de forces entre une épouse et son mari, adultère. Tout n'est que suggestion, discussions, avec cette force que Mania Akbari seule sait mettre dans ses images. Un film qui, par ses diverses thématiques, pourrait déjà soulever certains émois parmi la population occidentale, alors imaginez en Iran. Je ne le dirai jamais assez, je suis fan du cinéma de cette femme. Mais vraiment. Et je suis bouleversée à chaque fois.
 
 
 
 
Malheureusement, aujourd'hui, c'était la dernière projection dans le cadre du FIFF.
 

 

 

JUEGO DE NINOS - Makinov - Mexique 2012

Remake d'un film culte des années 70 "Les Révoltés de l'an 2000" de Narciso Serrador.
 
Un couple de touristes débarque sur une charmante île mexicaine. Madame est enceinte jusqu'au cou, le climat est clément, le couple roucoule. Mais quelque chose attire leur attention sur cette île: elle semblent dépourvue d'adultes. Seuls des enfants sont là. Ils ne sont pas très loquaces... mais où sont leurs parents, et tous les autres adultes? Les cafés sont vides, de même que les maisons, les hôtels et les supermarchés...
 
Tout le film est saturé, images comme sons, les blancs pètent littéralement l'écran, mais ce blanc virginal va très rapidement virer au rouge sang, pour nous faire faire les pires cauchemars. "Qui peut tuer un enfant?", c'est la question que pose le film. Remake très fidèle à l'original, avec cependant sa touche "2012" c'est-à-dire avec les moyens de cinéma actuels. Plus terrifiant et gore que l'original.
 
Makinov, pourrait être un peu le Daft Punk des réalisateurs de films d'horreur, comme l'écrit Colin Gedds, programmateur du Toronto International Film Festival. Makinov serait né en Biélorussie. Il serait parti faire ses études au Mexique et aurait tourné deux documentaires sur le chamanisme. Il estime qu'en punissant son ego, donc en refusant de dévoiler sa véritable identité, il peut diriger sa propre sagesse et faire un avec le néant. Voilà, voilà... moi je dis qu'il faut arrêter la drogue!
 
Makinov a dissimulé son visage à toute son équipe, acteurs, techniciens, tout le monde. Certains, dont Thierry Jobin, pensent qu'il pourrait s'agir d'un réalisateur américain, éventuellement John Carpenter. Pour le moment, le mystère reste entier.
 
 
 
Votre Cinécution
 
 
 

lundi 18 mars 2013

FIFF 2013 - dimanche 17 mars 2013

Quelle journée, mais quelle journée! Je suis allée d'un éclat de rire à un autre, pour finir en apothéose un verre de "Beauregard" à la main et le plus grand fou rire de ces 2 dernières semaines grâce à mon ami "S". Mon ami "S" est un grand cinéphile fribourgeois avec lequel régulièrement nous échangeons, souvent avec passion et pertinence, cela va de soi (merci de faire preuve de 2ème voire de 3ème degré...). Donc, mon ami "S", visiblement en pleine forme et en pleine possession de ses moyens, dans le cadre d'une discussion sur les westerns (moment nostalgique à se remémorer les films vus l'an passé dans la section CINEMA DE GENRE consacrée aux dits westerns), me sort la phrase la plus hautement philosophique de l'année, que même Nietzche ne saurait renier : Dans chaque bon western, il y a un "übermensch" . Et le voilà de me parler de Clint Eastwood, James Coburn, et même Yul Brynner qui a eu, selon lui, son moment de "übermenschitude" dans " Les sept Mercenaires". Des héros tannés, indestructibles, que rien n'arrête et qui n'ont peur de rien. C'est pourquoi, toujours selon mon ami "S", John Wayne, on n'y croit pas. Et sinon, aujourd'hui, j'ai vu des films ouzbeks, mais pas que.
 
 
 



Roya est une jeune femme dans la vingtaine, elle est célibataire et partage une chambre dans un centre d'accueil avec trois autres jeunes femmes. Surendettée, elle est mise sous pression par ses créanciers et essaie de trouver des solutions pour obtenir de l'argent. Une opportunité s'offre à elle, celle de rentrer dans un système proche du "jeu de l'avion", mais il faut un investissement de départ, lequel lui fait défaut. Elle tente de jongler avec ses différents crédits... Se dépatouiller en tant que femme dans une société phallocrate n'est pas chose aisée. S'ajoutent à ça une grossesse non désirée et une santé fragile, Roya doit prendre des décisions bien difficiles.
 
"It's a Dream" est un film qui a été montré pour la toute première fois en fin d'année passée au Festival des 3 Continents de Nantes. Je l'ai déjà dit sur ce blog, et je le répète, ce cinéma iranien possède une force impressionnante. Et lorsqu'il s'inspire d'un autre cinéma, féroce, celui de Cristian Mungiu, cela donne naissance à de petits bijoux comme "It's a Dream".
 
A revoir lundi 18 mars à 16h45 au Cap'Ciné 5 et le samedi 23 mars à 14h15 au Rex 3, dans le cadre d FIFF.
 
 

A BRAND NEW LIFE - Ounie Lecomte - Corée du sud 2009

 
 
Seoul, 1975. Jin-hee a 9 ans et passe tout son temps avec son papa. Elle se colle à lui lorsqu'ils se promènent en bicyclette. Son papa, c'est sa seule famille. Jusqu'au jour où ce dernier l'abandonne dans un orphelinat catholique. La fillette découvre la tristesse, la solitude. Les premiers temps à l'orphelinat sont durs : elle refuse de manger, a des envies de fuite et espère que son papa reviendra la chercher. Mais il n'en est rien. Se nouent alors des amitiés avec d'autres fillettes de l'orphelinat, des promesses de "partir ensemble" comme soeurs dans une même famille donne de l'espoir et consolent quelque peu. Tout cela est sans cesse brisé par le départ de certaines. La petite Jin-hee s'accroche jusqu'au jour où la promesse d'une vie meilleure, ailleurs, la séparera à jamais de ses camarades.
 
Filmé à hauteur d'enfant, "A brand new Life" touche profondément. On ne peut pas rester insensible à la performance de la petite Kim Sae-Ron qui à chaque fois qu'elle  pleure, nous déchire le coeur.
 
Ce film est également largement inspiré par la vie de la réalisatrice, Ounie Lecomte, qui est née à Séoul en 1966 et qui a été adoptée par une famille française alors qu'elle avait 9 ans.
 
A revoir mardi 19 mars à 12h15 au Rex 1, dans le cadre du FIFF.

 

THE YURT - Ayub Shahobiddinov - Ouzbékistan 2007

 
Autant vous dire que jusqu'à aujourd'hui 16h30, je ne connaissais rien, mais alors rien du tout du cinéma ouzbek. Et j'avoue ne pas avoir été particulièrement touchée. J'ai certes rigolé de bon coeur à 2-3 reprises, certaines situations étant cocasses, mais voilà, en gros, ce film m'a laissée indifférente. Ça arrive, et en soi, ce n'est pas très grave.
 
L'histoire est toute simple : un père et son fils vivent isolés dans la montagne. Ils élèvent des chèvres et des moutons. Le fils a des envies d'ailleurs, des envies de modernité. Ainsi, la télévision fait son apparition dans la yourte et hypnotise le jeune homme qui désormais ne fera rien d'autre de ses journée qu'être scotché devant le petit écran. Ébranlé par un échec amoureux, mis face à face avec sa lâcheté, il décide de partir s'enrôler dans l'armée. La vie des deux hommes en sera inévitablement chamboulée.
 
A revoir lundi 18 mars à 15h15 au Cap'Ciné 6, dans le cadre du FIFF.
 

 

 

ROAD UNDER THE SKIES - Kamara Kamalova - Ouzbékistan 2005

 
 
Ce film est un poème. Il raconte, de manière hautement symbolique et imagée, la naissance de l'amour entre un homme et une femme. Très peu de dialogues, l'homme et la femme échangent principalement en chantant. De très belles images, comme cette ombre de main de femme qui caresse le dos de son amoureux... superbe. Navigant entre rêveries et réalité, "Road under the Skies" m'a totalement embarquée. Truffé de symboles universels comme le jardin d'Eden, la pomme et le serpent, la tentation, et d'autres symboles propres à la culture ouzbèke et dont la force m'a certainement échappée, mais que j'ai interprétés à ma façon, ce film est un bonheur pour celui qui a le courage de s'y abandonner. Pas toujours facile pour certains d'accepter de s'abandonner à un film et de laisser son esprit être happé. Essayez, ça vaut la peine quelques fois.
 
La réalisatrice, Kamara Kamalova, était présente à la projection. Un tout petit bout de femme, membre du Jury international, plein de délicatesse. Je me réjouis de voir ce que la sensibilité toute particulière de cette femme va apporter au Jury.
 
Le 21 mars, jour du printemps Navrouz, ce film est diffusé plusieurs fois par jour en Ouzbékistan. C'est le début des travaux aux champs. Cependant, depuis l'indépendance, en 1991, la célébration de Navrouz a acquis une nouvelle envergure, une  nouvelle profondeur. C'est devenu la fête nationale de l'amitié, de l'union, de la fraternité de tous les peuples. Finalement "Road under the Skies" est une histoire d'amour universelle.
 
 
 
Malheureusement, suite à un méli-mélo de bobines, "Road under the Skies" a débuté avec presque 45 minutes de retard, ce qui fait que j'ai raté "After the Curfew" que je devais voir à 20h30. Et, un repas chaud, un verre de vin rouge et une discussion sur les westerns plus tard, j'ai aussi raté le début d' "Abdullajon"... mais un festival, c'est aussi un lieu de rencontres, d'échanges, n'est-ce pas? Donc, j'ai échangé et j'ai rencontré.
 
Bonne nuit et à demain!
 
Votre Cinécution